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EbranlĂ© par des dettes abyssales, le gĂ©ant britannique des salles obscures Cineworld dĂ©pose le bilan aux États-Unis

Au bord de la faillite, Cineworld, deuxiÚme chaßne de cinémas au monde, a annoncé mercredi déposer le bilan aux Etats-Unis afin de restructurer son passif et de tenter de trouver de nouvelles liquidités en pleine crise des salles obscures.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Cinéma Cineworld à Londres (Grande-Bretagne). (JUSTIN TALLIS / AFP)

DeuxiÚme chaßne de cinémas mondiale aprÚs l'américain AMC, Cineworld a annoncé mercredi 7 septembre déposer le bilan aux Etats-Unis afin de restructurer son passif et de tenter de trouver de nouvelles liquidités en pleine crise des salles obscures. "Cineworld et certaines de ses filiales ont démarré une procédure de mise sous la protection de la loi sur les faillites au tribunal fédéral des faillites du district sud du Texas", selon un communiqué de l'entreprise britannique.

Le groupe compte sur le soutien de ses crĂ©anciers pour se dĂ©sendetter, solidifier ses comptes et accĂ©lĂ©rer sa stratĂ©gie, qui vise notamment Ă  moderniser et amĂ©liorer ses cinĂ©mas, ajoute-t-il dans ce communiquĂ© publiĂ© Ă  la Bourse de Londres. "La pandĂ©mie a Ă©tĂ© une pĂ©riode incroyablement difficile pour notre entreprise, avec la fermeture forcĂ©e des cinĂ©mas et une Ă©norme perturbation des programmations de films qui nous ont conduits au point oĂč nous en sommes", selon le directeur gĂ©nĂ©ral de Cineworld, Mooky Greidinger.

Une action qui s'effondre 

Le groupe britannique assure que ses activitĂ©s continueront sans interruption pendant sa rĂ©organisation et prĂ©cise qu'il bĂ©nĂ©ficie de liquiditĂ©s de 1,94 milliard de dollars de ses crĂ©anciers pour y parvenir. Cineworld espĂšre sortir "au cours du premier trimestre 2023" de cette procĂ©dure qui concerne ses entitĂ©s aux États-Unis, au Royaume-Uni et Ă  Jersey, tandis que ses filiales ailleurs dans le monde sont pas concernĂ©es.

Cette restructuration va se traduire, comme le groupe l'avait déjà annoncé, par une dilution importante de la valeur de ses actions, une information qui avait fait s'effondrer son cours à la Bourse de Londres il y a quelques semaines. Son titre ne valait plus que 4,29 pence le 7 septembre, en hausse de 10% sur la séance boursiÚre. Il s'est écroulé de 87% depuis le début de l'année.

Pour Eric Snyder, spécialiste des faillites au cabinet Wilk Auslander, les créanciers "ne donnent pas beaucoup de temps" à l'entreprise pour se réorganiser ou prendre la décision de se vendre. Cineworld ne dispose pas de la manne financiÚre de sa concurrente américaine AMC, qui a profité de l'engouement des boursicoteurs pour lever de l'argent frais, remarque le spécialiste.

Manque de blockbusters

Le groupe, qui gĂšre plus de 9.000 Ă©crans sur 751 sites dans 10 pays, notamment sous les marques Cineworld et Picturehouse au Royaume-Uni et en Irlande ou encore Regal Cinemas aux États-Unis, a dĂ©plorĂ© fin aoĂ»t une reprise de la demande plus lente que prĂ©vu depuis la rĂ©ouverture des salles post-confinement, que Cineworld attribue Ă  un manque de "blockbusters", ces films Ă  grosses entrĂ©es.

Si le groupe a pris la pandĂ©mie de plein fouet, son ambition dĂ©mesurĂ©e avec une accumulation de montagnes de dettes, pour payer notamment l'achat de la chaĂźne amĂ©ricaine Regal, a contribuĂ© Ă  sa perte. Cineworld avait rachetĂ© Regal Entertainment en 2018 pour quelque 5,8 milliards de dollars et avait en outre tentĂ© dĂšs l'annĂ©e suivante, malgrĂ© son endettement dĂ©jĂ  lourd, de mettre la main sur la chaĂźne canadienne Cineplex. La fusion Ă©tait ensuite tombĂ©e Ă  l'eau et le groupe s'Ă©tait vu infliger une lourde amende par un tribunal de l'Ontario lui ordonnant de payer prĂšs de 1,3 milliard de dollars canadiens de dommages et intĂ©rĂȘts Ă  Cineplex. Cineworld a fait appel.

Une montagne de dettes

L'an dernier, Cineworld avait divisé par cinq sa perte massive de 2,7 milliards de dollars enregistrée en 2020, au plus fort de la pandémie, profitant notamment fin 2021 du succÚs de Spider-Man, sans toutefois revenir aux niveaux pré-Covid. Mais la dette du groupe avait encore enflé, à 8,9 milliards de dollars.

Un film comme Top Gun: Maverick, qui a déjà récolté quelque 1,4 milliard de dollars au box-office cette année, a redonné espoir dans une renaissance du grand écran. Mais si d'autres grosses machines comme Mission Impossible 7 ou Avatar 2 sont attendues d'ici à la fin de l'année, les observateurs estiment que ce ne sera pas encore suffisant.

"Prendre le temps d'aller au cinéma, pour un film qui dure deux ou trois heures, et y dépenser 20 ou 25 dollars, n'est plus une activité attractive pour de nombreuses personnes, en particulier les plus jeunes", remarque ainsi Eric Snyder.

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