Coronavirus : les tournages de films et de séries sont au point mort
Confinement oblige, impossible de rassembler des équipes de tournage sur l’espace réduit d’un plateau. Comme ailleurs, le cinéma est en panne.
Dès l’annonce du confinement généralisé, tous les tournages de films et de séries se sont arrêtés en France. En même temps que les distributeurs, exploitants de salles et équipes de postproduction (montage, post-synchronisation, effets-spéciaux…), c’est la matrice-même du cinéma, la réalisation, qui est impactée par le coronavirus. Quelles sont les productions en suspens ? Un état des lieux.
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Les tournages cinéma
En France, l’adaptation par Fred Cavayé (Le Jeu) de la pièce de Jean-Philippe Daguerre aux quatre Molière, Adieu Monsieur Haffmann, avec Daniel Auteuil, Sara Giraudeau et Gilles Lellouche, est à l’arrêt. Les premières scènes étaient en cours de tournage dans le XVIIIe arrondissement de Paris, quartier Montmartre, décoré pour reconstituer la période de l’Occupation, époque de l’action. Les lieux sont restés en l’état depuis, ce qui leur donne un curieux cachet anachronique, étonnamment en phase avec les circonstances actuelles....
Au bout de cinq semaines, le tournage de Envole-moi de Christophe Barratier (Les Choristes) s’interrompait également, à 21 jours du bouclage. Même chose pour On est fait pour s’entendre, comédie de Pascal Elbé, également devant la caméra, avec Sandrine Kiberlain, Emmanuelle Devos, Valérie Donzelli, François Berléand et Marthe Villalonga. Idem pour Coda, le remake américain de La Famille Bélier qui était en postproduction. Impossible de dater une prochaine reprise, les plus optimistes la projetant fin mai. D’autres titres sont suspendus - Les Tuches 4, Les Cinq diables, Petite Solange, The Deep House - et non des moindres, c'est le cas aussi du prochain film de François Ozon qui n’avait pas encore démarré.
Commencé en France, en Dordogne, le tournage du nouveau film de Ridley Scott, Le Dernier duel, avec Matt Damon, Adam Driver et Ben Affleck est en stand-by. L’équipe s’est repliée en Irlande, où elle devait enchaîner sur la suite en bouleversant le planning. Mais il est fort à parier qu’elle est toujours à l’arrêt, l’île étant également touchée.
Les séries françaises
France 2 a fermé le plateau de Un si grand soleil, tout comme TF1 pour celui de Demain nous appartient, deux séries tournées à Montpellier. La chaine privée continue la diffusion de sa série avec les épisodes déjà réalisés, la chaîne publique l’interrompant pour privilégier l’information.
Plus belle la vie (France 3) reste, elle, à l’antenne, avec ses six semaines d’épisodes en réserve. Toujours côté séries, France 2 a renoncé à démarrer le tournage de sa nouvelle mouture des Petits meurtres d’Agatha Christie, prévue le 16 mars. La préproduction du Tour du monde en 80 jours, commencée en Afrique du Sud, a également été interrompue, le pays étant durement touché par la pandémie, le premier à l’être sur le continent africain.
Pour TF1, la poursuite de la réalisation de Je te promets (adaptation française de la série américaine This Is Us), et celle de Gloria (Keeping Faith aux USA), sont interrompues. Les reports de tournages, qu’ils soient pour la télévision ou le cinéma poseront des problèmes de planning, puisque les acteurs, réalisateurs, techniciens… sont déjà retenus sur d’autres titres à la date de la reprise.
Le point de vue des professionnels
"Nous sommes vigilants sur l’ensemble de la filière, production, distribution, et industries techniques", confie au Film français Florence Philibert, directrice générale de l’Ifric (Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles).
"Les arrêts de tournages vont faire beaucoup de dégâts, estime-t-elle. Dans l’immédiat, nous gérons un sujet de trésorerie à court terme (…) Dans un second temps, on se penchera sur la manière de d’accompagner la reprise. Ce qui est important dans les semaines qui viennent sera la solidarité de tous les acteurs de la filière." Tous les acteurs seront mis à contribution : les équipes, les talents, les exploitants, distributeurs, diffuseurs…
Isabelle Terrel, directrice générale de Coficiné (établissement de crédit spécialisé dans le financement de projets culturels), évoque déjà l’après-crise et les embouteillages à prévoir. "Se posera alors la question de la disponibilité des talents, des équipes, du matériel, des lieux de tournage. Il serait logique de terminer en priorité les tournages déjà commencé".
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