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Cannes 2019 : les frères Dardenne filment au plus près "Le Jeune Ahmed", un adolescent radicalisé

Deux fois Palme d’or, Luc et Jean-Pierre Dardenne présentaient lundi 20 mai à Cannes "Le Jeune Ahmed" sur la radicalisation islamiste d’un adolescent. 

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les acteurs  Idir Ben Addi et Othmane Moumen dans Le Jeune Ahmed de Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne (Copyright Christine Plenus / Diaphana Distribution)

Après leurs deux Palmes d’or, Rosetta en 1999 et L’Enfant en 2005, Luc et Jean-Pierre Dardenne briguent un troisième trophée avec Le Jeune Ahmed, où un adolescent de 13 ans agit sous l’influence d’un imam radicalisé en Belgique.

Adolescence radicale

Ahmed, 13 ans, est passé de la console de jeux au Coran, sous les yeux atterrés de sa mère et de sa grande sœur, musulmanes mais non pratiquantes. Il est assidu à la mosquée où un imam radicalisé le pousse sur la voie de l’extrémisme. Sous son emprise, il commet un acte de violence qui le mène dans un centre de rééducation. D’abord réfractaire à l’encadrement, aux tentatives de sa mère à le ramener à la raison, et à une jeune fille entreprenante, Ahmed, semble progressivement s’adoucir. Mais est-ce bien réel, ou une ruse pour tromper son entourage ?

Fidèle à leur thématique sociale, les frères Dardenne l’associent souvent à celle de la jeunesse, comme dans Rosetta, L’Enfant, ou Le Gamin au vélo. Intimement lié à l’adolescence, étape charnière de la formation à l’âge adulte, le processus de radicalisation islamiste observé en Occident recouvre toutes les classes sociales. Il touche notamment des individus souvent brillants dans leurs études. C’est le cas d’Ahmed, issu d’une famille monoparentale de classe moyenne.

Des paroles aux actes

Les cinéastes belges l'abordent à l’apogée de sa formation islamiste, prêt à passer à l’acte. Ayant des facilités intellectuelles, il passe peu de temps à étudier. Il ne pense qu’à ses cinq prières quotidiennes précédées d’ablutions, à apprendre des sourates, et quand on le recadre, il ne cesse de citer des versets du Coran pour se justifier. Ahmed est mûr, il fait partie des "bons musulmans" : il est prêt à passer à l’acte. Très bon choix des frères Dardenne de le prendre au moment de cette bascule, où la mauvaise interprétation d’un mot peut faire passer du verbe à la violence.

Le Festival de Cannes a découvert l'islamisme radical vu par les frères Dardenne
Le Festival de Cannes a découvert l'islamisme radical vu par les frères Dardenne Le Festival de Cannes a découvert l'islamisme radical vu par les frères Dardenne (France 3)


L'affiche de "Le Jeune Ahmed" de Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne (Diaphana Distribution)

Leur démonstration s’effectue selon l’esthétique réaliste propre à leur style. Ils préfèrent la fiction au documentaire, car elle permet d’écrire un cas d’école, selon la mise en scène qui convient à leurs yeux. Ils se sont rarement trompés. Comme de coutume, sans fioriture ni effets de manche, dirigeant toujours des acteurs non professionnels convaincants, ils perdent toutefois un peu d’émotion comparée à leurs précédents films. Mais leur conviction en un cinéma pur et leur efficacité font toujours mouche.

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne
Acteurs : Idir Ben Addi, Olivier Bonnaud, Myriem Akheddiou

Pays : Belgique / France
Durée : 1h24
Sortie : 22 mai 2019
Distributeur : Diaphana Distribution
Synopsis
 : En Belgique, le destin du Jeune Ahmed, 13 ans, pris entre le radicalisation de son imam et les appels de la vie.

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