"A la recherche des Femmes chefs" : Voyage au pays des grandes cuisinières
Pourquoi n'y-a-t-il aucune femme-chef dans le classement des 50 meilleurs restaurants du monde. La documentariste Vérane Frédiani a voulu connaître la réponse et est partie "A la recherche des femmes-chefs". Tout au long du film, on suit ces femmes dans les cuisines des grands restaurants, au sein des écoles, mais aussi dans la rue avec la street-food qui a le vent en poupe.
Reportage : P. Deschamps / J.Sauvadon / C. Vignal / G. Orain / P. Ryon
Avec son film "A la recherche des femmes-chefs", Vérane Frédiani donne un bon coup de balai à l'image que l'on se fait de la femme en cuisine. A Lyon, les célèbres "Mères" ont depuis le XVIIIe siècle imposé une autre vision de la cuisinière. Issues d'un milieu modeste, ces femmes ont transmis leur savoir-faire culinaire avec des valeurs simples : la qualité, le raffinement et la convivialité. Elles réussissent à imposer leurs convictions dans les fameux "Bouchons" et gagnent en notoriété dans le monde entier. Certaines ont même eu trois Etoiles au Michelin. La mère Vittet, la mère Fillioux, la mère Brazier, ont sans doute, sans le savoir, influencé des vocations chez les femmes chefs d'aujourd'hui.
Dans la gastronomie, les femmes sont partout. Pour preuve, au célèbre institut "Cordon bleu" à Paris, 65% des élèves sont des femmes. Et pourtant, ce sont souvent les noms des hommes-chefs qui sortent dans les médias. Sur les 616 tables primées par le guide Michelin en 2017, seules 16 sont portées par des femmes. "C'est un cercle vicieux, raconte la réalisatrice, aujourd'hui on ne parle pas des femmes-chefs car elles ne sont pas connues, mais elles ne deviendront pas connues si on ne les invite pas ou si on ne les met pas en avant".
Mais rien ne peut atteindre les étoiles. Anne-Sophie Pic, Adeline Grattard, Barbara Lynch, Soledad Nardelli, Dominique Crenn, Jacotte Brazier, Kamilla Seidler, Elena Arzak, et Alice Waters poursuivent leur combat afin trouver leur place au sein de ce monde encore très masculin.
Le film donne lieu à d'autres rencontres. Car la restauration c'est aussi une entreprise humaine et commerciale. A la tête des brigades il y a celles qui se battent au quotidien pour exister dans ces sphères masculines. On croise aussi des sommelières, des activistes, des femmes entrepreneuses qui managent leur marque. D'autre prônent le développement durable, l’égalité et souhaitent changer le monde à travers leur vision de la gastronomie.
Voyage aux quatre coins du monde, le documentaire nous fait rencontrer Patricia Martins, une chef angolaise. Depuis la fin du tournage, elle a ouvert restaurant ("Le Welwitsch") à Paris. Mais là encore elle a dû surmonter de nouvelles épreuves. "Le plus difficile c'est le manque de respect quand on est une femme", raconte-t-elle. Parmi tous les hommes qu'elle a rencontrés pour devenir son commis de cuisine aucun n'a voulu seconder un chef au féminin. Patricia Martins a donc formé son propre commis.
Le film présente une nouvelle vision de la femme chef, toujours dynamique et battante, toujours en mouvement, créatrice, voyageuse, cultivée, curieuse, parfois rebelle, résistante aux modes mais pas aux influences extérieures, gardienne d’une certaine tradition mais qui sait s’en libérer pour faire avancer sa vie. La femme chef telle que nous la découvrons ici est parfois solitaire voire unique.
.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.