Dernières séances au cinéma La Pagode à Paris avant sa fermeture le 10 novembre
"On va vous regretter. On peut faire quelque chose pour vous ?", interroge un spectateur qui vient de voir "Marguerite". "Quand on passait la porte de La Pagode, le temps s'arrêtait. Il y avait une atmosphère très particulière. Aujourd'hui, les cinémas sont des supermarchés", commente Jacky Kargayan, un retraité du quartier. Rémi, la quarantaine, est venu d'un autre quartier de Paris pour le plaisir de voir une dernière fois un film dans la salle japonaise. "C'était un cinéma culte. Le cadre était atypique, sortir du cinéma dans un jardin japonais... J'espère que La Pagode va rester un cinéma", confie-t-il.
Reportage : D. Morel / L. Simondet / Y. Zysman / E. Beaugé
"Nous fermerons nos portes le mardi 10 novembre au soir"
La rumeur courait depuis quelques jours sur les réseaux, cette fois c'est officiel, un communiqué de presse signé Etoile Cinémas le confirme, le cinéma La Pagode fermera ses portes le 10 novembre. A l'origine de cette fermeture la décision du propriétaire de récupérer les locaux."Nous sommes au regret de vous annoncer notre départ de La Pagode. Nous nous sommes battus juridiquement pendant 3 ans contre la propriétaire qui souhaitait récupérer le cinéma. La décision est tombée le vendredi 30 octobre en appel, et elle nous est défavorable", précise le communiqué.
"Nous espérons que la Pagode restera un cinéma"
"Cette longue procédure nous a contraint à exploiter la Pagode dans des conditions très difficiles, nous empêchant toute rénovation", poursuit le communiqué qui précise que "130 000 spectateurs passaient les portes tous les ans de ce cinéma emblématique"."Nous sommes donc expulsés, et dans l'obligation de quitter les lieux. Nous n'avons à ce jour aucune information officielle de la part de la propriétaire, mais espérons que la Pagode restera un Cinéma et ré-ouvrira prochainement", conclut le communiqué.
"la Pagode restera un cinéma. J'adore cet endroit et le septième art" a promis Élisabeth Dauchy, propriétaire des murs de la Pagode, interrogée par Le Figaro.
Cinéma mythique
La Pagode date de 1896. Cet édifice, bel exemple du japonisme en cours à l'époque a été construit par l'architecte Alexandre Marcel pour le compte de François-Émile Morin, directeur du Bon Marché, qui en fait cadeau à son épouse. La charpente en bois sculpté est venue spécialement du Japon. L'ingrate quitte, ensuite, son époux et y organise de nombreuses réceptions mondaines. Fermée en 1927, la Pagode devient un cinéma en 1931. Dans les années 50, c'est un haut lieu du cinéma estampillé "Art et Essai".Dans les années 1960, la Pagode accompagne le cinéma de la Nouvelle Vague en programmant François Truffaut, Éric Rohmer, Jacques Rozier. En 1972 Louis Malle, qui gére la salle, modernise le cinéma désormais doté de deux salles. La façade est rénovée et un salon de thé ouvre ses portes. Cinéma indépendant, La Pagode proposait des films de grands cinéastes (Woody Allen, Pedro Almodovar ou Nanni Moretti,...) mais aussi des masterclass, des festivals ou des débats avec des réalisateurs.
Le jardin japonais est inscrit au titre des monuments historiques et la façade, les toitures et la grande salle sont classées.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.