Raphaël Quenard, sacré révélation masculine de l'année aux César 2024, nouvelle star du cinéma français ?

Raphaël Quenard est passé, en quelques mois, du statut de jeune acteur cantonné aux seconds rôles à celui de gloire montante du cinéma français.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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L'acteur français Raphaël Quenard sacré prix de la meilleure révélation masculine pour le film "Chien de la casse" lors de la 49e édition de la cérémonie des César du cinéma à l'Olympia de Paris le 23 février 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

La carrière de Raphaël Quenard sacré révélation masculine de l'année pour Chien de la casse lors de la 49e cérémonie des césar vendredi, connait depuis quelques mois une ascension fulgurante. 

Star de la 49e cérémonie des César, il était aussi en lice pour la statuette du meilleur acteur pour Yannick et pour un court-métrage qu'il a co-dirigé (L'acteur ou la surprenante vertu de l'incompréhension).

Dans Chien de la casse, sacré vendredi meilleur premier film, l'acteur de 32 ans incarne Mirales, un jeune qui traîne en jogging dans son petit village du sud de la France. Ce premier film sur la jeunesse rurale, signé Jean-Baptiste Durand, avait offert un écrin à l'acteur, à la tchatche inimitable, que certains comparent déjà à Patrick Dewaere.

"C'est clair que ça bouge pour moi"

"J'ai une phrase que j'ai entendue : 'Nos vies sont jalonnées de souffrance et de chagrin. Mais la plus terrible d'entre elles, c'est de nous voir tous les jours nous acharner à étouffer le p'tit enfant qui est en nous'", a-t-il déclaré sur scène, en recevant son prix.

En 2023, il a été aussi Yannick pour Quentin Dupieux, un spectateur de théâtre, en colère, qui prend à partie les comédiens au beau milieu de la représentation d'une pièce. "C'est clair que ça bouge pour moi", répondait l'acteur à l'AFP en juillet à la sortie du long-métrage Cash sur Netflix.

Si Jérémie Rozan, le réalisateur de Cash, n'hésite pas à voir en lui "un grand acteur", Raphaël Quenard n'en est pourtant qu'à ses débuts. Son premier rôle en tant que tête d'affiche, il l'a décroché "le couteau entre les dents" pour Chien de la casse (102 000 entrées). "J'ai harcelé et envoyé une quantité astronomique de mails. Il (le réalisateur, NDLR) n'en pouvait plus à la fin." "C'est quelqu'un qui a une grande part d'ombre mais qui ne peut se résumer à ça", assurait-il de son phrasé si singulier : lent et saccadé, le tout servi par une voix nasillarde.

Presque au même moment sortait dans les salles Je verrai toujours vos visages (plus d'un million d'entrées) de Jeanne Herry . L'acteur aux cheveux en bataille, qui y incarnait un frère incestueux, n'y jouait qu'un petit rôle mais dans une scène clé du film.

"C'est encore un peu tôt pour le dire mais je crois que c'est ce film qui m'a aidé à me faire connaître", avançait celui qui a été repéré en 2018 dans la série HP, avant d'enchaîner les tournages (Fragile, Fumer fait tousser, Novembre) dans des rôles mineurs. Depuis, "il y a plus de propositions, beaucoup plus d'opportunités (...)", expliquait-il.

Plusieurs vies

Né en 1991 dans la banlieue de Grenoble où il a grandi, l'acteur a eu plusieurs vies. Enfant, c'est d'abord footballeur qu'il s'imagine, puis militaire, avant de faire des études de chimie, notamment en Angleterre. En rentrant en France, il opère un changement radical. Exit la chimie, place au métier de comédien. "C'est jouissif de se dire qu'on peut tout être : mécanicien, chimiste, prof... Plus besoin de choisir", plaisantait-il.

Mais le chemin vers le 7e art a été long. C'est par l'association 1 000 visages, fondée par la réalisatrice de Divines, Houda Benyamina, qu'il fait ses premières armes. Cette association aide à l'insertion de jeunes des quartiers prioritaires et des zones rurales dans le cinéma. "On se voyait trois fois par semaine. On travaillait des textes et on faisait des impros", confiait-il.

Une formation express qui lui permet d'avoir ses premiers rôles. "Avant ça, j'avais fait des courts-métrages un peu underground. L'association m'a permis de rentrer en contact avec de jeunes réalisateurs et d'avoir mes premiers rôles rémunérés", racontait-il.

S'il cumule les genres, il revendique son goût pour un "cinéma populaire et exigeant, trop souvent assimilé, à tort, à de la médiocrité".

Hommage au monde paysan

"En tant que petit-fils de paysan, je voulais dire que la culture, comme tout le reste, elle n’est rien sans l’agriculture" a déclaré l'acteur lors de la cérémonie des César.

Il a ensuite exprimé son "respect infini à tous ces gens qui travaillent d’arrache-pied pour nous donner chaque jour, nous offrir le luxe de remplir nos estomacs avec de bons fruits, des bons légumes, des bonnes céréalesde qualité française".

Après un message adressé à sa famille, qui l'a "accompagné chaque jour", il a ensuite déclaré humblement :  "Quand bien même, ce n’est qu’une réalisation espoir, révélation, donc il reste tout à faire, et j’en prends bonne note."

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