César 2018 : le prix du public, un moyen de "recoller l'académie et le public"
Richard Patry, le président de la Fédération nationale des cinémas français a affirmé samedi sur franceinfo que l'académie des César fait "un gros travail pour se rapprocher du public".
Pour la première fois un prix du public a été remis vendredi 2 mars lors de la cérémonie des César 2018, grand-messe annuelle du cinéma français. Ce prix récompense le nombre d'entrées et a été attribué à Dany Boon pour Raid dingue et ses 4,5 millions de tickets vendus. Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a réagi samedi sur franceinfo à l'attribution de ce prix du public.
franceinfo : Raid Dingue a été récompensé aux César mais ne se trouvait dans aucune autre catégorie. Est-ce que cela ne montre pas le fossé entre les choix du public et ceux de l'académie ?
Richard Patry : Non, pas un fossé, tout cela est un problème de votants. L'académie, c'est 4 000 personnes, ce sont surtout des professionnels du cinéma, donc des gens qui voient énormément de films, qui travaillent sur des films, et qui ont des goûts plus "arts et essai". Le public français représentait 209 millions de votants [le nombre de spectateurs en salle en 2017]. Il y a 4,5 millions de personnes qui sont allées voir Raid dingue. Donc c'est vraiment deux choses différentes, mais c'est très bien que l'académie essaye de recoller le public avec l'académie et c'est plutôt une très bonne nouvelle.
N'est-ce pas ironique, en tout cas savoureux, que ce soit Dany Boon qui gagne cette première récompense, lui qui se plaignait qu'il n'y ait pas assez de comédies aux César ?
C'est justement comme cela qu'on va régler le problème, les César c'est l'excellence en matière de cinéma. Donc parfois l'excellence, l'art, est un peu moins populaire. Mais si on regarde la cérémonie de cette année, les deux grands vainqueurs sont 120 battements par minutes et Au revoir là-haut, deux films qui ont rencontré leur public, qui ont fait autour d'un million de spectateurs chacun. Donc il faut voir ce dont on parle. On est aujourd'hui sur des César qui sont de plus en plus larges dans leurs nominations. Mais c'est vrai que la comédie populaire française n'était pas représentée aux César, là c'est une façon de la faire rentrer. Quand on voit ce qui s'est passé cette année avec le film Les Tuches qui a passé la barre des cinq millions de spectateurs, et le nouveau film de Dany Boon, [La Ch'tite famille] et qui commence très bien sur les premiers jours d'exploitation et qui a de grandes chances d'être dans le top trois l'année prochaine, moi je pense que c'est plutôt bien. D'abord on donne la voix au public et c'est important parce que cinéma français vit, d'abord et avant tout, grâce au public qui vient le voir dans les salles. Et cela permet à l'académie de garder son rôle, de trouver ce qu'il y a de mieux.
L'académie a quand même nommé 10 fois Le sens de la fête qui est une comédie. Mais qui est repartie bredouille...
Peut-être, mais d'une certaine façon quand on regarde les nominations de cette année c'était très éclectique. Il y avait des comédies, des films plus pointus, le film Petit paysan. Là on voit que l'académie fait un gros travail pour se rapprocher du public. Le fossé existe toujours, mais il est de moins en moins large.
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