Festival d'Annecy 2024 : "Flow", un film survivaliste animalier au visuel très léché

En compétition officielle au Festival international du film d'Annecy, "Flow" a remporté le Prix du Jury et le Prix du Public, s'imposant ainsi comme le long-métrage le plus primé de cette 62e édition. Le film avait également été présenté à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard.
Article rédigé par Neil Senot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Le chat est le protagoniste principal du film "Flow" réalisé par Gints Zilbalodis. (SACREBLEU PRODUCTIONS)

En 2019, Gints Zilbalodis avait impressionné le monde de l'animation en présentant au Festival d'Annecy son premier long-métrage Ailleurs, lauréat du Prix Contrechamp. Pour cause : le jeune cinéaste letton avait réalisé le film seul, son ordinateur pour seul compagnon.

Cinq ans plus, le réalisateur revient au Festival avec Flow. Présenté en compétition officielle, le film a cette fois-ci requis le travail d'une grande équipe et se démarque par un visuel inédit, hybridation entre l'animation et la cinématique des jeux vidéo. 

Flow est un film à hauteur d'animaux. Le personnage principal est un chat noir qui dort dans une maison abandonnée et passe ses journées, entre chasse et toilette, dans une nature luxuriante. Autour de lui, des chiens, des lapins, des cerfs. Son existence est bouleversée par une soudaine montée des eaux qui engloutit progressivement toutes les terres de son environnement. Pour survivre, il monte à bord d'un bateau dans lequel se trouve déjà un capybara. Ils sont rapidement rejoints par un labrador très joueur, un lémurien cleptomane et un héron rejeté par les siens. 

Une arche sans Noé 

L'intrigue de ce long-métrage survivaliste reprend volontiers le récit biblique du déluge. Une montée des eaux, un bateau comme seule chance de survie... Le matériau originel y est, mais la différence, dès le début du récit, s'impose.

Si les constructions humaines sont encore présentes et offrent de magnifiques décors en trois dimensions, les hommes semblent être complètement absents du monde de Flow. Pas d'aide de Noé donc et aucun besoin de celle-ci. Les animaux organisent seuls leur survie. 

Le héron et le labrador dans "Flow" de Gints Zilbalodis. (UFO PRODUCTIONS)

Conséquence de ce règne animal, le film ne comporte aucun dialogue. Si le personnage du chat attendrit indéniablement les spectateurs, sa caractérisation est très lointaine des traditionnels félins du monde de l'animation, notamment de l'animation japonaise. Tous les animaux du film se comportent exactement comme des animaux. Le chat miaule, prend peur, le chien aboie, frétille. Leurs mouvements, les sons qu'ils produisent créent un hyperréalisme rare qui surprend et permet de se projeter entièrement dans ce récit d'apocalypse.

Écologie et solidarité

Film construit autour d'un cataclysme, le scénario de Flow, notamment via l'absence totale d'humains, laisse à penser que les inondations ne sont que la suite de longues catastrophes climatiques. Sans jamais en montrer les causes – le film suit le périple des animaux uniquement à travers leurs regards –, Gints Zilbalodis pose un arrière-plan propre aux inquiétudes contemporaines, y répond en laissant la nature aux mains d'espèces domestiquées ou peu considérées par l'humanité.

Plus que de montrer que la vie peut se faire sans les hommes, Flow explore la possibilité d'une solidarité animale. Le long-métrage impressionne par sa technique, mais émeut aussi. Sans une parole, le réalisateur rend compte de l'évolution des relations entre les espèces. La bienveillance et l'entraide s'installent, les différences ne sont plus utilisées pour s'imposer mais pour le bénéfice du collectif. Une leçon cruciale de vivre ensemble.

Affiche du film "Flow", au cinéma le 30 octobre 2024. (UFO PRODUCTIONS)

La Fiche

Genre : Animation
Réalisateur : De Gints Zilbalodis
Pays : Belgique, France, Lettonie
Durée : 1h25
Sortie : 30 octobre 2024
Distribution : UFO Distribution 

Synopsis : Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l'eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.

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