César : "Atterrée par la bêtise" de la cérémonie, Juliette Binoche "comprend" qu'Adèle Haenel ait quitté la salle
Pour Juliette Binoche, la soirée, marquée par le prix décerné à Roman Polanski, était "un one-man-show raté narcissico-ennuyeux" qui n'a plus rien à voir avec le cinéma.
"Par rapport à son histoire, je le comprends tout à fait" : l'actrice Juliette Binoche assure, au micro de franceinfo lundi 2 mars, comprendre parfaitement le geste d'Adèle Haenel. L'actrice, symbole d'un nouvel élan de #MeToo en France depuis qu'elle a accusé en novembre le réalisateur Christophe Ruggia "d'attouchements répétés", a quitté avec fracas la 45e cérémonie des César, vendredi 28 février, après que Roman Polanski a reçu le prix de la meilleure réalisation pour son film J'accuse.
"Qu'est-ce que j'aurais fait, moi, si j'avais été dans la salle ?", se demande Juliette Binoche. "Moi, je serais partie avant parce que c'était insoutenable, c'était tellement ennuyeux et vulgaire. J'étais heureuse de ne pas y être", a-t-elle ajouté.
Le réalisateur de 86 ans est poursuivi par la justice américaine pour relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977. Depuis, il a été accusé de viols ou d'agressions sexuelles par onze autres femmes, dont la Française Valentine Monnier. "La honte", a scandé Adèle Haenel en quittant la salle Pleyel, suivie par la réalisatrice Céline Sciamma et quelques autres personnes, juste avant l'annonce du César du meilleur film.
"Un one-man-show raté narcissico-ennuyeux"
"Bonsoir, bienvenue à la cérémonie des taulards !... Euh des César. Il parait qu'il y a des gros prédateurs... Euh producteurs dans la salle. Ça tombe bien, je suis bien équipée." En ouvrant la cérémonie, Florence Foresti n'a pas mâché ses mots à l'encontre du réalisateur Roman Polanski qui a récolté 12 nominations.
De son côté, Juliette Binoche accable la cérémonie, se disant "atterrée par la bêtise" : "On ne parle pas une seconde de cinéma dans les César. C'est un one-man-show raté narcissico-ennuyeux (...) Cela fait un moment que c'est comme ça, ça fait plus de dix ans que c'est comme ça."
C'est une espèce de ribambelle d'one-woman-show, ça n'a rien à voir avec le cinéma.
Juliette Binocheà franceinfo
Selon l'actrice, "il y a des politiques qui ont été faites en ouvrant les César à plus de personnes, donc il y a énormément de votants, beaucoup plus que pour les Oscars par exemple. Ce qui fait qu'il n'y a pas de point de vue concentré."
"Pour moi, on est à côté de la plaque"
Que doit être la cérémonie des César ? "Le cinéma pour moi ça doit être un regard, une exception, quelque chose aussi de mystérieux qui nous appelle vers quelque chose de nouveau", répond Juliette Binoche. "Quelque chose qui rentre en nous, qui fait voir d'autres endroits, qui nous fait découvrir quelque chose. Je me souviens d'avoir vu aux César des interviews, de Renoir par exemple qui m'avait marquées, des essais d'un acteur", dit-elle.
"C'est difficile de faire du cinéma", confie l'actrice. Pour elle, "jouer, c'est difficile, mettre en scène, c'est difficile. Faire une lumière, des costumes, ça demande vraiment du métier, un regard, une acuité, d'être plus que doué. Faire aussi du travail, une recherche, c'est tout ça le cinéma, ce n'est pas juste sans arrêt de faire vannes sur vannes, qui ne marchent pas d'ailleurs. Enfin, je ne sais pas. Pour moi, on est à côté de la plaque."
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