[Deauville] "Lily", la vie après le cancer
A Deauville, avant la projection du film, le réalisateur et sa principale comédienne sont montés sur la scène et ont dit quelques mots. Le public a découvert une jolie jeune femme blonde aux cheveux mi-longs. Dés le début du film, elle est là, à nouveau, sur grand écran, cheveux bruns et longs. On le comprendra un peu plus tard, elle porte une perruque pour cacher une chevelure en pleine repousse. Lily, le personnage et Amy, la comédienne ont cela en commun : l'une et l'autre ont achevé l'enfer des chimios et terminent leur combat contre le crabe par la radiothérapie.
Ambiguïté
On comprend vite que lorsque le personnage prend sa douche, ce sont les brûlures subies par la comédienne lors des séances de radiothérapie que l'on voit sur l'écran. Difficile dés lors de voir le film comme une simple fiction. On ne sait plus si l'on regarde l'actrice ou son personnage. Cette situation déroutante met le spectateur en porte-à-faux, ce qui est sans doute voulu. Spectateur ou voyeur ? la question reste posée tout au long de la projection.
Reprendre sa vie là où on l'avait laissée
Lily voit ses amis, vit avec son compagnon plus âgé qu'elle, tente de retrouver du travail, elle essaie de renouer avec son père, Lily veut une vie normale, la vie d'après. D'après le cancer. Amy Grantham aura eu la chance de pouvoir vivre cette transition à travers le tournage de ce film. Bien sûr, rien ne la protège d'une rechute, elle devra continuer à surveiller son corps, comme Lily. Mais elle a pu traverser cette période sensible avec un projet, entourée et comprise.
De Cléo à Lily
"Lily", c'est un peu une suite possible à "Cléo de 5 à 7", la modernité du ton en plus. Matt Creed filme Amy Grantham comme le fit il y a cinquante ans Agnès Varda avec Corinne Marchand. Entre les deux femmes le cancer, qui se profile pour Cléo, qui s'éloigne pour Lily. Mais dans les deux cas, c'est une solitude dans la foule, un tête-à-tête entre une femme et son ennemi de l'intérieur.
Grave et léger
Typique du cinéma indépendant américain, "Lily" est souvent filmé à l'épaule, en lumière naturelle et dans les rues de la ville, ici New York. Malgré la lourdeur du thème et l'enjeu du propos, il est attachant. Une qualité qu'il doit avant tout à sa principale interprète. bien que la maladie et la mort soient omniprésentes, Amy Grantham parvient à donner à l'ensemble une étonnante légèreté.
De Matt Creed (Etats-Unis), avec : Amy Grantham, Simon Chaput, Benjamin Slater, Zachary Unger (II), Lindsay Burdge - 1h25
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