Cannes 2018 : Rafiki ou l'histoire d'un amour interdit au Kenya
C'est la première fois qu'un film kenyan est présenté à Cannes, festival connu pour promouvoir des œuvres politiques et militantes. "Rafiki", réalisé par la cinéaste de 38 ans Wanuri Kahiu, n'échappe pas à cette catégorie.
Le film a été interdit de diffusion au Kenya au motif qu'il "promeut le lesbianisme", selon les dires des autorités du pays. L'homosexualité demeure un sujet tabou au Kenya. En 2015, le vice-président Willima Ruto avait déclaré : "Nous ne tolérerons pas l’homosexualité dans notre société, car cela viole nos croyances religieuses et culturelles. Il n'y a pas de place pour l’homosexualité dans ce pays. Cela, je peux vous l’assurer."
Reportage : V. Smadja / E. Felix / E. Malet
"Rafiki" ("ami" en kiswahili) relate l'histoire d'amour entre deux femmes appartenant à des camps politiques opposés, dans un pays où "les filles bien deviennent de bonnes épouses" et où l'homosexualité est illégale. "Nous pensons que les adultes kenyans sont assez matures et clairvoyants (...) mais leurs droits ont été niés", a réagi la réalisatrice après cette interdiction. Le film traite du sujet avec beaucoup de pudeur. À l'écran, aucune nudité ni scènes de sexe, ce qui n'a pas empêché son interdiction de diffusion.
Un tournage compliqué
Le tournage s'est également révélé compliqué dans la mesure où la grande majorité de l'équipe technique n'était pas au courant de la relation amoureuse entre les deux protagonistes. Les scènes intimes ont été tournées avec un effectif réduit pour éviter d'ébruiter le thème du film et d'ainsi compromettre son tournage.
Les actrices principales, qui ont monté les marches mercredi 9 mai, ont exprimé leur joie face à la couverture médiatique mondiale du film. Suite à la sortie des premiers extraits, elles ont reçu de nombreux messages de remerciements de la part de jeunes kenyans, moins effrayés d'aborder le sujet de leur homosexualité.
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