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Cannes 2018 : "Burning", thriller passionnel contemplatif du coréen Lee Chang-dong

Après "Poetry" (2010) et "Secret Sunshine" (2007), le Sud-Coréen Lee Chang-dong revient pour la troisième fois en compétition avec "Burning". Il adapte "Les Granges brûlées" d’Haruki Murakami. Un film qui délaisse sa thématique familiale au profit d’un thriller sentimental, d’où la critique est sortie partagée. Ennuyeux pour les uns, Palme pour les autres.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
"Burning" de Lee Chang-dong
 (Diaphana distribution)

Sentiments et classes sociales

Le Festival de Cannes reste fidèle au cinéma sud-coréen qu’il a largement contribué à faire connaître, révélant sa contribution au cinéma mondial, tant dans le film de genre que d’auteur. Lee Chang-dong appartient à cette deuxième catégorie, avec "Poetry", sur une mère découvrant la poésie, et "Secret Sunshine" sur une femme touchée par le deuil. Le cinéaste s’en échappe avec "Burning", un film de genre, tout en restant fidèle à l’exploration des sentiments, ici amoureux, passionnels et pervers.
Jongsu, un jeune coursier, rencontre Haemi, une jeune femme qui habitait son quartier dans sa jeunesse. Ils s’aiment mais elle part aussitôt en Afrique. À son retour, Haemi lui présente Ben, un riche garçon, avec lequel elle semble avoir une liaison. Amoureux, Jongsu ronge son frein, jusqu’au jour où Haemi ne donne plus de nouvelles… Si le sentiment amoureux, la jalousie, la rivalité dominent le film, la différence de classes est là en filigrane. Ben relève de la plus haute société coréenne, alors que Jongsu et Haemi rament pour trouver des petits boulots.
Jeon Jong-seo dans "Burning" de Lee Chang-dong
 (Diaphana distribution)

Temporalité

En présentant Jongsu et Haemi à ses amis nantis, Ben semble les exposer comme des animaux de foire. Il s’amuse d’eux tel des attractions, et son petit cercle avec lui, feignant une généreuse bienveillance. Quand il leur confie que son passe-temps favori est d’incendier des serres vides, sa perversité se fait jour. C’est suite à cette révélation que Haemi disparaît de la circulation, Jongsu cherche à retrouver sa trace en pistant Ben…
"Burning" de Lee Chang-Dong
 ( 2018 PinehouseFilm )
Si l’intrigue soutient l’attention, Lee Chang-dong la surdéveloppe dans son traitement. Il multiplie des longs plans fixes et plans séquences pas toujours justifiés. On sait la temporalité asiatique plus contemplative que dans le cinéma occidental, mais le Coréen pousse le bouchon un peu trop loin. Il traduit toutefois fort bien le mystère de cette disparition qui hante le film, faisant progresser l’enquête de Jongsu par petites touches. Malgré sa belle écriture, sans complaisance, sa mise en images efficace, Lee Chang-dong étire trop son propos, nous laissant un peu au bord de la route.
"Burning" : l'affiche
 (Diaphana distribution)

LA FICHE

Genre : Thriller / Drame
Réalisateur : Lee Chang-Dong   
Pays : Corée-du-Sud
Acteurs : Yoo Ah-In, Steven Yeun, Jeon Jong-seo 
Durée : 2h28
Sortie : prochainement

Synopsis : Lors d'une livraison, Jongsu, un jeune coursier, tombe par hasard sur Haemi, une jeune fille qui habitait auparavant son quartier. Elle lui demande de s’occuper de son chat pendant un voyage en Afrique. À son retour, Haemi lui présente Ben, un garçon mystérieux qu’elle a rencontré là-bas. Un jour, Ben leur révèle un bien étrange passe-temps…

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