Cannes 2016 : les films les plus attendus de la compétition officielle
Plus que quelques heures avant l'ouverture du Festival de Cannes 2016. Cette année, 21 films ont été sélectionnés pour la compétition officielle. Mais au vu de l’éclectisme de cette liste, bien malin qui peut prédire le successeur de Dheepan de Jacques Audiard, Palme d’or l’an dernier.
C’est une petite tour de Babel cinématographique que propose le festival. Du cinéma roumain, brésilien, sud-coréen, américain, britannique, canadien ou espagnol. Et du cinéma français. Beaucoup de cinéma français. Quatre films plus exactement.
Pas de trop après les vives critiques sur le manque de représentation l’an dernier, que le festival avait balayé d’un revers de main en couronnant "Dheepan" donc, mais aussi Lindon pour son interprétation dans la saisissante "Loi du marché" de Stéphane Brizé et Emmanuelle Bercot qui partageait le prix d’interprétation féminine avec Rooney Mara, flamboyante dans le "Carol" de Todd Haynes, pour son rôle dans "Mon Roi" de Maïwenn.
"Personal Shopper", Olivier Assayas
Pour cette édition 2016, le film français le plus attendu est assurément le "Personal Shopper" d’Olivier Assayas, qui revient à Cannes deux ans après le magnifique "Sils Maria" avec Juliette Binoche et déjà Kristen Stewart, présentée par les organisateurs comme "la nouvelle reine" de la croisette. Elle partagera cette fois l’affiche avec Sigrid Bouaziz et Lars Eidinger.
Nous avions quitté le réalisateur en état de grâce en 2014. Il nous livrait une ode sublime au cinéma, à l’amour, aux actrices. Revoilà cette fois ce cinéaste qui aime à se réinventer pour une œuvre d’un tout autre genre. Un thriller étrange dans lequel Maureen, jeune américaine vivant à Paris et s’occupant de la garde-robe d’une célébrité tente de communiquer avec l’esprit de son défunt frère. Et Assayas de verser largement dans le fantastique, le symbolique.
"The Neon Demon", Nicolas Winding Refn
Des thèmes chers au réalisateur danois Nicolas Winding Refn. Qui ne se souvient pas de son presque métaphysique "Bronson" avec un Tom Hardy, en incarnation fascinante de l’ultraviolence ? De sa démentielle triologie "Pusher" et surtout de son taiseux et non moins sublime "Drive" avec Ryan Gosling qui lui avait valu le prix de la mise en scène à Cannes en 2011.
Il vient cette année y présenter "The Neon Demon", avec, à en croire son trailer alléchant, une esthétique et une science du cadrage toujours au centre de ses préoccupations pour un thriller vampirique dans lequel il mettra en scène, pour la première fois, une femme en héroïne.
"Mademoiselle" de Park Chan-wook
Un univers pas si éloigné de celui du cinéaste sud-coréen Park Chan-wook qui, trois ans après son gothique et pervers "Stoker", est présent pour la première fois à Cannes pour une "Mademoiselle" qui semble creuser encore un peu plus le sillon de noirceur qu’aime tant le réalisateur. De ceux qui réinventent un monde, un univers quand d’autres préfèrent le regarder, le contempler et en témoigner par des radiographies sociales souvent acerbes.
"Moi, Daniel Blake", Ken Loach
Vous aurez sans doute compris l’allusion à Ken Loach primé en 2006 pour "Le vent se lève" et présent pour la 13e fois sur la croisette pour nous livrer un énième portrait de laissés-pour-compte avec "Moi, Daniel Blake". L’histoire d’un petit menuisier souffrant de problèmes cardiaques à qui son médecin interdit de travailler mais qui se voit signifier l’obligation d’une recherche d’emploi sous peine de sanction.
"Julieta", Pedro Almodovar
Comment, dans la veine de la satire sociale, ne pas penser à Pedro Almodovar ? L’homme qui aimait les femmes, à rebours jusque là d’un Winding Refn. Le cinéaste espagnol espère, pour sa sixième fois à Cannes décrocher une Palme avec "Julieta" où il reprend, après "Volver", "Tout sur ma mère" ou "Parle avec elle", ses thématiques préférées. Les femmes, la famille.
"Juste la fin du monde", Xavier Dolan
Des thématiques qui font sans doute de Dolan l’un de ses fils spirituels. Avec son cinéma peuplé "de femmes magnifiques, avec une âme, une volonté et une force extraordinaire", comme il le soufflait lui-même en 2014 lorsqu’il recevait des mains de Jane Campion le prix du jury.
Entre le jeune réalisateur et Cannes, c’est un peu une histoire d’amour qui attend d’être consommée. Totalement. Et avec "Juste la fin du monde" où Dolan adapte la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce. Une histoire de famille écrite en 1990, cinq ans avant la mort du dramaturge franc-comtois atteint du sida.
"Loving", Jeff Nichols
Une histoire sublime et dramatique. Comme celle de "The Last Face" de Sean Penn, idylle entre Xavier Bardem et Charlize Theron dans un Liberia ravagée par la guerre civile.
Ou celle des "Loving". Cet amour impossible d’une Noire et d’un Blanc dans l’Amérique de la fin des années 50, alors en pleine ségrégation. Une histoire que Jeff Nichols qui nous surprenait il y a seulement quelques mois avec son tonitruant film de SF, "Midnight Special", a choisi de mettre en scène. Cette époque où naissait aussi le combat pour les droits civiques. Cette époque de lutte. Cette époque d’espoir.
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