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Comment la Nouvelle-Zélande est devenue le nouvel eldorado du cinéma

Alors que James Cameron vient d'annoncer le tournage dans le pays des suites de son film à succès "Avatar", francetv info a voulu savoir pourquoi la Nouvelle-Zélande attirait tant les grosses productions cinématographiques.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
D'immenses affiches du premier volet de la saga du "Hobbit", véritable événement en Nouvelle-Zélande, étaient placardées dans Wellington, en décembre 2012.  (MARK COOTE / REUTERS)

C'est un gros coup qu'a réalisé la Nouvelle-Zélande. James Cameron a annoncé lundi 16 décembre qu'il avait choisi d'y tourner la suite de son film à succès Avatar, qui détient le record mondial de recettes au box-office avec 2,8 milliards de dollars engrengés (plus de 2 milliards d'euros). Les nouvelles aventures des Na'vi se déclineront en trois volets, et non pas deux comme c'était initialement prévu. Chaque épisode sera doté d'un budget de près de 300 millions de dollars (218 millions d'euros).

Après la trilogie du Seigneur des Anneaux, puis la saga du Hobbit dont le deuxième opus est actuellement sur les écrans, le pays a attiré, entre juillet 2012 et juin 2013, près de 65 tournages américains.

Francetv info a voulu savoir comment le pays est parvenu à être aussi attractif et comment il avait fait du cinéma un moteur pour son économie.

Grâce à ses paysages

Leur variété a été révélée au grand public avec la sortie de la trilogie du Seigneur des anneaux, de Peter Jackson. Le réalisateur a pu alterner les scènes tournées dans des forêts épaisses, des landes désertiques, des montagnes enneigées ou des prairies verdoyantes. Des paysages féeriques qui ont servi de décor à des films comme King Kong, X-Men Origins : Wolverine, Le monde de Narnia, ou encore Le Dernier Samouraï, où le Mont Taranaki se substitue parfaitement au Mont Fuji (Japon).

Le Mont Taranaki (Nouvelle-Zélande) a été choisi pour servir de décors au Dernier Samouraï, pour sa ressemblance avec le Mont Fuji au Japon. (EURASIA PRESS / PHOTONONSTOP / AFP)

Le pays est composé de deux îles principales. On trouve des zones volcaniques et des littoraux tropicaux au nord. Des montagnes, des fjords et des lacs gelés l'hiver au sud. Sur le site Filmnz, un moteur de recherche permet même de choisir son décor idéal en fonction des besoin de la production.

Grâce à son savoir-faire

Pour autant, les paysages ne font pas tout, surtout lorsque l'on doit mettre en scène un univers fantastique peuplé d'orcs, de dragons ou d'extraterrestres. Les réalisateurs peuvent s'appuyer sur des studios d'effets spéciaux de qualité. Weta DigitalWeta Workshop ou Park Road Post (la société de postproduction de Peter Jackson), ont fait leurs preuves. 

Weta Digital a ainsi travaillé avec la Twentieth Century Fox sur La Planète des singes et Prometheus, avec la Paramount  pour Les Aventures de Tintin ainsi que la Warner Bros pour Bilbo le Hobbit et Man of Steel. Les équipes de Peter Jackson se sont notamment spécialisées dans la technique de "motion-capture", qui permet de recréer un personnage à partir des mouvements et expressions d'un acteur.

Grâce à ses infrastructures 

La Nouvelle-Zélande peut compter sur un maillage routier de qualité, essentiel pour le transport des équipes et du matériel de tournage. Il relie les zones les plus éloignées aux principaux centres urbains. 

Les compagnies d'hélicoptères destinés aux touristes sont également essentielles, note le site Ina global, spécialiste des industries créatives et des médias. Elles permettent aux équipes de déterminer le choix de leurs lieux de tournage, de faciliter l'accès rapide à n'importe quel point du territoire, tout en fournissant un soutien logistique et rendant possible les prises de vues aériennes. 

Grâce à sa fiscalité

En même temps que l'annonce du choix de James Cameron, la Nouvelle-Zélande a officialisé une hausse de 15 à 20% de la subvention accordée aux films qui se tournent dans le pays, et qui concerne les dépenses faites sur place. Elle pourra même atteindre 25% si le tournage du film apporte des "avantages économiques significatifs" à la Nouvelle-Zélande, "ce qui sera évidemment le cas des trois suites d’Avatar", jugent Les Echos.

Au départ, le gouvernement s'était montré réticent, fin 2012, à augmenter ces subventions. Mais face à la concurrence de pays comme la Grande-Bretagne, l'Australie ou l'Islande  autre île aux paysages atypiques qui entend attirer les tournages en proposant de rembourser 20% des coûts de production , il a été obligé de s'aligner. D'autant que le jeu en vaut la chandelle. La production de films internationaux à gros budgets a permis l'investissement de 915 millions de dollars (666 millions d'euros) entre 2003 et 2008 (notamment sur des projets comme King Kong ou Avatar), note Ina global. Un effort qui conduit au final à la création de 7 794 emplois en 2008. 

Grâce au lobbying de son Premier ministre

"Nous devons être plus qu'un pays avec des côtes d'agneaux et les All Blacks". Le Premier ministre néo-zélandais veut casser l'image de son pays et compte bien sur le cinéma pour y parvenir. John Key s'est ainsi personnellement déplacé à Hollywood en 2012 pour convaincre James Cameron et son producteur, Jon Landau, de tourner les suites d'Avatar en Nouvelle-Zélande, et inciter les producteurs de séries télévisées américaines à s'installer dans son pays, comme le rapporte le Dominion Post (en anglais).

Outre le développement de l'industrie cinématographique, le Premier ministre a une autre idée en tête : attirer les touristes. Le Seigneur des Anneaux avait notamment fait grimper la fréquentation touristique de près de 40%. Entre 2000 et 2006, le nombre de visiteurs est passé de 1,5 million à 2,5 millions grâce au succès de la première trilogie de Peter Jackson.

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