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Claude Lelouch : "On vit au paradis et on ne trouvera pas mieux"
Claude Lelouch, en plein montage de son prochain film "Chacun sa vie et son intime conviction" avec "les plus grandes stars du cinéma français", préside pour la première fois le festival du film britannique de Dinard (Ille-et-Vilaine), un cinéma qu'il aime et n'estime pas menacé par le Brexit. Le réalisateur français pense qu'il faut "sauver l'amour" et "casser l'égoïsme".
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Pouvez-nous nous parler de votre nouveau film, bâti comme vous le faites souvent sur plusieurs histoires séparées, qui devrait s'intituler "Chacun sa vie et son intime conviction ?"
Je suis en train de le monter. C'est un film choral qui fait le portrait d'une ville de province. J'avais envie de filmer la France qui est un pays que j'aime à la folie malgré ses défauts. Un pays où tout le monde veut commander et où personne ne veut obéir. J'ai choisi une ville comme Beaune au centre de la France. On a essayé, avec les plus grandes stars du cinéma français, de faire une comédie qui sera à la fois tendre, tragique, drôle. Pour moi, la vie est un mélange de genres, la vie est un tourbillon et c'est ce tourbillon qu'on a essayé de filmer.On y retrouve les crispations françaises en cette année marquée par le débat identitaire ?
Dans ce film, on va parler de ce qui est le plus en danger, l'amour. Aujourd'hui ce qu'il faut sauver, c'est l'amour. Il faut casser l'égoïsme dans lequel nous vivons. C'est le mal du siècle, les gens se referment sur eux-mêmes. On vit au paradis et on ne trouvera pas mieux. C'est nous qui l'avons transformé en enfer. C'est à nous de retrouver le paradis. L'égoïsme, c'est une forme de sécurité, les gens pensent qu'il va assurer leurs retraites. C'est tout le contraire : la chose la plus rentable au monde, c'est la générosité. Quand les gens l'auront compris, on changera le monde.
La 27e édition du festival du film britannique s'achève, la première à se tenir sous l'ère du Brexit, cela peut-il nuire au rayonnement du cinéma britannique ?
Je ne suis pas inquiet pour le cinéma anglais, cela ne changera rien. Ce qui exporte le cinéma, c'est sa qualité. Quand un film est bon, il fait le tour du monde, Brexit ou pas. Les oeuvres d'art sont protégées dans le cadre du Brexit car il touche surtout les sociétés industrielles. Un film est un produit qui n'a pas de frontières. J'aime le cinéma anglais depuis David Lean. De Hitchcock à Ken Loach il a tout ce qu'il faut. Il peut être à la fois cinéma d'auteur et cinéma spectaculaire. Les Anglais peuvent faire des films d'auteurs et des blockbusters.Propos recueillis par Jean-Louis de la Vaissière (AFP)
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