Cinéma : "On vit vraiment le MeToo aujourd'hui" en France, estime la réalisatrice Justine Triet
"On vit vraiment le MeToo aujourd'hui" dans le cinéma français, estime, samedi 16 mars sur France Inter, Justine Triet réalisatrice du film multiprimé "Anatomie d'une chute". "On a mis plus de temps à y arriver en France, à chaque fois, on prend un peu plus de temps", analyse la cinéaste pour qui "cette libération de la parole est nécessaire".
"Ça change lentement, c'est quand même très lent", insiste Justine Triet. "J'étais la seule réalisatrice en face de tous les hommes nommés aux Oscars", rappelle-t-elle.
Anatomie d'une chute "complètement imbibé du post-MeToo"
"Judith Godrèche, après Adèle Haenel, après plein d'autres femmes qui ont pris la parole avant elles, disent des choses essentielles, nécessaires", affirme Justine Triet. Judith Godrèche a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour "viols sur mineur de moins de 15 ans". Lors d'une audition au Sénat, le 29 février, l'actrice a également demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le droit du travail dans le monde du cinéma et "les risques pour les enfants".
"Je continue à faire attention sur mon plateau", explique Justine Triet qui rappelle que le cinéma est un "milieu où la hiérarchie est très forte". "En tant que chefs de bateau, on est obligé de faire attention à ceux qui n'oseraient pas parler", affirme-t-elle.
"Anatomie d'une chute" a remporté la Palme d'Or au festival de Cannes, six Césars dont meilleur film et meilleure réalisation, mais aussi, le 10 mars, l'Oscar du meilleur scénario original. Il raconte le procès d'une femme soupçonnée du meurtre de son mari. "Ce film a quand même été écrit après MeToo, il est complètement imbibé du post-MeToo", explique Justine Triet. Elle confie que beaucoup de personnes se sont identifiées au couple et à sa relation conflictuelle. "Ça a résonné à un endroit très intime des gens et ça, on ne peut pas le prévoir."
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