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Disparition d’Alain Resnais : ses amis racontent un "cinéaste à part"

Les hommages se multipliaient dimanche, après l’annonce de la mort du réalisateur Alain Resnais. Les proches et les personnalités du cinéma saluent un "géant" du septième art et aussi un homme "délicieux" et "plein d’humour".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture
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Alain Resnais à Cannes (mai 2009) entouré de Michel Vuillermoz, Jean-Louis Livi, Sabine Azéma, André Dussolier, Emmanuelle Devos et Anne Consigny (de gauche à droite)
 (Anne-Christine Poujoulat / AFP)

Pierre Arditi, un de ses acteurs fétiches, s'est déclaré "déchiré" par la disparition de ce "cinéaste à part, extrêmement original". Il a rendu hommage à un "homme qui était à la fois un enfant, capable de s'émerveiller, et quelqu'un d'une extraordinaire maturité et d'une très grande culture".
 
"Je travaille avec Alain Resnais depuis 32 ans, il fait partie de ma vie pour toujours comme cinéaste mais aussi comme homme", a dit l'acteur sur  BFM-TV.

Arditi : chaque film était une recherche différente
"Il n'y a rien qui ressemble moins à un film de Resnais qu'un autre film de Resnais, il a toujours essayé de ne jamais copier ce qu'il avait fait avant, il ne voulait pas se servir de recettes", a déclaré Arditi, qui a eu le César du meilleur acteur en pour son rôle dans "Smoking/No Smoking" en 1993.
 
"Il avait des thèmes de prédilection mais les formes qu'il employait pour dire le monde étaient à chaque fois une recherche de différence", a-t-il ajouté.

Dussolier : un homme attentif à chacun 
André Dussolier, autre acteur aimé de Resnais, a raconté sur France Info : "Il était encore en train de travailler sur son prochain film, la souffrance l’empêchait et le retardait mais il était dans un appétit féroce pour aborder tous les thèmes et même dans le dernier film, "Aimer boire et chanter", il y a le théâtre, il y a le cinéma (…), il y a la bande dessinée, il y a la musique. C’était un homme de spectacle qui était ouvert à toutes les formes et qui continuait d’explorer et qui a eu le courage d’être fidèle à ses envies, à ses inspirations et qui nous a offert à chaque fois des films différents et nouveaux.
 
Le comédien a aussi salué l’homme : "Resnais, c’est un homme extrêmement attentif à chacun, il sollicitait l’avis, la créativité de chacun. Il préparait beaucoup en amont ses films. Tout le passionnait. C’était un enfant prêt à s’enthousiasmer pour tout et qui connaissait tout le spectacle, tout le cinéma. C’était un homme délicieux avec qui il était formidable de passer des heures à discuter".
 
Mocky : c'était un type plein d'humour
Le réalisateur Jean-Pierre Mocky, sur  France Info, a raconté que c’était un type "complètement à part. Il n’était dans aucun clan et il était plein d’humour… c’était un gars qui riait beaucoup. On le considère comme un intello, quelqu’un d’un peu sérieux, mais c’est pas vrai". 
 
Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, a fait part de sa "tristesse de voir  un géant du cinéma" s'en aller. Alain Resnais est l'un de ces cinéastes qui "ont traversé l'histoire du cinéma et qui laisseront une trace dont on se souviendra pour toujours", a-t-il souligné sur BFM TV.
 
"Il était à la fois très cinéphile, c'est un homme qui a été très influencé par ce qu'il a vu enfant, très jeune, par le cinéma américain, de la fin des années 1930, et qui ensuite, quand il est devenu cinéaste, a à son tour influencé des générations d'auteurs", a-t-il ajouté.
 
Gilles Jacob réclame des funérailles nationales
"Il a frappé fort d'emblée avec ses courts métrages dans les années 50, ensuite quand la Nouvelle Vague est arrivée, il en a été comme une sorte de grande frère, après il a fait une oeuvre où il se renouvelait tout le temps".
 
Quant au président du festival de Cannes, Gilles Jacob, il a estimé dans un tweet que "si l'Etat ne fait pas à cet artiste modeste et modèle des funérailles nationales, comme l'Italie à Fellini, ce serait un abandon de gloire".

Filippetti : une oeuvre qui fait rayonner le cinéma français 
Le monde politique, aussi a salué la mémoire d’Alain Resnais. "C'est avec une profonde émotion que j'apprends le décès de cet immense artiste", a déclaré la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. "Nous lui devons bien des films qui appartiennent depuis longtemps à  l'histoire de notre cinéma, et même à l'histoire tout court, si l'on songe qu'il fut le réalisateur de ‘Nuit et Brouillard’, qui s'est très vite imposé comme une référence pour comprendre le drame de la déportation au cours de la  Seconde Guerre mondiale", a-t-elle indiqué.

Le président de la République François Hollande a estimé que la France avait perdu "l'un de ses plus grands cinéastes", saluant un homme "qui avait sans cesse brisé les codes, les règles, les modes, tout en rencontrant un large public". 
 
"Son oeuvre fit rayonner le cinéma français dans le monde entier", selon la  ministre, qui souligne que ses films, "sans jamais rien concéder à l'air du temps, eurent presque toujours le bonheur de rencontrer aussi bien la faveur du public que celle de la critique".
 
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a salué, quant à lui, un "grand talent, un grand grand talent, universellement connu".

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