"Where to invade next" : le meilleur de l'Europe selon Michael Moore
Alors que le titre du film pourrait laisser croire à un brûlot antimilitariste, "Where to invade next" embrasse un tout autre sujet. Sur un mode engagé et humoristique qui fait sa marque de fabrique, le réalisateur de "Farenheit 9/11" se met en scène en envoyé spécial imaginaire des Etats-Unis.
Il est chargé, face aux résultats jugés médiocres de la politique extérieure américaine, d'"envahir" plus utilement des pays pour trouver de nouvelles idées pour ses compatriotes. Ce point de départ est le prétexte à un voyage dans plusieurs pays d'Europe, de l'Italie à la Norvège en passant par la France, dans lesquels il arrive avec son drapeau américain à la main et d'où il revient à chaque fois avec une ou deux suggestions de réforme.
"Une fois sur place, il est devenu clair que je devais faire un film sur les Etats-Unis sans jamais tourner une seule image sur le sol américain. A quoi ça allait ressembler? J'aimais le défi", explique Michael Moore , à qui un hommage a été rendu la semaine dernière au Festival du film américain de Deauville. "J'ai aussi voulu dire aux Américains que j'ai confiance en leur intelligence (...) On a besoin de se bouger, d'agir, d'être inspirés par de nouvelles idées", ajoute-t-il dans le dossier de presse.
S'inspirer de l'Europe
Semaines de congés payés en Italie, système scolaire modèle en Finlande, université gratuite en Slovénie, organisation du travail en Allemagne, dépénalisation des drogues au Portugal, prison plus humaine en Norvège, place accordée aux femmes en Islande... : Michael Moore s'extasie devant ces initiatives et les compare à une situation américaine qu'il juge souvent peu reluisante sur ces sujets. Jouant les ingénus, multipliant les questions, le réalisateur controversé va à la rencontre de divers interlocuteurs, du président slovène au ministre portugais de la Santé, en passant par des prisonniers norvégiens.Les cantines françaises et les cours d'éducation sexuelle !
En France, ce sont les repas équilibrés dans les cantines scolaires et l'éducation sexuelle qui retiennent son attention. Casquette de base-ball vissée sur la tête et baskets aux pieds à son habitude, Michael Moore se rend dans une école de Normandie, où il se fait détailler les menus qu'il juge gastronomiques. Il s'extasie devant la variété de fromages proposés, s'étonne que les enfants ne boivent que de l'eau à table et suscite leur dégoût en leur montrant des photos de repas des petits Américains. "Vous ne buvez pas de Coca Cola?", leur demande-t-il, les incitant dans une scène cocasse à s'adonner aux boissons sucrées. Le réalisateur s'intéresse ensuite à l'éducation sexuelle des jeunes Français au collège, qu'il compare à l'abstinence prônée dans un certain nombre d'écoles américaines.Dans ce documentaire au rythme enlevé, qui passe d'une idée à l'autre avec graphiques ou images d'archives à l'appui, Michael Moore continue comme dans ses précédents opus à pointer les travers de la société américaine, souvent avec humour mais en forçant le trait.Bousculer les Etats-Unis
Des coûts prohibitifs du système universitaire en passant par la malbouffe ou l'inefficacité du système carcéral, les Etats-Unis en prennent pour leur grade. Connu pour ses documentaires engagés à gauche et détracteur acharné de l'administration de George W. Bush dans les années 2000, Michael Moore a été plusieurs fois récompensé."Bowling for Columbine", sur l'industrie de l'armement aux Etats-Unis, a reçu l'Oscar du meilleur documentaire et le César du meilleur film étranger en 2003. "Farenheit 9/11", vive critique de l'administration Bush et de la diplomatie américaine, a été couronné par la Palme d'or à Cannes en 2004. "Where to invade next" est son premier film depuis "Capitalism: A love story" en 2009, sur la crise financière de 2007 et les dérapages du système capitaliste.
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