Festival de Cannes 2024 : "Mad Max", d'un pari fou Ă une mythique saga post-apocalyptique
Il Ă©tait une fois George Miller. Avant de devenir le rĂ©alisateur de la saga post-apocalyptique que l'on ne prĂ©sente plus, il commence sa carriĂšre en tant que mĂ©decin. Ă la fin des annĂ©es 1970, il Ă©tait urgentiste dans une petite ville du Queensland. Il y soigne les accidentĂ©s de la route. Dans un pays comme l'Australie, oĂč l'on voue un culte Ă l'automobile, c'est un vĂ©ritable sport national. En parallĂšle de son travail de mĂ©decin, Miller est Ă©galement cinĂ©phile.
George Miller a dépensé ses économies pour financer et filmer Mad Max. Il sortira le film en 1979. Le pitch ? Un rodéo sauvage se déroulant sur les autoroutes de la banlieue de Melbourne. Un premier volet brutal et nihiliste qui révÚle son atout le plus fort : Mel Gibson.
Il apparaßt à l'écran dans le rÎle de Max Rockatansky, un policier amoureux de vengeance et veuf. L'ombre de Max continuera de planer des années durant sur le cinéma d'action. Le reste appartient à l'histoire.
"Mad Max 2", la consécration de la saga
La machine de George Miller est lancĂ©e. Trois ans aprĂšs son premier opus, il est attendu au tournant. Avec la suite, Mad Max : le dĂ©fi, sortie en 1982, il signe peut-ĂȘtre son magnum opus. Cette Ćuvre influencera le cinĂ©ma de science-fiction de la fin du XXe siĂšcle. Dans le monde George Miller, un bidon d'essence est au centre de tueries et des guerriers motorisĂ©s habillĂ©s de cuir s'entretuent dans un dĂ©sert Ă perte de vue.
La mise en scĂšne de Miller gagne en ampleur. Parmi les admirateurs de la saga, le rĂ©alisateur James Cameron. "Quand j'ai vu Mad Max 2 : le dĂ©fi, je me suis dit que Miller avait lu dans mon esprit", confiait le rĂ©alisateur d'Avatar au Figaro en avril dernier. "J'ai dit Ă mon voisin dans la salle que je ne connaissais pas : c'est gĂ©nial ! J'Ă©tais mordu de bagnoles, je faisais mĂȘme des courses de rue. J'ai crashĂ© beaucoup de voitures ! On retrouve cette adrĂ©naline dans Terminator." Ainsi, George Miller confirme son statut de pionnier de l'Ăąge d'or du cinĂ©ma australien.
"Mad Max 3", l'épisode mal aimé avec Tina Turner
L'épisode mal aimé de la saga sort en 1985. La civilisation est toujours en voie d'extinction aprÚs une guerre nucléaire mais, cette fois, Mel Gibson a les cheveux longs. Tina Turner, grande icÎne de la chanson rock, joue le rÎle d'Entité, figure emblématique de la ville de Bartertown, alimentée par du méthane.
De nombreuses choses sont reprochées à ce troisiÚme volet : par exemple, le fait que Max s'assagit, se prend d'une subite passion pour la défense des opprimés à en mettre un peu de cÎté de l'énergie et de la violence de Mad Max pour tomber dans une fiction édulcorée dépourvue de cette rage et de cette folie propres aux protagonistes proposés dans les deux précédents opus de George Miller.
Les duels à mort sous le "DÎme du tonnerre" n'ont pas l'adrénaline des courses-poursuites des deux premiers films. Le film souhaite offrir une nouvelle facette du monde post-apocalyptique, plus proche du blockbuster familial, dans laquelle les personnages secondaires prennent de l'importance. On s'éloigne des voitures létales et des routes bruyantes pour chercher à comprendre le fonctionnement d'un monde qui se reconstruit aprÚs des années d'anarchie.
"Fury Road", le symbole du renouveau de la saga
Les trois Mad Max se suivent, mais ne se ressemblent pas. Trente ans aprÚs sa derniÚre apparition à l'écran, Max Rockatansky est de retour. Sans Mel Gibson. Mad Max : Fury Road est présenté en ouverture du Festival de Cannes en 2015 et gagnera au passage six Oscars. Si, pour Scorsese, le cinéma est une réflexion sur le monde actuel, pour Miller, ce sont des camions-citernes qui foncent à toute allure. Le réalisateur, ùgé à ce moment de 70 ans, remet un coup d'accélérateur avec Fury Road. La course-poursuite reste la figure de style préférée du réalisateur.
Du mouvement, de l'action, de la vitesse. Dans ce film, c'est aprĂšs l'eau que tout le monde court, et non plus le pĂ©trole. Au total, 150 millions de dollars ont servi Ă produire ce film et ont permis au rĂ©alisateur de s'offrir les jouets de ses rĂȘves. Des vĂ©hicules customisĂ©s avec une panoplie d'accessoires (perches, lance-flammes, guitare Ă©lectrique, etc.). Combats Ă la mise en scĂšne spectaculaire sont au rendez-vous. Mad Max, interprĂ©tĂ© ici par Tom Hardy, joue surtout les faire-valoir. C'est Charlize Theron qui est au volant de ce film. Elle y joue le rĂŽle de Furiosa, une Amazone au crĂąne rasĂ©, amputĂ©e d'un bras.
Nous saurons mercredi 15 mai, jour de la premiÚre mondiale à Cannes de Furiosa avant sa sortie en salles le 22 mai, si George Miller a toujours de l'essence dans le moteur ou s'il est temps de couper le contact. Le réalisateur y raconte l'histoire de la jeunesse de son héroïne manchot, interprétée par Anya Taylor-Joy (connue pour ses nombreux rÎles dont celui dans la série Netflix Le Jeu de la dame), quand elle avait encore ses deux bras et déjà soif de vengeance. Tout sauf une promenade de santé à la vue des premiÚres images.
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