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Cannes 2018 : 3 raisons qui font du festival un moment (aussi) politique

Le Festival de Cannes 2018 sera politique. En témoignent les invitations à des figures de la dissidence, comme le cinéaste iranien Jafar Panahi et le Russe Kirill Serebrennikov, mais aussi la programmation de certains films qui évoquent les combattants antijihadistes, Mandela ou le pape François. En réalité, depuis sa création, le Festival n'a cessé d'être une caisse de résonance de l'actualité...
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le réalisateur iranien dissident Jafar Panahi, ici dans son film "Taxi Teheran" (2015).
 (Jafar Panahi Film Productions / Archives du 7eme Art / Photo12)
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Des films au cœur de l'actualité
Depuis sa naissance en 1946, le festival a toujours flirté avec l'actualité et la controverse, d'"Hiroshima mon amour" d'Alain Resnais, écarté de la compétition en 1959 en raison de pressions américaines, à la Palme d'Or de Michael Moore pour "Fahrenheit 9/11" en 2004, critique acerbe de l'administration Bush.

Cannes est même un lieu de polémique comme cette année avec le "Don Quichotte de Terry Gilliam. "Le cinéma accompagne les sensibilités politiques de son temps, et le Festival l'amplifie et tente de jouer un rôle de soutien aux artistes persécutés dans leur pays", estime Jean-Michel Frodon, critique de cinéma. Cette édition 2018 ne fait pas exception à la règle, que ce soit en compétion officielle ou bien hors compétition

Le film français "Les filles du soleil" d'Eva Husson résonne avec l'actualité : l'actrice iranienne Golshifteh Farahani y incarne une combattante kurde luttant contre les jihadistes. "En guerre" de Stéphane Brizé, parle lui aussi de combat. C'est une lutte sociale, celle de salariés prêts à tout pour sauver leur usine en faillite menée par Vincent Lindon. "A Tous Vents", de Michel Toesca, retracera, lu,i la rencontre des habitants et des réfugiés qui arrivent dans la vallée française de la Roya en tentant de passer la frontière italienne. 
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Cannes et les interdits 
"Il ne suffit pas d'être un réalisateur emprisonné pour être sélectionné à Cannes, affirme Jean-Michel Frodon. Mais quand un film est digne de Cannes et que son réalisateur affronte des difficultés dans son pays, un grand festival international est l'endroit pour attirer l'attention sur sa situation personnelle et sur son oeuvre."

Geste politique fort, le patron du festival Thierry Frémaux a affirmé que les autorité françaises allaient demander à Téhéran de laisser le réalisateur Jafar Panahi quitter l'Iran pour venir présenter son film en compétition, "Three Faces". Pas d'exception pour Cannes, le cinéaste iranien restera assigné à résidence. Récompensé par la Caméra d'Or en 1995 pour "Le Ballon Blanc", retenu à la tristement célèbre prison d'Evin alors qu'il était invité à faire partie du jury de Cannes en 2010, Panahi est interdit de tournage dans son pays et de voyager.

La même invitation a été adressée au metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence à Moscou depuis l'été dernier pour une affaire de détournements de fonds publics que beaucoup dénoncent comme politisée en raison du ton critique de son travail. Cependant, Cannes devra se passer du réalisateur : son assignation a été repoussée jusqu'au 19 juillet 2018. Le producteur de son film "Leto" s'est tout de même félicité de la sélection du film en compétition, estimant qu'il s'agit d'une "victoire pour le cinéma russe". Lors de cette 71e édition, l'un des films présentés (hors compétition) est lui-même interdit de diffusion dans le pays de son réalisateur : "Les âmes mortes" du cinéaste chinois Wang Bing.
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Cannes, mémoire politique 
Le maître allemand du cinéma Wim Wenders présente hors compétition un documentaire sur le pape François (Le Pape François, un homme de parole). Et alors que Nelson Mandela aurait eu 100 ans cette année, un documentaire, "The State Against Mandela and The Others", réunira des images d'archives et des témoignages d'anciens compagnons de cellule du héros anti-apartheid.

Cinquante ans après Mai 68, le cinéaste français Romain Goupil et l'ex-député européen Daniel Cohn-Bendit, figure majeure du mouvement de mai du Quartier Latin, s'associent pour "La Traversée" : un documentaire éminemment politique avec en guest star pendant un court instant, l'actuel président français Emmanuel Macron. "On ne parlera pas de mai 68, mais de la France d'aujourd'hui', explique Daniel Cohn-Bendit. 

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