Fanny Ardant parle de son dernier film, "Les Beaux jours", et de la vieillesse
Dans "Les Beaux jours", adapté du roman de Fanny Chesnel, "Une jeune fille aux cheveux blancs", Fanny Ardant interprète Caroline, une dentiste jeune retraitée, marié à Philippe (Patrick Chesnais).
Je ne ressemble pas à mon personnage, dit Fanny Ardant
Caroline a une liaison avec Julien (Laurent Lafitte), qui a l’âge de ses filles, mariées et mères de famille. Julien est animateur au club de retraités de Dunkerque où elles ont inscrit Caroline pour l’aider à occuper ses journées.
"J'ai beaucoup aimé le rôle de Caroline, j'ai aimé suivre la courbe de sa vie, depuis ce qu'elle a au point de départ jusqu'au point d'arrivée", raconte Fanny Ardant.
"Je ne lui ressemble pas. C'est une femme solide, très ancrée dans la vie, avec un bon mari, une vraie famille, une maison. Elle est à la retraite parce qu'elle l'a décidé", poursuit l'actrice.
"Caroline n'est pas conformiste"
"C'est une femme dans ce moment de flottement qui suit toute cessation d'activité, comme un grand no man's land où elle ne sait pas ce qu'elle va faire. Sa marque de fabrique, c'est d'aimer la vie, d'être assez irréductible. On ne la met pas facilement au pas, elle n'est pas prisonnière des conventions."
Lorsque Caroline arrive dans ce club de retraités, elle déteste les activités de groupe (poterie, théâtre, informatique...) mais "elle rencontre des êtres humains (Jean-François Stevenin, Fanny Cottençon, Catherine Lachens, Alain Cauchi, Marie Rivière...). Et comme elle est curieuse de l'autre, qu'elle aime les gens, elle peut parler à n'importe qui, elle peut avoir une histoire d'amour avec un homme qui pourrait être son fils, elle n'est pas conformiste (...). Elle n'a pas peur de prendre des risques", analyse Fanny Ardant.
Un film sur comment chacun aborde l'amour
Dans le trio que Caroline forme avec son mari et son amant, il est surtout question de la façon dont chacun aborde la vie et l'amour. Le couple reste un mystère comme ce qui le fonde et le fait durer ou pas. Marion Vernoux met en scène les humains sans mélodrame. Personne ne se raconte d'histoires.
Julien est "un homme à femmes. Il regarde toutes les femmes", souligne la réalisatrice. Philippe, lui, ne lance pas d'ultimatum, "il voyage entre pudeur et élégance malgré la blessure lourde", dit Patrick Chesnais.
Fanny Ardant assure ne pas avoir changé de point de vue sur l'amour
Trente deux ans après "La femme d'à côté" de François Truffaut, où elle incarnait une femme sous l'emprise d'une passion dévorante, Fanny Ardant assure ne pas avoir changé de point de vue sur l'amour.
"L'âge n'a pas de prise là-dessus. Je ne pense pas que l'expérience serve à quoi que ce soit. L'amour n'a pas d'expérience, de sagesse, sinon ce n'est pas de l'amour. Je crois que j'ai très peu appris au fond. Ce que je croyais à 15 ans, je le crois encore, la vie ne m'a pas fait changer d'avis."
Et la vieillesse ? "C'est tout ce qui est inéluctable", dit-elle. "Il faut la prendre à bras le corps, c'est-à-dire qu'il ne faut écouter personne. Il faut la vivre comme si vous étiez un joueur de cartes assis à une table de poker. Jouez avec vos cartes mais n'écoutez pas les autres, c'est votre dernière partie."
"Il faut apprivoiser la vieillesse"
Elle poursuit, songeuse : "Ce qui me fait peur, c'est quand la maladie enlève l'esprit libre. Je suis sûre d'une chose, il faut apprivoiser la vieillesse, comme la mort." Le temps ne semble pas avoir de prise sur elle, mais "les jeux sont faits. Tout ce qui arrivera en plus c'est bien", lance-t-elle sans ciller.
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