"Fatima" : Mustapha Kharmoudi, confidences d'un écrivain-consultant engagé
L’argument :
Fatima vit seule avec ses deux filles : Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont sa fierté, son moteur, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu'il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles.
Reportage : I. Brunnarius / F. Ménestret / M. Bensmail
"J’ai tout de suite compris que c’était du Philippe Faucon mais aussi quelque chose de plus profond en rapport avec la Société. Nous montrer une femme avec ses deux filles qui se bat dans la vie, cela change de la manière dont on nous présente l’immigration dans la presse et les médias", explique Mustapha Kharmoudi. Ayant travaillé à plusieurs reprises avec le réalisateur, notamment sur le film "La Désintégration", "Fatima" lui a permis d’aller jusqu'au Festival de Cannes en 2015 pour la toute première fois de sa carrière. Le film avait alors été sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs.
Pendant le tournage, l'écrivain était présent pour aider les deux actrices ne parlant pas l'arabe. Il assistait aussi Soria Zeroual, la maman dans l'histoire, comédienne amatrice sélectionnée dans la catégorie "Meilleure Actrice" aux César : "J’étais souvent auprès de la scripte, au vue du metteur en scène et des acteurs. A chaque fin de scène, on me regardait pour savoir si la partie arabe était correcte", confie Mustapha Kharmoudi. C’est tout l’art de Philippe Faucon selon lui, savoir rendre une scène émouvante alors que deux femmes ne parlent pas la même langue.
Cet ancien directeur de la Maison de la Méditerranée à Belfort a publié de nombreux articles sur les questions liées à l'immigration et mais aussi de la poésie et des nouvelles dans plusieurs revues littéraires.
Après l'ascension fulgurante de "Fatima" depuis les César, Mustapha Kharmoudi se penche sur le nouveau long-métrage de son ami Philippe Faucon. Un film qui cette fois-ci, porte le nom d'un garçon : Amine.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.