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Exposition Jean Cocteau cinéaste à la Cinémathèque

Courte, mais magnifique, l'exposition de la Cinémathèque française à Paris consacrée à Jean Cocteau cinéaste, jusqu'au 9 février , vaut le détour pour cette belle compilation de documents rares, rassemblés pour la commémoration du 50e anniversaire de la mort du poète, survenue le 11 octobre 1963
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Barbette dans Le Sang d'un poète. 1930. Photographie de Sacha Masour.
 (Sacha Masour, DR.)
Cinéma poétique
Poète, plasticien, romancier, essayiste,… Jean Cocteau s’est également exercé à maintes reprises au cinéma, dont il disait : "Vive la jeune muse cinéma, car elle permet de rendre l’irréalité réaliste !"

Il devait appliquer cette maxime dès 1930, avec sa première réalisation, "Le Sang d’un poète", où sa mise en scène des plus graphiques voyait le poète du titre traverser les mondes de ses turpitudes pour finalement atteindre son idéal. Film expérimental des débuts du parlant, le film se situe dans la continuité des surréalistes "Entr’actes" (1924) de René Clair, ou "Le Chien Andalou" (1929) et "L'Âge d'or" (1930) de de Luis Bunuel.
Cocteau empruntera par la suite des chemins moins avant-gardistes. Quoi que. En effet son diptyque "Orphée" et "Le Testament d’Orphée" adhèrent à une structure qui se désintéresse de la logique narrative au profit d’évocations plus picturales que dialoguées. Aussi l’invention de l’image est-elle au premier plan, avec ces hommes chevaux, par exemple, dessinés par Cocteau et réalisés par Janine Janet, dont un des costumes, splendide, est exposé à la cinémathèque.
Maquette de l’affiche de La Belle et la Bête, Jean-Denis Malclès,
 (ADAGP, Paris 2013)
Touche à tout du cinéma
Il revient à la réalisation en 1945, avec ce qui demeure son film le plus connu : "La Belle et la bête", adaptation du conte de madame Leprince de Beaumont, sans doute la meilleure transcription d’un conte à l’écran, avec Jean Marais et Josette Day. Peu de temps avant, Jean Cocteau signe le scénario de "L’Eternel retour" (1943) de Jean Delanoy, d’après la légende de "Tristan et Yseult", et cosigne avec Robert Bresson celui des "Dames du bois de Boulogne" (1945), d’après Denis Diderot, que Bresson réalise.
Cocteau ne cessera de travailler pour le cinéma comme auteur, scénariste et dialoguiste, sur des films comme "Ruy Blas" (1947, Pierre Billon), "Les Enfants terribles" (1949, Jean-Pierre Melville), "Thomas l’imposteur" (1964, Georges Franju)… Il ne laisse toutefois pas tomber la mise en scène, réalisant en 1947 "L’Aigle à deux tête", d’après sa pièce de théâtre éponyme, avec Jean Marais et Edwige Feuillère, "Les Parents terribles" en 1948, dont il signe le scénario et les dialogues,  "Orphée" (1950) dont il est également scénariste, « Le Testament d’Orphée » (1960), dont il cosigne la réalisation avec Jacques Pinoteau, restant toujours auteur du script, ce film constituant sa dernière contribution au cinéma.
Immortel
La présence du poète perdure après sa mort. En 1981, Michelangelo Antonioni adapte pour la télévision italienne "L’Aigle à deux têtes" sous le titre "Le Mystère Oberwald", avec Monica Vitti, Pedro Almodovar le crédite au scénario de "Femmes au bord de la crise de nerfs", et dernièrement Arielle Dombasle a adapté "Opium", de Jean Cocteau, au cinéma.
Costume de l'homme-cheval porté par Daniel Moosman dans Le Testament d'Orphée.
	Jean Cocteau (conception) Janine Janet (réalisation). 1959.
 (ADAGP, Paris 2013 - Avec l'aimable autorisation de M. Pierre Bergé, président du Comité Jean Cocteau ; © photo S. Dabrowski – La Cinémathèque française.)
L’exposition s’arrête aux contributions directes de Cocteau au cinéma : réalisateur, scénariste, auteur… Beaucoup d’affiches de films, splendides, égrainent le parcours, ainsi que nombre de photographies, lettres et livres rares. Les costumes portés par Josette Day dans "La Belle et la bête", ou par Madeleine Sologne dans "L’Eternel retour" sont particulièrement beaux et touchants, tout comme celui de l’homme cheval du "Testament d’Orphée". A ne pas rater, d’autant que la durée de l’exposition n’est que d’un peu plus d'un mois, accompagnée d'une rétrospective de l'oeuvre cinématographique de Cocteau.

Jean Cocteau et le cinématographe
du 2 octobre au 9 février 2013
Cinémathèque française(Nouvelle fenêtre)
51, rue de Bercy - 75012 Paris

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