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Documentaire sur Diego Maradona : "Il a toujours voulu faire beaucoup de choses mais il a fini par se brûler les ailes"

Le nouveau documentaire d'Asif Kapadia, Diego Maradona, sort au cinéma mercredi. Une personnalité unique du monde du football à laquelle s'était déjà intéressé le journaliste Alexandre Juillard, qui revient sur franceinfo sur cette icône argentine.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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L'Argentin Deigo Maradona après avoir marqué un but contre la Belgique, le 25 juin 1986 à Mexico (Mexique). (STAFF / AFP)

Diego Maradona "a toujours eu beaucoup de pression sur les épaules, il a toujours voulu faire beaucoup de choses pour son pays mais il a fini par se brûler les ailes", a réagi mercredi 31 juillet sur franceinfo le journaliste Alexandre Juillard, à l'occasion de la sortie au cinéma du documentaire Diego Maradona, du réalisateur britannique Asif Kapadia.

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Pour Alexandre Juillard, auteur d’une biographie intitulée Maradona, publiée aux éditions Hugo et compagnie en mai 2010, si "beaucoup de gens se sont très rapidement identifiés" à la star argentine du football, c'est également parce que c'est quelqu'un "qui ne cache pas trop ses émotions et qui a toujours eu une grande gueule".

franceinfo : Pourquoi Diego Maradona a-t-il une place aussi particulière, aussi mythique dans l'univers du foot ?

Alexandre Juillard : Je pense qu'il a une place assez mythique, assez particulière, d'abord parce qu'il a gagné. Il a gagné des championnats et il a gagné la Coupe du monde. Et puis aussi parce que c'est quelqu'un qui ne cache pas trop ses émotions, donc beaucoup de gens se sont très rapidement identifiés à lui. Il a toujours eu une grande gueule, on peut le dire comme ça, ce qui fait que les gens s'identifient facilement à lui.

Et c'est une star, et même une rock star, au sens le plus sulfureux du terme : transgressif, agressif, provocateur...

Oui, c'est une rock star mais c'est quelqu'un aussi qui a eu une vie compliquée. Il faut tout remettre dans le contexte concret de la vie de Maradona pour comprendre aussi pourquoi ce gamin s'est brûlé les ailes un peu partout.

Il avait déjà un style de jeu assez fabuleux, avec ses bouclettes noires qui virevoltaient aux quatre coins du terrain.

Alexandre Juillard

à franceinfo

Et puis c'est quelqu'un aussi qui a toujours su parler aux médias. À l'époque, on n'avait pas d'Instagram, pas de Twitter, et pourtant on a toujours entendu parler de Diego Maradona. Il avait toujours son mot à dire, sur le football mais pas que. Il a toujours parlé au nom des plus pauvres, des gens les plus défavorisés.

Il était un génie, mais un génie un peu fou, très autodestructeur ?

Oui c'est quelqu'un d'autodestructeur mais c'est quelqu'un qui est très sensible et qui a très rapidement été starifié dans son pays en Argentine. Dès qu'il jouait dans les équipes de jeunes, à Argentinos junior, il avait 7 ou 8 ans et c'était déjà une star. Il avait des facilités techniques qui en faisaient un peu un clown. Il a tout de suite attiré les regards et donc il a très tôt ressenti la pression.

C'est très tôt aussi devenu une espèce d'outil politique pour les Argentins, pour la dictature militaire argentine.

Alexandre Juillard

à franceinfo

Donc il a toujours eu beaucoup de pression sur les épaules et il a toujours voulu faire beaucoup de choses pour son pays mais il a fini par se brûler les ailes. Et quand il est parti loin de chez lui, au FC Barcelone avant d'être à Naples, il était assez jeune, assez isolé. Et on dit que c'est à partir de ce moment là où il a commencé à vraiment prendre la tangente en dehors des terrains et peut être se faire pas mal de mal, son côté autodestructeur.

Est-ce que ce passage à Naples, dans les années 1980, a été une période clé dans sa carrière ?

C'est une période clé parce que, quand il arrive à Naples, il sort d'un échec au FC Barcelone. C'est clair. Tout le monde l'attendait depuis plusieurs années sur le continent européen, il finit par arriver au FC Barcelone et c'est un échec. Il est blessé, il ne s'entend pas, il n'est pas bien en Catalogne. Et quand il débarque à Naples, il y a un préparateur physique qui a cette anecdote : il prend une douche juste après son arrivée, il est à côté du stade San Paolo de Naples et il se sent chez lui en fait. Il a l'impression de revenir à un football plus simple, très populaire, avec beaucoup de passion autour de lui. Donc il redevient petit à petit le joueur qu'il a été. Et bien évidemment dans un contexte assez explosif à Naples où il brille sur les terrains, puisque c'est aussi lorsqu'il est à Naples qu'il devient champion du monde avec l'Argentine, mais à côté il se perd de plus en plus.

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