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Essai : "Hollywood Connection, l'histoire vraie du crime organisé à Hollywood"

"Hollywood Connection" de Michael Munn aux éditions Vuibert, est l’excellent complément de "La Mafia à Hollywood" de Tim Adler ou de" Hollywood Babylone" de Kenneth Anger, récemment réédité. Une plongée dans la face cachée de l’usine à rêve, avec comme invités, Al Capone, Lucky Luciano et des stars pas toujours blanc bleu…
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Al Capone en 1930
 (- / UPI / AFP)

Michael Munn, journaliste spécialisé dans le cinéma, a recueilli au fil des années des témoignages divers et très riches autour de ce thème majeur qu’est l’intéraction entre la mafia et Hollywood, une vieille histoire qui remonte aux années 20 et qui persista pendant longtemps. Jusqu’à aujourd’hui ?

Peut-être pas, le rapprochement semble s’être tari à partir des années 70, avec de moins en moins d’influence, mais il s’est perpétué longtemps dans différentes sphères de l’industrie du cinéma. Michael Mumm s’attache dans ses premiers chapitres à planter le décor. Celui de la pègre des années 20 qui voit dans la prohibition l’aubaine de développer un trafic d’alcool à grande échelle qui va être son fonds de commerce, à l’origine de son implantation durable.

Lucky Luciano  en 1954
 (- / AFP)
Deux noms dominent : Al Capone, à la tête de Chicago, et Lucky Luciano, à New York. Les deux hommes se détestent et vont se livrer une lutte sans merci pour imposer leur domination. L’industrie du cinéma n’est pas une priorité pour eux, ils ont bien d’autres chats à fouetter. Luciano est le premier à voir le potentiel à en tirer. D’abord en s’assurant de contrôler le trafic d’alcool, et surtout de drogue, à Los Angeles. Mais aussi en mettant la mainmise sur les hôtels et restaurants locaux. Capone s’y intéressera bien plus tard, puis emprisonnés, ses sbires seront sur le coup.

Mais l’influence de la mafia va vite prendre un autre jour. Des acteurs bien connus vont entrer dans la danse. En premier lieu George Raft qui fut, à priori, le lien entre Luciano, à New York, et Los Angeles. Dans son sillage Cary Grant et Jean Harlow, qui souffrit pendant des années de la domination de son beau-père Marino Bello, lié au milieu, celui-ci n’hésitant pas à la mettre « entre les mains » de personnes influentes pour faire évoluer sa carrière et en tirer tous les profits. Plus tard, Marilyn Monroe ne pourra échapper à un semblable circuit.

Le plus important viendra de l’influence directe sur l’« industrie » par le biais des syndicats de techniciens (projectionnistes, métiers de plateaux, figuration...) pris en main par les mafieux pour racketter les studios. Les menaces sur les tournages et les projections fusent, pour soutirer le maximum de la Paramount, la Warner, la Fox… Le manège durera longtemps, avant que divers revirements y mettent fin.
"Hollywood Connection" : couverture
 (La Librairie Vuibert)

Michael Munn met bien à plat ce système et ses aléas. Mais pas facile de s’y retrouver, en raison de tous ces noms de gangsters qui se succèdent, avec leur surnoms : il faut suivre. Parmi eux domine, outre les Capone et Luciano, celui de Ben « Bugsy » Siegel, tueur implacable à la solde de Luciano, ami de jeunesse de George Raft, et initiateur de la création de Las Vegas comme capital du jeu. Le nom de Sinatra apparaît également souvent et les politiques ne sont pas épargnés.

Michael Munn couvre les liens entre la mafia et Hollywood des années 20 au seuil des années 70 avec profondeur et détails. « La Mafia à Hollywood » de Tim Adler poursuit l’histoire jusque sur le plateau du « Parrain » de Coppola, sur lequel figuraient de vrais mafieux. C’est pourquoi, entre autres, les ouvrages sont complémentaires, Michael Munn se fendant par ailleurs d’anecdotes passionnantes et argumentées sur Jean Harlow, ou George Raft, pierres angulaires de la mainmise mafieuse sur Hollywood. 

Hollywood Connection - L'histoire vraie du crime organisé à Hollywood
Michael Munn
Editions : La Librairie Vuibert

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