Ce qu'Alfred Hitchcock doit à la France
Ce qu'un réalisateur doit à un autre réalisateur. En l'occurrence, ce qu'Hitchcock doit à Truffaut et, inversement, ce que Truffaut doit à Hitchcock. Grand admirateur du cinéaste britannique comme l'ensemble de la rédaction des "Cahiers du Cinéma" où il avait commencé sa carrière en tant que critique, le réalisateur de la Nouvelle vague avait entrepris au début des années 60 d'écrire "Le" livre consacré à sir Alfred. Le réalisateur des "400 coups" mettra cinq ans à mener à bien ce qui reste l'ouvrage de référence sur le maître du suspense et le théorisateur de l'effet "MacGuffin". François Truffaut avait d'ailleurs surnommé son livre "The hitch book".
Aimant particulièrement la France et singulièrement sa capitale, Alfred Hitchcock y a tourné seulement deux de ses films, "La main au collet" (1955) avec Cary Grant et Grace Kelly et "L'étau" (1969) avec Philippe Noiret. Mais tout comme elle le fut plus tard pour Woody Allen, la France a été pour Alfred Hitchcock l'un des plus importants piliers de sa notoriété. Il avait accepté de longuement répondre aux questions de François Truffaut, et le récit de ces rencontres compose l'essentiel de son livre.
Reportage : C. Azzopardi / Y. Bodin / N. Berthier / M. Savineau / S. Langlais / P. Aziza /J.-M. Peiroux
Disparu en 1980 à l'âge de 80 ans, sir Alfred Hitchcock a réalisé 53 longs métrages, dont des remakes de ses propres premiers films. Le réputé maître britannique du suspense, réalisateur, scénariste mais aussi producteur, reste l'un des cinéastes les plus reconnaissables. Physiquement, bien sûr, sa rondeur et son air détaché de tout y ont contribué, mais surtout de manière stylistique. On peut en effet regarder n'importe quelle scène de l'un de ses films pris au hasard et en identifier immédiatement l'auteur.
Je filme les scènes de meurtres comme des scènes d'amour, et les scènes d'amour comme des scènes de meurtres...
Sir Alfred Hitchcock
Sa carrière se divise en périodes britannique et américaine (il obtiendra d'ailleurs la nationalité américaine en 1955, sans perdre celle de ses origines). Il signe des chefs-d'oeuvres dont les scénarios se révèlent la plupart du temps d'une grande virtuosité.
Comme dans "Le faux coupable" en 1956, avec Henry Fonda, il conte souvent l'histoire d'un personnage sans rien de particulier pris dans une histoire mystérieuse qui le dépasse. Il est devenu le maître du "MacGuffin". Cet élément, qui peut être un objet, un secret ou tout autre artifice scénaristique, contient à la fois le mystère et sa solution. C'est autour de lui que s'articule tout le récit et ses rebondissements. Cet effet de style est aussi célèbre que les fameux caméos d'Hitchcock, ces apparitions qu'il faisait dans tous ses films et que le public a appris, au fil des années à tenter d'apercevoir. Le sommet en reste celle qu'il parvient à mettre en place dans "Lifeboat" dont l'action se déroule du début à la fin sur un canot de sauvetage.
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