Coronavirus : de la comédie au fantastique, découvrez notre sélection de films pour passer le temps pendant le confinement (2)
Les cinémas fermés, les sorties restreintes, il est possible de trouver tous les films, ou presque, en VOD et DVD. Nous vous suggérons une deuxième sélection d'oeuvres impérissables.
Coronovirus oblige, les sorties sont réduites, les cinémas fermés et les rayons DVD bouclés. Pour la famille et les cinéphiles, voici notre deuxième sélection triée sur le volet pour prendre le large. Chaque mercredi, retrouvez nos recommandations, tous genres confondus : familial, aventure, comédie, western, polar/thriller, fantastique/science-fiction, drame, guerre, et patrimoine. Pour voir notre première sélection cliquez ici.
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Plateformes de streaming et box donnent accès aux films par paiement, ou gratuitement durant cette période de confinement. Parmi elles, LaCinétek, la cinémathèque des réalisateurs, tous pays confondus, en partenariat avec le CNC. Olivier Assayas, Jacques Audiard, Bong Joon-ho, Laurent Cantet, Costa-Gavras, Arnaud Desplechin, Jacques Doillon, Pascale Ferran, Christophe Gans, James Gray, Michel Hazanavicius, Jean-Pierre Jeunet, Cedric Klapisch, Hirokazu Kore-Eda, Patricia Mazuy, Lynne Ramsay, Ira Sachs, Céline Sciamma, Bertrand Tavernier, Agnès Varda… sont de bon conseil.
Nombre de films de notre sélection sont disponibles sur LaCinétek, et tous sont accessibles en VOD sur les sites dédiés.
Si vous cherchez un film familial
Voir et revoir un des films les plus magiques du cinéma : Le Magicien d’Oz (1939) de Victor Fleming (Autant en emporte le vent), avec Judy Garland. D’après le conte pour enfants de l’américain L. Frank Baum, très populaire aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, il est pratiquement inconnu en France. Le film, lui, est connu de tous avec des chansons devenues des standards comme Over the Rainbow, The Yellow Brick Road ou The Wicked Witch.
Sidney Lumet a sorti en 1978 un remake dans le cadre de la "blaxploitation" de l’époque, The Wiz, avec Diana Ross et Michael Jackson : plus une curiosité qu’une réussite. Mais Le Monde fantastique d’Oz de Sam Raimi, sorti chez Disney en 2010, avec James Franco, Mila Kunis et Rachel Weisz, est plus qu’honorable.
Un classique des classiques du dessin animé français, Le Roi et l’oiseau (1980), est un moment de grâce intemporel. Paul Grimault, réalisateur, et Jacques Prévert, scénariste et dialoguiste, adaptent La Bergère et le ramoneur, conte de Hans Christian Andersen, qu’ils avaient réalisé dans une première version courte en 1952.
Une partie du film est intégrée dans la nouvelle mouture, plus développée, avec notamment un robot géant et un discours pacifiste cher à Prévert.
Si vous voulez rire un bon coup
Rendez-vous (1940), plus connu sous son titre original, The Shop Around the Corner, est un des bijoux de Ernst Lubitsch. Comédie romantique avec James Stewart et Margarett Sullavan, elle reste d’une modernité étonnante par ses thèmes. Comme les déconvenues entre correspondants épistolaires, à l’image de celles vécues aujourd’hui via nos sites de rencontres. Les rapports professionnels hommes-femmes, au cœur du film, sont tout autant contemporains.
Le film est d'une inventivité dans les situations et les dialogues qui ont fait de Lubitsch le roi de la comédie sophistiquée. Si le début peut faire penser à du théâtre filmé (le film s’inspire d’une pièce), la suite s’emballe rapidement avec un suspense minuté au cordeau.
En France, Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau, avec Yves Montand et Catherine Deneuve, est devenu depuis 1975 une comédie culte. Rencontre entre deux monstres sacrés du cinéma, Le Sauvage réunit sur une île tropicale un baroudeur misanthrope et une bourgeoise urbaine, tous deux en rupture de ban.
On peut compter sur l’inventivité de Jean-Loup Dabadie, scénariste et dialoguiste, pour pimenter le tout de situations cocasses et de réparties cinglantes. Quant à Rappeneau, il est dans son élément. Dépaysement, humour et romantisme garantis.
Si l'aventure vous en dit
Mal connus en France, les films de Ray Harryhausen, spécialiste des effets spéciaux, relèvent d’un exotisme merveilleux. Leurs budgets modestes n’enlèvent rien à un spectacle plein de magie toujours renouvelé de film en film. Parmi ses plus beaux fleurons : Le 7e Voyage de Sinbad (1958), Le Voyage fantastique de Simbad (1973), Le Voyage de Gulliver (1960), Jason et les Argonautes (1963), Le Choc des titans (version 1981, bien meilleure que celle de 2010) sont des classiques du maître. Son nom sur les affiches figure au-dessus de celui des réalisateurs, plus à son service que l’inverse.
Son Ile Mystérieuse (Cy Enfield, 1961), d’après Jules Vernes, rivalise avec Vingt-mille lieues sous les mers (1955) de Richard Fleischer avec Kirk Douglas, des studios Disney (dont il est la suite). Herbert Lom y devient le capitaine Némo (après James Mason) dans le même sous-marin Nautilus, prêté par Disney pour l’occasion, sur une splendide musique de Bernard Hermann..
Steven Spielberg, Tim Burton, James Cameron , Joe Dante… vouent un culte à Harryhausen.
Si vous êtes un peu à l'Ouest
La "question indienne" est restée sur le bord du chemin durant toute la période classique du western, des années 1910 à 1970. La flèche brisée (Delmer Daves, 1950) et Les Cheyennes (John Ford, 1964) sont de rares exceptions à la règle. Les pendules sont remises à l'heure dans Little Big Man (1970) d’Arthur Penn avec Dustin Hoffman et Faye Dunaway, western emblématique sur le sujet, comme dans Soldat bleu (Mark Robson, 1970), Un homme nommé Cheval (Elliot Silverstein, 1970), ou Jeremiah Johnson (1972) de Sidney Pollack avec Robert Redford.
Les Indiens y sont enfin représentés comme les victimes du génocide sur lequel se sont fondés les Etats-Unis, mais ces films font aussi écho à la guerre du Vietnam, très critiquée à l’époque.
Plus récemment, Danse avec les loups avait relancé la vogue du western en 1991. Kevin Kostner (réalisateur et acteur) s’inscrit en continuité avec les films des années 70.
Plus qu’idéaliste, comme cela lui été reproché, Danse avec les loups est un film élégiaque sur la disparition de la culture amérindienne, que la magnifique musique de John Barry (James Bond, Out of Africa) exalte avec lyrisme.
Si vous voulez en faire un drame
There Will Be Blood de Paul-Thomas Anderson a valu en 2008 à Daniel Day Lewis un de ses trois Oscars du meilleur acteur. Le film est un des plus brillants des années 2000, propulsant son réalisateur (Magnolia, Phantom Thread) au sommet d’une nouvelle génération de cinéastes. Situé à l’aube du XXe siècle, There Will Be Blood évoque les prémices de la prospection pétrolière aux Etats-Unis, dans un contexte où prolifèrent les sectes évangélistes, avec un conflit filial venimeux. Attention, chef-d’œuvre !
Si Fellini n’a guère d’affection à son égard, son Fellini Casanova (1977), avec Donald Sutherland dans le rôle-titre, est somptueux. Film à la mise en scène opératique, Casanova met en images un XVIIIe siècle rêvé en s’inspirant des mémoires du séducteur, philosophe et occultiste.
Son parcours picaresque va de Venise à la Styrie en Bohême, en passant par Paris et Londres, à la recherche de son temps. Le sien propre et celui de son siècle. A ce titre le film pourrait être la conclusion d’une trilogie débutée avec Satyricon (1969), d’après Pétrone, suivi d'Amarcord (1974), sur les souvenirs d’enfance du Maestro. Indispensables.
Si vous voulez courir sous les bombes
Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, Palme d’or à Cannes en 1979, est un film monstre. Malgré son tournage catastrophique étalé sur plusieurs années, son réalisateur génial créa une œuvre unique, au-delà du seul film de guerre. Libre adaptation de Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, Coppola le transpose dans la guerre du Vietnam en 1968, avec un Martin Sheen halluciné et Marlon Brando en nabab, guerrier amoral et déconnecté.
Le film est disponible en trois versions. L’originale reste la meilleure, même si la "director's cut" comprend une scène importante coupée en 1979, où est visitée une ancienne plantation française, reliquat de l’Indochine. La troisième, Apocalypse Now Redux, est négligeable, sauf pour les aficionados.
Les Sentiers de la gloire (1958), de Stanley Kubrick avec Kirk Douglas, demeure un des meilleurs films de guerre réalisés. Son message pacifiste et dénonciateur des exécutions de déserteurs en 1916 sur le front français de la Première Guerre mondiale, lui valut d’être interdit en France pendant 22 ans.
Un classique qui n’a pas pris une ride et a inspiré plus d’un cinéaste. Sur la Guerre de 14, seul 1917 de Sam Mendes, sorti en janvier, l’égale, ce n’est pas peu dire.
Si vous voulez mener l'enquête
Jean-Pierre Melville a inventé le nouveau polar français dès 1962 dans Le Doulos, avec Jean-Paul Belmondo et Serge Reggiani. Le Deuxième souffle (1966, avec Lino Ventura et Paul Meurisse), Le Samouraï (1967, avec Alain Delon), Le Cercle rouge (1970, avec Delon, Montand et Bourvil) gravent dans le marbre le polar à la française qui influencera des réalisateurs aussi divers que William Friedkin, Quentin Tarantino et John Woo.
Arte vient de rediffuser Le Deuxième souffle avec un documentaire passionnant sur Melville (Melville, de dernier samouraï), disponibles sur Arte.tv.
Amoureux du cinéma américain et des Etats-Unis, Melville ne rechignerait pas à revoir Psychose d’Alfred Hitchcock qui inaugurait en 1960 une longue lignée de "psycho-killers" appelés aujourd'hui "serial killers". Le Silence des agneaux (1991) de Jonathan Demme, avec Anthony Hopkins et Jodie Foster, renouvelait le genre en s’inspirant (après le grand Hitch) de cas réels. Seven (1996) de David Fincher, avec Brad Pitt, Morgan Freeman et Gwyneth Paltrow, allait encore plus loin.
Sans parler des très durs Schizophrenia (Gerald Kargl, 1984) et Henry, portrait d’un serial killer (John mcNaughton, 1986), particulièrement gratinés, pour les plus endurcis (avec avertissement !)
Si vous voulez avoir peur ou voir le futur
En 1977, Suspiria de Dario Argento faisait l’effet d’une bombe, suivi de sa suite Inferno en 1980 (avec la dernière apparition de Sacha Pitoëff). Diptyque sur les "trois mères", mythe inventé par le maître italien de l'horreur, il est suivi d’un troisième film, Mother of Tears (seulement sorti en DVD), moins abouti. Films baroques, à l’esthétique expressionniste colorée, Suspiria et Inferno participent au renouvellement du cinéma fantastique des années 1980, aux côtés de John Carpenter (Halloween, The Thing) et Wes Craven (La Coline a des yeux, Les Griffes de la nuit).
Dans les sphères de la science-fiction, Planète interdite (Fred M. Wilcox, 1956) est, selon la formule consacrée, un "chef-d’œuvre mineur". Il est considéré, avec Le Jour où la Terre s’arrêta (Robert Wise, 1953), comme le deuxième film de S-F dit "adulte" avant 2001 : L’Odyssée de l’espace (1968) de Kubrick.
Etonnant : Planète interdite adapte La Tempête de Shakespeare dans un space-opéra (films de l’espace) aux images et effets spéciaux flamboyants. A côté de Walter Pigeon et de la sexy Anne Francis, la révélation du film est Robby le robot, très sexy aussi…
Si revisiter le patrimoine vous tente
Avant Citizen Kane (Orson Welles, 1941) et 2001 de Kubrick, L’Aurore (1927), de Friedrich Wilhelm Murnau, est souvent cité comme le plus beau film du monde. Bien avant le réalisme poétique français (Carné-Prévert), le réalisateur de Nosferatu (1922) filmait un mélodrame d’une beauté inégalée en noir et blanc et muet, selon les techniques de l’époque. Ce poème visuel (pour lequel l’expression semble avoir été inventée) relate l'histoire de la renaissance d’un couple après une tentative de meurtre. Emouvant et métaphysique, oui, décidemment, L’Aurore est assurément un des plus beaux films de l’histoire du cinéma.
Le Cabinet du Dr. Caligari (Robert Wiene) a révolutionné le septième art en 1919 en inventant le cinéma expressionniste. Contemporain de son équivalent pictural (lui aussi allemand), le style traduit dans l’art le traumatisme de la Première Guerre mondiale. Récit raconté par un interné psychiatrique, le film projette son mental altéré dans des décors distordus, au noir et blanc contrasté, anguleux, totalement irréalistes.
Avec Conrad Veidt, star du muet et du parlant jusqu’à sa mort en 1943 (cf Le Voleur de Bagdad, conseillé la semaine dernière), Le Cabinet du Dr. Caligari inspira tout le cinéma (Fritz Lang, Orson Welles, Max Ophuls…). Et en premier lieu la vogue des films d’épouvante américains des années 1930 (Dracula, Frankenstein, Dr. Jekyll et Mister Hyde…), jusqu’à Dario Argento et au-delà…
En complément du film de Robert Wiene, regardez le formidable documentaire De Caligari à Hitler (Rüdiger Suchsland, 2014) d’après l’ouvrage éponyme de Siegfried Kracauer (Ed. L’Age d’Homme,1947). Il décrypte le discours en abîme du nazisme dans le cinéma allemand durant les années 1920-40 : passionnant et édifiant.
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