En Bretagne, l’acteur de cinéma muet Joseph Jiquel Lanoë sort de l’oubli

Au début du 20e siècle, Joseph Jiquel Lanoë, originaire de Vannes dans le Morbihan, a tourné dans une centaine de films à Hollywood. Des passionnés de cinéma de sa commune natale lui ont rendu hommage avec un ciné-concert.
Article rédigé par Véronique Dalmaz
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Joseph Jiquel Lanoë est au centre de cette scène d'un film tourné à Hollywood, au siècle dernier, dans les années 20 (Cinécran)

Une carrière aux Etats-Unis. Beaucoup de comédiens en rêvent. Joseph Jiquel Lanoë, né en 1875 à Vannes, avait réussi à se faire une place. Il a participé à la naissance du 7e art. Tombé dans l’oubli, l’association Cinécran a souhaité le réhabiliter en lui consacrant un spectacle.

- Comédien du cinéma muet oublié
Un ciné-concert en hommage à Joseph Jiquel Lanoë - Comédien du cinéma muet oublié (France 3 Bretagne)

"Il a fréquenté les plus grands comédiens de l'époque" 

Ce soir-là, Joseph Jiquel Lanoë est à nouveau sur grand écran. Près de 300 spectateurs le découvrent comme le public américain il y a un peu plus d’un siècle. Le jeune Joseph est parti aux Etats-Unis alors qu’il avait une vingtaine d’années. Il tournera dans plus de 100 films entre 1912 et 1923. "Joseph Jiquel Lanoë a participé et a contribué pleinement à l’essor des studios hollywoodiens puisqu’il a fréquenté les plus grands comédiens de l’époque. Il est là quand Chaplin arrive et commence à être connu par le grand public. Il est là quand David Wark Griffith et Mack Sennet, qui sont les stars de la réalisation à l’époque, participent à faire d’Hollywood ce qu’il est devenu aujourd’hui" rapporte Olivier Calonnec, directeur de l'association Cinécran.

Sur la scène du Palais des Arts, quelques-uns de ses films retrouvés par Cinécran sont projetés. Des courts métrages de 8 à 10 minutes accompagnés, comme à l’époque du cinéma muet, par des musiciens: une flûtiste, une violoncelliste et une pianiste du Conservatoire. La bande-son a été imaginée par le compositeur breton, Etienne Chouzier, lui aussi originaire de Vannes. "Cela permet de faire dire des choses à l’image, qu’on ne voit peut-être pas à première vue. Il peut y avoir deux plans avec quelque chose qui se passe en arrière et en premier plan. Musicalement, c’est à moi de choisir lequel des deux je mets en avant. Franchement, cela change la vision du spectateur" explique-t-il. Des textes lus pendant le spectacle éclairent également le public sur le parcours de Joseph Jiquel Lanoë.

Son homosexualité lui a peut-être porté préjudice

Dans la salle, des lycéens qui assistent à ce ciné-concert sont sous le charme. "Moi qui veux être actrice, c’est très inspirant", réagit une lycéenne. "Il y a plus de cent ans d’écart avec le cinéma d’aujourd’hui. Du coup, la technologie a évolué. Au début c’était de moins bonne qualité, l’image tremblait. Il pouvait y avoir des petits problèmes au niveau de la caméra. Mais ce n’était vraiment pas dérangeant. C’était même spectaculaire à cette époque, révolutionnaire", s’enthousiasme un autre lycéen. Joseph Jiquel Lanoë est décédé en 1948, à Papeete (Tahiti), à l’âge de 72 ans.

Comment un tel personnage a pu disparaître de la mémoire collective ? Son homosexualité a sans doute joué un rôle. La ville de Vannes envisage de donner son nom à une rue. Un happy end comme les Américains les aiment.

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