Exception culturelle : Barroso a-t-il traité la France de "réactionnaire" ?
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a critiqué lundi la volonté de la France d'exclure les secteurs de la télévision et du cinéma du mandat de négociations commerciales avec les Etats-Unis, qualifiant cette attitude de "réactionnaire", selon l’International Herald Tribune.
"Cela fait partie de ce programme anti-mondialisation que je considère comme totalement réactionnaire", a déclaré José Manuel Barroso dans un entretien publié le journal américain, sans citer de phrase visant directement la France.
François Hollande ne peut pas y croire
Alors que le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis estimait que M. Barroso devait "revenir sur ses propos ou partir !", le président François Hollande a affirmé qu'il ne voulait "pas croire" que le président de la Commission européenne ait pu qualifier la France de "réactionnaire".
Filippetti juge ces propos "inacceptables"
Aurélie Flilippetti s'est montrée moins diplomate : elle a jugé lundi lors d'une conférence de presse "consternants" et "inacceptables" les propos de M.Barroso. La ministre de la Culture y a vu "une attaque en règle contre tous ceux qui ont suivi la position française" et a estimé, lors de la même conférence de presse, que c'était la Commission européenne qui était "isolée dans sa logique ultralibérale".
"Notre position, elle n'est pas défensive, elle n'est pas conservatrice et encore moins réactionnaire, c'est une position résolument moderne", a-t-elle insisté. "Nous allons continuer notre mobilisation, il ne faut pas baisser la garde", a dit Mme Filippetti.
De son côté, le chef de file des députés UMP-PPE (centre-droit) au Parlement européen, Jean-Pierre Audy, a qualifié de "curieux" les propos de M.Barroso. "La Commission européenne ne fait que proposer et ce n'est pas elle qui décide. Il est curieux que le président de la Commission européenne fasse de tels commentaires après les positions politiques claires prises sur ce sujet tant par le Parlement européen que par les gouvernements des États membres", a-t-il dit.
Un porte-parole de la Commission tempère
Revenant sur ce sujet au cours d'un point de presse, un porte-parole de la Commission, Olivier Bailly, a affirmé, de son côté, que la remarque M. Barroso ne visait pas la France mais "ceux qui en parallèle ont lancé des attaques personnelles contre le président (Barroso), souvent violentes et injustifiées contre la Commission". Le porte-parole n'a pas précisé les artistes ou politiques qui étaient selon lui "réactionnaires".
Lors d'une conférence de presse la semaine dernière au Parlement européen à Strasbourg, le réalisateur Costa-Gavras avait estimé que "M. Barroso est un homme dangereux pour la culture européenne". L'eurodéputée Rachida Dati avait quant à elle exigé la démission de M. Barroso , estimant qu'il "se couche devant les Etats-Unis".
Aucune divergence, selon la Commission
"Le président Barroso a toujours affirmé son attachement à l'exception culturelle" et "il n'y a aucune divergence sur le fond entre la Commission et gouvernement français sur ce point", a affirmé son porte-parole.
Après treize heures de négociations ininterrompues, les ministres européens en charge du Commerce extérieur ont donné vendredi soir leur feu vert à la Commission européenne pour qu'elle lance les négociations avec les Etats-Unis sur un nouvel accord de libre-échange. Pour parvenir à l'unanimité, ils ont accepté, comme l'exigeait la France, d'exclure des discussions le cinéma, la télévision, internet et les contenus numériques.
Le commissaire européen au Commerce, qui représentera l'UE dans ces négociations, a insisté dimanche sur le fait que l'audiovisuel n'était exclu que "provisoirement" des discussions.
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