Festival d'Annecy 2024 : "Slocum et moi", hommage à l'enfance et ode au voyage
En compétition officielle lors de cette 48e édition du Festival international du film d'animation d'Annecy, Slocum et moi a été présenté à Cannes en mai dernier. Un parcours dans la lignée de la carrière de Jean-François Laguionie, lauréat du Grand Prix à Annecy en 1965 et de la Palme d'or du court-métrage à Cannes en 1978. Figure majeure du cinéma d'animation français, le réalisateur de 84 ans livre avec ce nouveau film un récit intime – un "petit documentaire de sa vie" –, qui éclaire l'ensemble de son œuvre et ouvre la voie à la rêverie. La sortie est prévue pour le 29 janvier 2025.
L'histoire : François vit auprès de ses deux parents dans une banlieue pavillonnaire des bords de Marne. Âgé de onze ans, le jeune garçon est très solitaire. Il vit dans une famille aimante mais où le dialogue est rare. Un jour, il découvre des schémas de bateau sur le bureau de son père. Sans avoir prévenu personne, ce dernier entame la construction de la réplique du voilier de Joshua Slocum, premier homme à avoir fait le tour du monde en solitaire. La vie se met alors à tourner autour de ce surprenant projet et le rêve s'invite à la porte du pavillon.
France et enfance des années 1950
L'intrigue de Slocum et moi se déroule quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les tickets de rationnement sont encore d'usage et les paysages défilent à travers les fenêtres des Citroën 2CV. Chansons de bal musettes, catalogue Manufrance...
Sans mélancolie, Jean-François Laguionie recréé méticuleusement le cadre de vie de l'époque.
L'ambiance familiale est propre à cette époque aussi. Le film contient très peu de dialogues. "C'était une époque où on ne parlait pas aux enfants", explique le réalisateur. Mais loin d'être un récit silencieux, c'est la voix de François qui, comme une redistribution de la parole, s'impose à travers une narration hors caméra particulièrement touchante.
Du haut de ses onze ans, François évoque son quotidien avec drôlerie, conte volontiers ses premiers amours, mais pose surtout un regard d'enfant sur sa vie familiale. Slocum et moi interroge particulièrement la paternité. Un récit, en somme, entre père et mer.
Voyages immobiles
Construit dans le petit jardin d'un pavillon de banlieue, le bateau suscite l'imaginaire de chacun des personnages. François se plonge dans l'univers de la marine. Il dévore les livres de Joshua Slocum, dont certains passages sont insérés dans le récit, permettant ainsi de montrer la mer à l'écran. La simple possibilité d'une navigation future ouvre le champ des rêves, forge l'inspiration. François dessinait les bateaux par centaines. Soixante-dix ans plus tard, ne le fait-il pas encore ?
Plus qu'une grande épopée, le film est un voyage initiatique qui éclaire, en explorant la genèse de sa passion pour la mer, les précédentes réalisations de Jean-François Laguionie. Hommage à l'enfance et clin d'œil à la famille, le long-métrage fait aussi l'éloge du temps long, pose le chemin comme plus important que la destination. Il met également en scène l'artisanat, part centrale du travail du réalisateur, dont les films – quoique recourant à quelques technologies – gardent l'aspect du dessin fait main.
La fiche
Genre : Animation, Famille
Réalisateur : Jean-François Laguionie
Pays : France
Durée : 1h15
Avec : les voix de Elias Hauter, Grégory Gadebois, Coraly Zahonero
Sortie : 29 janvier 2025
Distribution : Gebeka Films
À partir de 8 ans
Synopsis : Début des années 50, sur les bords de Marne, François, un jeune garçon de 11 ans, découvre avec intérêt que ses parents entament, dans le petit jardin familial, la construction d'un bateau, réplique du voilier du célèbre marin Joshua Slocum.
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