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Des frissons pour l'été ? Une nouvelle collection DVD vintage : "British Horror"

Artus Films, toujours à l’affut de perles oubliées du cinéma fantastique, merveilleux, Bis et d’exploitation, vient d’inaugurer une nouvelle collection : « British Horror », avec trois titres inédits en vidéo : « Le Sang du vampire », « La Nuit des maléficies » et « Horror Hospital », des classiques mineurs qui valent le détour.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le Sang du vampire de Henry Cass
 (Artus Films)
Le Sang du vampire
Réalisé en 1958, le film emboîte le pas à la célèbre Hammer Films qui vient de connaître plusieurs succès dans l’épouvante, dont les retentissants « Frankenstein s’est échappé » et « Le Cauchemar des Dracula ». Les producteurs Robert S. Baker et Monty Berman ont même débauché le génial scénariste de ces deux succès, Jimmy Sangster, pour écrire le script.
Mais que l’on ne s’y trompe pas, aucun vampire d’outre-tombe dans « Le Sang du vampire ». Si l’action se situe bien au XIXe siècle et en Transylvanie, selon la tradition du gothique classique, il s’agit ici d’un vampire humain, plus proche de Frankenstein que de Dracula. Il est étonnant d’y voir le grand dramaturge britannique Donald Wolfit y incarner un savant effectuant des recherches sur les groupes sanguins, suite à sa maladie. Il a pour ce faire ouvert un asile d’aliénés qui couvre ses recherches, afin d’avoir des cobayes à portée de main.
"Le Sang du Vampire" : jaquette DVD
 (Artus Films)
Obsédé par ses recherches, autoritaire et sadique, Callistratus enrôle un jeune savant pour le seconder. Le film est prétexte à maintes scènes de violences, se révélant dès sa sortie comme LA référence en matière de sadisme à l’écran. « Le Sang du vampire » s’est tout de suite imposé comme un classique du genre, par sa violence graphique, certes, mais aussi dans son respect des codes, à la mise en scène très soignée, dans ses magnifiques décors gothiques et costumes, dans l’exact ligne de la Hammer, à laquelle il emprunte également une de ses actrices majeures, la sublime Barbara Shelley.

La Nuit des maléfices
Tourné en 1971 par Piers Haggard, « La Nuit des maléfices » est le premier long métrage de ce faiseur mineur, dont les titres de gloire restent ce film et « Venin » (1981), avec Klaus Kinski et Oliver Reed.
Cette petite bande est intéressante à plus d’un titre, en s’inscrivant dans une série de films du début des années 70 surfant sur le succès du « Grand inquisiteur » (1968, Michael Reeves, avec Vincent Price), qui initia toute une série de productions sur les chasses aux sorcières des XVIIe et XVIIIe siècle, dont le chef-d’œuvre demeure « Les Diables » (1971) sur l’affaire Urbain Grandier sous Louis XIII en France, réalisé par Ken Russell avec Oliver Reed et Vanessa Redgrave.
 
« La Nuit des maléfices » se démarque de cette veine en traitant de véritables sorcières ayant commerce avec le diable, du moins des divinités païennes, alors que ses semblables traitent des exactions pratiquées par les chasseurs de sorcières envers d’innocentes victimes, forces scènes de tortures à l’appuie. Ici le scénario, assez malin, montre comment s’immisce le mal dans une petite communauté sous la conduite d’une virginale jeune fille, porteuse d’un message autant libertaire que démoniaque. Elle est interprété par Linda Hayden, petite « Sream queen » tout juste piquée à la Hammer pour laquelle elle venait de se faire vampiriser par Christopher Lee dans « Une messe pour Dracula » (1970, Peter Sasdy).
"La Nuit des maléfices" : jaquette DVD
 (Artus Films)
"La Nuit des maléfices" bénéficie en outre de la présence de Patrick Wymark ("Répulsion", "Quand les aigles attaquent", "La Bataille d'Angleterre"...) dans le rôle du juge Le film est enfin révélateur de l’incursion de l’érotisme dans les films fantastiques de l’époque (« Vampire Lovers », les films de Jesus Franco ou de Jean Rollin…), avec de nombreuses scènes déshabillées.

Horror Hospital
Etrange cinéaste britannique qu’Anthony Balch qui signe ce « Horror Hospital » en 1973. Il ne se démarqua jamais du cinéma fantastique et d’exploitation durant toute sa carrière qu’il orienta principalement dans le domaine de la distribution de films, tout en en signant huit de 1962 à 1982. Il rencontra même Bela Lugosi en fin de course dans les années 50 et fut un proche, à Paris, de William S. Burroughs et de Kenneth Anger.
« Horror Hospital », également titré en France "La Griffe de Frankenstein", ne reflète guère les supposés talents de réalisateur de Balch. Il se contente de reprendre le schéma éculé du manoir perdu dans les landes où se retrouve un couple de jeunes gens pris au piège d’un savant fou pratiquant des expériences sur le cerveau pour asservir ses victimes. Du pur cinéma d’épouvante d’exploitation, droit dans ses bottes, avec tout de même son quota de scènes gore qui, à l’époque, firent leur petit effet.

L’atout majeur du film demeure la présence du génial Michael Gough, décédé en 2011, dans le rôle du Docteur Storm (sic). L’acteur est une icône emblématique du fantastique pour avoir joué dans « Le Cauchemar de Dracula » (1958, Terrence Fisher), « Crime au musée des horreurs » (1959, Arthur Cabtree), « La Maison des Damnés » (1973, John Hough)… S’il eût rarement le premier rôle, il apparaît dans une foule de films plus « mainstream », comme « Le Messager » (1970, Joseph Losey), « Ces garçons venus du Brésil » (1978, Franklin j. Shaffner), ou « Out of Africa » (1985, Sydney Pollack).
"Horror Hospital" : jaquette DVD
 (Artus Films)
Tim Burton, grands amateur des classiques du fantastique, fit appel à Gough comme icône du genre, en lui confiant le rôle d’Alfred, le majordome de Bruce Wayne dans la série des Batman qu’il réalisa ou produisit. Il refit appel à lui dans « Sleepy Hollow » (1999) et dans « Les Noces funèbres » ou « Alice au pays des merveilles », où il prête sa voix à des créatures animées.

La collection "British Horror"
Chaque film est accompagné d'un commentaire d'environ une demi-heure d'Alain Petit, docteur ès-Bis, qui nous éclaire de ses lumières sur le contexte dans lequel est sorti chaque production, sur la carrière de son réalisateur et des acteurs. Figurent également un diaporama et la bande-annonce du film.
Editeur : Artus Films
12,90 euros par film 

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