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Eddy Mitchell se lâche dans le JDD : morceaux choisis, garantis sans langue de bois

Il est à l'affiche de la comédie "Les vieux fourneaux" qui sort mercredi. Dans une interview au "Journal du Dimanche" sur le cinéma, il s'est confié avec une franchise désarmante - et souvent hilarante. De son ami Johnny Hallyday au film "La La Land", de Godard à Mocky, il distille confidences et souvenirs avec une langue parfois bien acérée... et étrille méchamment Emma Stone. Morceaux choisis.
Article rédigé par franceinfo - Annie Yanbékian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Le chanteur et acteur Eddy Mitchell à la 43e cérémonie des César, le 2 mars 2018
 (Michel Euler / AP / Sipa)

L'intégralité de l'interview a été publiée dimanche 19 août dans la version papier du "JDD".

  • Sur Johnny Hallyday et le cinéma

Johnny, les films et moi, ça faisait trois ! Lui était fan de blockbusters façon "Transformers", moi je préfère Elia Kazan. Johnny était un acteur plutôt laborieux, pas franchement sûr de lui mais travailleur. Un mélange entre Sim et Gary Cooper, et un disciple de l’Actors Studio. Elle me fait bien rigoler, moi, cette technique de jeu : pour réussir à dire "bonjour", il faut passer dix ans à se triturer les lèvres en écoutant sa petite voix intérieure…
 

  • Sur les comédies musicales, "La La Land" et Emma Stone

Pour moi, le genre [ndlr : des comédies musicales] se résume à Fred Astaire, un peu Gene Kelly et après, bonsoir ! Et ne me parlez pas de "La La Land" de Damien Chazelle, cet immense nanar ! Le film m'a fait mourir de rire : Emma Stone est moche comme un pou, Ryan Gosling a les pieds plats. On n'espère qu'une chose : qu'ils ne fassent pas d'enfants !
 

  • Sur Jean-Pierre Mocky, "le seul réalisateur à qui [il a] voulu casser la tête"

Lors du tournage d'"À mort l'arbitre" [1983], je devais jouer une scène assez risquée, mais le cascadeur censé me doubler était absent. Mocky me lance : "Vas-y, tu peux le faire, t'es un grand garçon." Je refuse, il insiste et finalement je cède, et là, il lance à son assistant : "Je l'ai eu, l'enflure !" J'étais hors de moi. "Disparaissez, je ne veux plus vous voir ! Vous direz 'Moteur !' depuis le métro d'à côté !" J'ai réussi à le faire interdire de plateau pendant trois jours. Il donnait ses instructions de loin, et tout le monde était cool. On s'est vite rabibochés avec Jean-Pierre, mais il a un problème : quand il tourne, il pense déjà au prochain film, alors il veut aller trop vite.


  • Sur Godard et le cinéma d'auteur

Je regrette qu'au pays de la Nouvelle Vague, on ait toujours autant de mal à concilier ambition d'auteur et dimension populaire. Une fracture très française. Les réalisateurs nombrilistes qui se regardent penser m'ennuient profondément. C'est du cinéma stylo, pire que du Godard (...) Si cet homme fait du cinéma, alors moi je suis la femme à barbe ! Son seul apport au septième art est d'avoir inventé l'ellipse. Pour le reste, Godard, c'est un compte en banque en Suisse.


  • Sur la piété et la sobriété de William Hurt

Sur le plateau de "Jusqu'au bout du monde", de Wim Wenders [1991], les relations avec William Hurt étaient un peu tendues. Il allait tous les matins à l'église, et voulait que le reste de l'équipe le suive. Très peu pour moi : j'ai autre chose à faire que de prier le Seigneur avant de jouer ! Un jour, alors que je demandais un verre de vin pour accompagner mon saumon en papillote, je le vois se lever : "On ne consomme pas d'alcool sur un tournage." On a eu un petit échange cordial, lui et moi. "Toi, tu bois ce que tu veux, moi, c'est du blanc." Et là, tous mes compatriotes acteurs et techniciens se sont levés pour crier : "Vive la France !"
 

  • Sur une éventuelle envie de réaliser des films

Comme disait Robert Mitchum, "arriver le premier et partir le dernier sur un plateau, c'est chiant". Par contre j'ai réalisé en 1987 une pub pour les bonbons Haribo, d'ailleurs récompensée au Festival de la publicité de New York. Mais c'était du vol : pour deux jours de travail, j'ai été mieux payé que pour un long métrage. Vu le montant du cachet, je me suis demandé si j'allais continuer à chanter.

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