Cet article date de plus de six ans.
"Caniba", le documentaire sur le cannibale japonais Issei Sagawa
Aujourd’hui âgé de 69 ans, le Japonais Issei Sagawa avait défrayé la chronique en France en 1981 pour avoir tué et mangé une jeune étudiante néerlandaise à Paris. Il fait l’objet du documentaire "Caniba" qui sort mercredi 22 août, réalisé par les anthropologues français Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor.
Publié
Temps de lecture : 3min
Rapidement arrêté, puis interné pour maladie mentale, Issei Sagawa avait ensuite été extradé au Japon, où il a été libéré en 1985, avant de devenir une véritable star des médias locaux et de publier plusieurs best-sellers comme "Cannibale" ou "J'aimerais être mangé".
Interdit aux moins de 18 ans
Le documentaire de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor multiplie les plans serrés sur visage et la bouche du cannibale qui affirme ne pas être en mesure d'"expliquer" son crime. Il reconnait toutefois rester habité par l'"obsession" du cannibalisme. "C'est simplement mon fantasme. Je ne peux rien dire de plus précis", ajoute le Japonais, filmé dans son bungalow minuscule dans la banlieue de Tokyo.Celui que l'on a surnommé "l'ogre japonais" avait identifié sa pulsion cannibale très tôt à l'adolescence, en même temps que son éveil sexuel. Son désir se focalisait sur les beautés blondes du cinéma occidental. La star américaine Grace Kelly fut sa "première attraction". "Les gens doivent penser que je suis fou. C'est parce que j'ai mangé Renée. Je sais que je suis fou", déclare-t-il aux réalisateurs. Et de souligner en français : "Je pense fou. Vraiment."
En 1981, le Japonais, alors âgé de 32 ans, était tombé amoureux de la ravissante Renée Hartevelt, 25 ans, étudiante comme lui à la Sorbonne. Planifiant avec soin son crime, il avait invité la jeune femme à dîner dans son studio et l'avait tuée d'un coup de carabine avant de la dépecer. Trois jours durant, il avait mangé différentes parties de son corps.
L'anthropophagie fait partie de "l'histoire de notre humanité", rappellent les auteurs du documentaire, qui entendent "provoquer" une réflexion sur "le plus grand des tabous". Leur documentaire est interdit aux moins de dix-huit ans, peut-être en raison d'un extrait, pourtant flouté, de "Pinku", genre de film pornographique nippon, dans lequel Issei Sagawa s'adonne à l'urophilie.
Un frère également déviant
Diabétique et victime d'un AVC avant le tournage, Issei Sagawa est cloué sur un fauteuil roulant. Son frère cadet, avec lequel il fut élevé dans une grande proximité, vit dans un bungalow derrière le sien et prend soin de lui.Dans ce film, le cadet feuillette pour la première fois le manga consacré au meurtre de Renée que Issei Sagawa a lui-même dessiné. Également filmé en plans serrés, Jun Sagawa commente les images dominées par le rouge et le bleu, en lit certains passages à voix haute, qu'il ponctue d'appréciations à l'adresse de son frère. "Tout ça est incroyablement réel, je ne peux pas le supporter, c'est de la merde !", souligne Jun d'un rire nerveux. "C'est une erreur que ça existe aux yeux du monde !".
Mais à son tour, il révèle à son frère et aux réalisateurs son troublant "hobby": la pratique quotidienne et secrète de la scarification de son bras droit à l'aide de fils barbelés et de lames de couteaux. "Mon bras est mon organe sexuel", explique Jun, liant le cannibalisme d'Issei à sa propre déviance : "On a ça en commun avec mon frère."
Les auteurs admettent avoir été "traversés" par une foule de "sentiments extrêmement conflictuels" au fil des mois passés dans leur intimité. "On était dégoûtés, fascinés, on voulait comprendre...", précise Verena Paravel, ajoutant qu'il s'agit malgré tout d'un "film sur la fraternité, sur l'amour".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.