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Ces acteurs dont Jacques Audiard a changé la carrière

Jacques Audiard, réalisateur de "Un prophète" et de "De rouille et d'os", entre aujourd'hui en lice pour la Palme d'or avec "Dheepan". Dans les rôles-titres de ce long-métrage sur fond d'exil, deux parfaits inconnus. Pas étonnant quand on sait que plusieurs grands acteurs sont sortis de l'ombre en tournant avec le cinéaste au feutre.
Article rédigé par franceinfo
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Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan et Claudine Vinasithamby, acteurs de "Dheepan", devant les photographes avec Jacques Audiard
 (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY)

Vous ne connaissez ni Antonythasan Jesuthasan ni Kalieaswari Srinivasan ? Rassurez-vous, personne ne vous en veut. Car personne n'avait entendu leur nom avant que le maître Jacques Audiard ne confie les clés de son dernier film "Dheepan" à ces deux comédiens non professionnels tamouls. Qui sait, peut-être une fois les projecteurs du Festival éteints se verront-ils offrir d'autre rôles ? Ce serait beau mais pas exceptionnel. Acteur débutant ou relativement confidentiel, quand on a été dirigé par Monsieur Jacques, on a des chances de recevoir ensuite quelques scénarios à la maison. C'est ce qui est arrivé à...

Emmanuelle Devos 

Emmanuelle Devos a tourné à deux reprises avec Jacques Audiard
 (CITIZENSIDE/GWELTAZ EOUZAN / CITIZENSIDE.COM)

Qu'on se le dise, Emmanuelle Devos n'est pas vraiment une inconnue lorsqu'elle croise la route de Jacques Audiard. Entamée en 1986 avec "On a volé Charlie Spencer", la carrière d'Emmanuelle Devos est d'abord jalonée de trois collaborations avec Arnaud Deplechin ("La vie des morts", "La sentinelle", "Comment je me suis disputée...ma vie sexuelle") avant d'obtenir en 2001 le rôle de Carla dans "Sur mes lèvres". Ce troisième film de Jacques Audiard (inscrit une filmographique qui n'en compte que sept) lui permet, en interprétant une jeune femme sourde à la vie ordinaire, de donner la réplique à Vincent cassel, et surtout, d'atteindre une notoriété auprès du public français en gagnant le César de la meilleure actrice 2002. Emmanuelle Devos tournera notamment par la suite avec Alain Resnais, Amos Gitai ou encore Audiard lui-même ("De battre mon coeur s'est arrêté" en 2005). 

Tahar Rahim

Tahar Rahim revient à Cannes avec Adèle Exarchopoulos pour le film "Les anarchistes"d'Elie Wajeman
 (LOIC VENANCE / AFP)

Lorsqu'il fait la rencontre de Jacques Audiard, à l'arrière d'une voiture pendant le tournage de la série "La commune" (2007-2008), Tahar Rahim est très loin d'imaginer qu'elle sera déterminante. Diplôme de cinéma en poche et modeste participation à un film d'horreur sur le CV, il n'a encore jamais tenu le haut de l'affiche. Séduit par les "prototypes masculins un peu juvéniles", Jacques Audiard, qui prépare un film sur le monde carcéral, fait le choix de la jeunesse après avoir dirigés des acteurs confirmés (Duris, Kassovitz, Cassel). Tahar Rahim obtient le rôle principal (Malik El Djeben) du fameux "Un prophète". Un rôle qui va propulser sa carrière après lui avoir fait remporter sept récompenses individuelles : Prix du cinéma européen du meilleur acteur, Globe de cristal du meilleur acteur, César du meilleur espoir masculin, César du meilleur acteur, Prix lumière du meilleur acteur, Étoile d'or de la presse du cinéma français, Prix Patrick Dewaere. Nom désormais incontournable du cinéma français, Tahar Rahim a tourné depuis 2009 une quinzaine de films dont "Or noire" de Jean-Jacques Annaud, "Le passé" d'Asghar Farhadi ou dernièrement "Les anarchistes" d'Elie Wajeman, présenté en ouverture à la Semaine de la critique cette année à Cannes. 

 
Reda Kateb 

Reda Kateb chauffeur de taxi dans le très photographique "Lost River" de Ryan Gosling
 (BOLD FILMS / MARC PLATT PRODUCTI / COLLECTION CHRISTOPHEL)

Comme son ami Tahar Rahim, Reda Kateb, qui vient du théâtre, n'a tenu qu'un rôle dans une série ("Engrenages") avant de faire le grand saut avec Jacques Audiard. Second rôle remarqué, celui de Jordi le gitan, dans "Un Prophète", Reda Kateb va par la suite enchaîner les performances en France mais aussi à l'étranger. 2013 et 2014 sont particulièrement prolifiques et lui permettent de montrer un peu plus encore ses talents. Il est, entre autres, prisonnier de guerre dans "Zero Dark Thirty" de l'Américaine Kathryn Bigelow, médecin étranger dans "Hippocrate" de Thomas Lilti (pour lequel il remporte le César du meilleur acteur dans un second rôle), paysan au côté de Viggo Mortensen dans "Loin des hommes" de David Oelhoffen. Lauréat du Prix Patrick Dewaere en 2015, on l'a aussi vu dans les premier film réalisé par Ryan Gosling, "Lost River". Une trajectoire fulgurante là encore, et qui n'a pas l'air d'être prête à s'arrêter. 

Matthias Schoenaerts

Matthias Schoenaerts, acteur du film "De rouille et d'os"
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Certains diront que c'est le Belge Michael R. Roskam qui a révélé Matthias Schoenaerts dans le très fort "Bullhead" (2012), et ils n'auront pas tord. Pour son premier grand rôle dans la peau d'un éléveur bovin flamand dopé aux hormones, le trentenaire avait effectivement mis la barre haute. Mais c'est véritablement avec "De rouille et d'os", réalisé par Jacques Audiard en 2012, que Matthias Schoenaerts confirme qu'il est un grand acteur, et pas qu'aux yeux du public hexagonal. Celui qui avait multiplié les cours métrages entre 2002 et 2012 a d'ailleurs remporté le César du meilleur espoir masculin pour son rôle de boxeur pommé qui croise le chemin d'une dresseuse d'orques (Marion Cotillard). L'acteur est en train de se construire une belle carrière à l'étranger, ayant tourné depuis avec le Danois Thomas Vinterbeg ("Loin de la foule déchaînée"), l'italien Luca Guadagnino ("A Bigger Splash") ou encore le britannique Alan Rickman ("Les jardins du roi").

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