Festival de Cannes : derrière l'art et le glamour, le business
Majors ou petits labels viennent montrer aux acheteurs du monde entier des longs métrages dévoilés à Cannes et bien d'autres encore, qu'ils soient à l'étape du scénario, du tournage, en montage, en post-production ou achevés.
"C'est là où on montre nos nouveaux projets", un producteur.
Pour StudioCanal, un des principaux acteurs du secteur, c'est au Festival de Cannes que se réalisent 50% des ventes internationales. Au menu, cette année, des films britanniques ou français, des fictions ou de l'animation. Le producteur Alain Goldman ("La môme", "Paulette", "Avis de mistral"), viendra dévoiler 10 mn de "La french", film très attendu avec Jean Dujardin et Gilles Lelouche, qui sortira début décembre en France.
"C'est là où on montre nos nouveaux projets, et là aussi où on montre des films que des personnes ont achetés précédemment qu'ils soient en sélection ou pas", raconte Brahim Chioua, un des patrons de Wild Bunch, producteur et distributeur par exemple du dernier Godard, de "Welcome to New York" d'Abel Ferrara, inspiré par l'affaire DSK, et de la Palme 2013 "La vie d'Adèle".
12.000 participants au marché du film de Cannes
Le marché du film, ce sera cette année "plus de 12.000 participants", soit une nouvelle année de progression, se réjouit son patron, Jérôme Paillard. L'an dernier quelque 5.400 films y avaient été présentés pendant une dizaine de jours ! "La présence à Cannes est peut-être de plus en plus importante dans les périodes où les gens doivent aller chercher plus loin et de manière encore plus diverse leurs financements, leurs distributeurs etc", dit-il en évoquant "une internationalisation de plus en plus forte de la production des films".
De fait, les coproductions internationales sont légion, impliquant souvent la France, dont le système de financement du cinéma est imité à l'étranger. Cannes est aussi une terre de prospection pour de nombreux métiers du cinéma y compris les banquiers et autres établissements de crédits comme Cofiloisirs, entièrement spécialisé dans le cinéma. Adossé à ses deux grands actionnaires, la BNP et Neuflize-OBC, cet établissement fournit des avances de trésorerie aux producteurs pour monter leur projet, que ce soit au stade du scénario ou en amont du tournage, avant que les vrais financeurs (chaînes de télévision, distributeurs etc) interviennent, en général à la livraison. Ils soutiennent ainsi quelque 90 films par an, 12 à Cannes rien qu'en sélection officielle.
Evolution de l'économie du cinéma
Pendant le festival, ils organiseront une table ronde avec des producteurs européens pour étendre encore leur activité à l'étranger et compenser un marché français marqué par une baisse des tournages. Si la crise affecte toujours certains cinémas européens comme l'Espagne ou l'Italie, l'évolution de son modèle touche toute la filière. Déjà, le numérique permet aujourd'hui "de faire un film à petit budget sans que cela ait l'air d'être du Super 8", relève M. Paillard.
Ensuite "la vidéo s'effondre, la VoD ne démarre pas aussi vite qu'on l'espérait, la télévision achète beaucoup moins cher les films et l'accès dans les salles est devenu difficile dans de nombreux pays pour le cinéma indépendant", relève Jérôme Paillard. Crowdfunding, financements alternatifs ou privés, cinéma à la demande, projets transmedia etc. Le marché du film va inaugurer un nouveau pavillon "Next" pour réfléchir aux modèles de demain en matière de production, distribution ou exploitation.
De nouveaux modèles
En France, Alain Goldman vient de lancer avec une grande société de gestion, OTC Asset management, un fonds permettant à des particuliers d'investir dans le cinéma, avec avantage fiscal à la clé. "Une première", selon lui. Dans plusieurs pays européens existe le cinéma à la demande: via des sites webs spécialisés (www.ilikecinema.com en France, www.mypicturehouse, en Grande-Bretagne etc), les spectateurs peuvent voter en faveur du film qu'ils ont envie de voir dans une vraie salle parmi un large catalogue.
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