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Ces baisers qui ont marqué l'histoire du cinéma

A l'occasion de la journée internationale du baiser, du bisou, du bécot, Culturebox revient sur ceux qui ont contribué à la légende de leurs films.
Article rédigé par franceinfo
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Le baiser d'anthologie entre Steve McQueen et Faye Dunaway dans "L'affaire Thomas Crown", 1968
 (KOBAL / THE PICTURE DESK / AFP)

80 millions de bactéries échangées pour dix secondes de baiser. Pas sûr que James Stewart ait eu cette "stat" en tête au moment où s'approchait lentement de lui le visage de Grace Kelly, lèvres rouges de désir et regard brûlant, sur le tournage de "Fenêtre sur cour". Peu importe. La caméra d'Hitchcock était là pour capturer à jamais la beauté éphémère des lignes qui s'embrassent, livrer aux spectateurs de 1954 et d'après l'un des grands baisers de l'histoire du cinéma. Sans doute existe-t-il autant de baisers à l'écran que de films tournés. Ce qu'il y a de réjouissant à le croire, c'est que chacun, en cherchant quelque part dans sa mémoire, peut invoquer un baiser différent. Marquant, gênant, (souvent) attendu, comique, le baiser cinématographique accompagne parfois le souvenir que l'on garde d'un film vu dans le noir ou devant son ordinateur, d'une scène dont on a pensé qu'elle était géniale, touchante, ridicule, voire insipide.

Le plus romantique des baisers de film se trouvera pour beaucoup au bout d'un spaghetti, partagé par les deux chiens vedettes de "La belle et le clochard" (1955). Pour d'autres, rien ne vaut le baiser passionné entre Burt Lancaster et Deborah Kerr, enlacés sur le sable et ignorant la marée montante  dans "Tant qu'il y aura des hommes" (1954). Pour ceux qui sont rentrés au collège au début de l'année 2000, impossible de ne pas se souvenir du baiser sous la pluie et à l'envers dans "Spider-man" (Sam Raimi, 2002), ou encore celui échangé à l'abri des regards par Jake Gyllenhaal et Heath Ledger dans "Le Secret de Brokeback Mountain" (Ang Lee, 2005)… Bref, les exemples ne manquent pas. Voici notre sélection.

"The Kiss", premier baiser de l'histoire du cinéma (1896)

Vous vous êtes peut-être un jour demandé comment vos arrière-arrière-arrière-grands-parents draguaient à leur époque. La réponse se trouve dans "The Kiss", un court-métrage de moins d'une minute en noir et blanc, tourné en 1896 (soit un an après l'invention du septième art), et que tout le monde aurait oublié s'il ne s'agissait pas du premier baiser de cinéma. Comme l'indique son titre, le sujet du film n'est autre que le baiser lui-même, échangé par John C. Rice et May Irvin. Entre les deux comédiens, ça badine gentiment, ça fait du gringue, jusqu'au moment où, ni une ni deux, l'homme se redresse, se frise les moustaches (les mêmes que celles de Dustin Hoffman dans "Hook") et embrasse à pleine bouche les lèvres de sa copine. Ce geste impudique  provoque un énorme scandale aux Etats-Unis. Le film est censuré et son réalisateur, William Heise, se retrouve sous le feu des critiques. Une campagne contre le baiser sur la bouche est même lancée !


"Le quai des brumes", de Marcel Carné (1938)

"Je respire. Je suis vivante. Ça doit être comme ça quand on est heureux", confie Michèle Morgan au beau Jean Gabin. Elle est adossée contre le mur d'une ruelle déserte. Lui se marre presque, avant de lancer cette réplique devenue culte et que même les jeunes de 20 ans peuvent connaître : "T'as de beaux yeux, tu sais". S'en suit un baiser puissant et passionné. Michèle Morgan aura plusieurs fois l'occasion de revenir sur cette scène très connue, indiquant qu'elle était alors très impressionnée par Gabin (ce dernier a tourné "Gueule d'amour" et "La Grande illusion" l'année précédente). Outre la peur, l'actrice a raconté qu'elle ne supportait pas d'entendre son partenaire de scène émettre à haute voix des doutes sur sa capacité à embrasser. Faut dire qu'à dix-huit ans, on est encore dans la phase "work in progress". 


Baiser manège dans "L'affaire Thomas Crown" (1968)

C'est "La" scène du film. Thomas Crown (Steve McQueen), milliardaire reconverti en braqueur de banque, se retrouve à jouer aux échecs avec la sublime Vicky Anderson (Faye Dunaway). Les blancs contre les noirs. Sur la musique de Michel Legrand (oscar de la meilleure bande originale), les gros plans de mains, d'yeux, de bouche s'enchaînent, offrant au spectateur la sensation d'être le témoin indiscret d'un jeu sensuel dont il ne rate pas une miette, la caméra omnisciente du réalisateur (Norman Jewison) allant se balader jusque sous la table. La tension sexuelle monte d'un cran tandis que le feu de cheminée crépite en arrière-plan. La partie se solde par une mise en échec de Vicky. Thomas Crown, silencieux, se lève. Il attrape son adversaire du jour par le bras et l'embrasse. Le couple se retrouve encerclé par la caméra qui tourbillonne autour d'eux. Les formes et les couleurs se fondent dans un flou progressif. Un moment de cinéma d'une vraie intensité, scène-pivot d'un des meilleurs films de Steve McQueen.


"Cinema Paradiso", hommage aux baisers filmés (1988)

Mise en abîme. C'est le maître mot de la scène finale de "Cinema Paradiso", réalisé par l'Italien Giuseppe Tornatore. On y retrouve Salvatore (Jacques Perrin) dont on vient de découvrir l'enfance, partagée entre l'église et la salle de cinéma paroissiale où Alfredo (Philippe Noiret), projectionniste, lui a transmis avec tendresse sa passion du septième art. Cinquante ans plus tard, Salvatore est devenu l'un des cinéastes romains les plus en vogues. Il vient d'apprendre la mort de son ancien mentor et ami. Mais ce dernier lui a laissé un cadeau : un petit film collectant toutes les scènes d'amour contenues dans les longs-métrages de son enfance, à l'époque censurées par le curé du village. C'est avec une grande émotion que le personnage de Salvatore découvre pour la première fois ces bouts de pellicules projetés où les baisers défilent. Plus que jamais, le baiser est une affaire de cinéma.


"Titanic", le baiser pour briser la glace (1997)

On aurait pu terminer par bien d'autres films. Mais le baiser entre Kate Winslet et Leonardo Di Caprio (alias Jack et Rose) a marqué toute une génération. Au bout du Titanic, les deux amants sont sur le toit du monde. On connaît la suite. Dessin, escapade, sacrifice, onze oscars. Merci James Cameron. 

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