Cinéma : pour Ridley Scott, "Napoléon était à la fois leader, guerrier, politicien...et dictateur"
À 86 ans, Ridley Scott est visiblement toujours en forme et très actif, puisqu'après ce Napoléon financé par Apple à hauteur d'un budget confortable (et officiel) de 200 millions de dollars, la suite de son célèbre Gladiator sortira normalement dans un an tout juste, fin novembre 2024. Pour son 28e long-métrage, le très érudit réalisateur anglais s'est donc attaqué à une nouvelle figure historique, après Christophe Colomb ou Moïse, parmi d'autres.
De passage à Paris pour la promotion de Napoléon, il s'est confié aux journalistes, toujours aussi cabotin, répondant parfois à côté ou égratignant des confrères par des remarques vachardes.
Franceinfo : Pourquoi avoir choisi d'adapter à nouveau la vie de Napoléon ?
Ridley Scott : Il y a 10 400 livres qui ont été écrits sur lui depuis sa mort, ça fait un par semaine environ depuis 1821. Comment peut-on ne pas s'y intéresser ? Cet homme a clairement fasciné le monde, en étant à la fois leader, diplomate, guerrier, politicien, bureaucrate, et bien sûr inévitablement un dictateur. Une dictature implique un bain de sang, c'est pour cela que, dans le générique de fin du film, je précise le nombre de soldats morts sous son commandement, soit deux millions, sans compter les victimes civiles. Personne ne gagne jamais une guerre, même les vainqueurs perdent.
Dans quelle direction avez-vous choisi d'aller avec le film ?
Faire un film épique et historique comme celui-ci, un peu "à l'ancienne" au milieu de toutes les grosses productions de super-héros d'aujourd'hui, assez idiotes au passage, était un gros challenge. Je tire mon chapeau à Apple, dans la mesure où le film n'est pas donné, ils ont pris ce risque. Nous avons écrit un scénario qui n'était pas une leçon d'histoire, mais se concentrait sur un personnage central. Et j'étais fasciné par ce talon d'Achille que représentait pour lui son épouse, Joséphine.
"Il n'était pas fou, il savait très bien ce qu'il faisait au contraire"
Ridley Scott, au sujet de Napoléonà franceinfo
C'est elle la vraie héroïne du film finalement ?
Si vous voulez, mais pas vraiment. Lui était célébré pour ses victoires, et son incroyable intuition sur les champs de bataille. Mais il avait aussi cette faiblesse pour Joséphine. Il était à la fois un anti-héros, un peu un monstre, mais aussi un homme très amoureux de Joséphine.
Vous n'occultez donc pas le fait qu'il ait été un dictateur ?
Pas du tout, mais le point de départ, c'est qu'il avait une intuition merveilleuse, il était même né avec. Et c'était un dur parce qu'il était corse. Les gens disaient qu'il était fou, mais pas du tout, au contraire je pense qu'il savait très bien ce qu'il faisait. Mais si vous avez une intuition, il y a une voix intérieure qui vous parle, il faut l'écouter. Si tout se passe bien, il faut continuer. Mais le danger, c'est de penser que cette intuition est toujours juste. À un moment, quand il aurait dû arrêter, il était déjà empereur et en quelque sorte hors de contrôle.
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