"Fatima", de Philippe Faucon, Prix Louis-Delluc 2015
"C'est la continuation d'une belle histoire", a réagi Philippe Faucon, qui avoue avoir une "affection particulière pour ce film, parce que c'est une très belle rencontre avec ses interprètes principales, qui ont donné le plus fort d'elles mêmes à leurs personnages et à ce projet". Le réalisateur de 57 ans a rappelé que le film avait connu un "accueil très fort" à Cannes, où il était présenté dans la Quinzaine des Réalisateurs. "Les comédiennes ne s'y attendaient pas vraiment, parce que c'était une première pour tout le monde, elles ont été très émues, très touchées", a-t-il rappelé.
Adapté du livre autobiographique "Prière à la lune" (2006) de la Marocaine Fatima Elayoubi, le sixième film de Philippe Faucon raconte, dans un style épuré et sans pathos, la vie d'une immigrée algérienne, Fatima. Maîtrisant mal le français, elle élève seule ses deux filles, Souad (Kenza Noah Aïche), une adolescente révoltée et Nesrine (Zita Hanrot), qui débute des études de médecine.
"Ce qui m'intéressait, c'était de montrer ces femmes qui n'ont pas beaucoup de place sur les écrans, qu'on ne voit pas très souvent, et de raconter cette espèce d'entêtement, d'obstination, ce quotidien qui est le leur", avait expliqué à l'AFP le réalisateur au dernier Festival de Cannes. "Ce sont des situations qui m'intéressent parce qu'elles me renvoient à ma propre histoire familiale", avait précisé le cinéaste né au Maroc, dont les grands-parents ne parlaient pas le français.
La ministre de la Culture Fleur Pellerin a salué sur twitter "un film lumineux sur l'immigration et l'intégration". Huit films étaient en compétition: "Fatima", "La Loi du marché" de Stéphane Brizé, Marguerite" de Xavier Giannoli, "L'Image manquante" de Rithy Panh, "Comme un avion" de Bruno Podalydès, "Le Dos rouge" d'Antoine Barraud, "L'Ombre des femmes" de Philippe Garrel et "Trois souvenirs de ma jeunesse" d'Arnaud Desplechin.
Un film à contre-courant
Le jury, présidé par l'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob, a fait le choix d'un film d'auteur. "C'est tout l'inverse des croyances qui prédominent aujourd'hui dans le financement des films", note Philippe Faucon dans le dossier de presse: "scénario béton, casting porteur etc. Ici le scénario n'est pas bétonné, il est ouvert".Ce film interprété par une non professionnelle et deux jeunes comédiennes, en partie sous-titré, a séduit depuis sa sortie le 7 octobre 255.578 spectateurs, selon les chiffres de CBO Box office. "Fatima" succède à "Sils Maria" d'Olivier Assayas, avec Juliette Binoche et Kristen Stewart.
Le prix Louis-Delluc du premier film pour "Le Grand jeu" de Nicolas Pariser
Le prix Louis-Delluc du premier film, également décerné mercredi, a récompensé "Le Grand jeu", un thriller politique de Nicolas Pariser, qui sort ce mercredi. L'affaire de Tarnac - un serpent de mer judiciaire qui concerne l'éventuelle qualification terroriste des actes de sabotage des lignes de TGV commis par huit militants libertaires, dont Julient Coupat - - en fournit le fil conducteur.Le film, qui débute comme un polar, dresse avec subtilité le portrait d'une génération désenchantée. Il part pour cela du personnage de Pierre Blum (Melvil Poupaud), un écrivain en panne d'inspiration. Il est séduit par un énigmatique "homme de réseau" (André Dussolier), qui lui propose d'écrire un livre dans le cadre d'une sombre manigance politique.
Nicolas Pariser, qui a été critique de cinéma, dirige finement ses acteurs, tous très justes (Melvil Poupaud, André Dussolier, Clémence Poésy et Sophie Cattani). Le film "mêle habilement politique et littérature", a estimé Le Monde mercredi tandis que Le Figaro saluait un film "aussi singulier qu'ambitieux".
Créé en 1937, le prix Louis-Delluc, souvent considéré comme le "Goncourt du cinéma", est attribué par un jury composé d'une vingtaine de critiques et personnalités, sous la houlette de Gilles Jacob
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