"Dans les cinémas, il n'y a pas eu de cluster" : le secteur du cinéma questionne l'utilité du couvre-feu
Distributrice, productrice et exploitante, Sophie Dulac a réagi à l'allocution d'Emmanuel Macron, dans lequel le président annonce un couvre-feu à partir de 21h dans les villes les plus touchées par la Covid-19.
Emmanuel Macron l'a annoncé hier : face à l'augmentation des cas positifs à la Covid-19, un couvre-feu sera mis en place dès le 17 octobre dans de grandes métropoles françaises. Mais cette annonce considérée comme "une mesure bâtarde" selon un responsable de la distribution d’un grand groupe, inquiète le secteur culturel, déjà fragilisé. Les séances de 20h et 22h seront en effet annulées et le risque de fermeture des salles après la Toussaint est réel. Distributeurs et exploitants de salles ont programmé une réunion virtuelle à partir de 18h pour adopter une stratégie. Exploitante et fondatrice d'une société de distribution, Sophie Dulac craint que le couvre-feu n'éloigne encore les spectateurs des salles de cinéma.
Franceinfo Culture : Hier, Emmanuel Macron a annoncé un couvre-feu de 21h à 6h du matin dans plusieurs zones de France touchées par la pandémie. Un coup dur pour la culture. Quelle a été votre réaction ?
Sophie Dulac : Ma réaction, c’est un peu celle de tout le monde. On est dépité, pour ne pas utiliser un mot plus fort. Dans les cinémas, il n’y a pas eu de cluster. Pas de problème particulier avec le Covid-19. Les gestes barrière ont été respectés. Je trouve ça un peu injuste d’être dans cet amalgame de couvre-feu. Mais après ce genre d’annonce, a-t-on un autre choix que celui de s’adapter ? Si on ne fait pas ça, on arrête tout.
Plus généralement, que va signifier ce couvre-feu pour l’ensemble du secteur du cinéma ?
Ça va signifier encore du chômage partiel, pour tous ceux qui n’ont plus assez de travail. Beaucoup d’énergie aussi, pour que le public se réapproprie à nouveau les salles de cinéma. Beaucoup d’argent dépensé en communication pour que les spectateurs comprennent que l’on fait le maximum pour limiter les risques. Les distributeurs de films indépendants ont jusque-là bien soutenu la profession. Ils ont fait énormément de sacrifices pour proposer leurs films en salles. Grâce à ça, le public s’est quand même déplacé. Ça a même été l’occasion de redécouvrir une programmation sans films américains. Mais j’ai peur qu’on doive encore mettre le paquet et j’espère que d’autres distributeurs ne vont pas à nouveau retirer leurs films des salles.
Quelles vont être vos parades pour poursuivre votre activité ?
Pour les cinémas, ce couvre-feu à 21h ne sera pas une catastrophe majeure. Ça aurait pu être pire, 20h… On va essayer d’avancer nos séances pour qu’elles se terminent à 19h, 19h30, et programmer plus de séances le matin. Dans mes salles, le public est un peu âgé donc ils viennent souvent tôt. On avait déjà annulé les séances de 22h depuis longtemps. J’ai déjà parlé avec mon programmateur. On va devoir appeler tous les distributeurs pour avancer les horaires. Et proposer, après mercredi prochain, des films qui ne sont pas trop longs… Mais le week-end, ce sera plus dur.
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