Cannes 2019 : Sylvester Stallone offre une master-class sincère et drôle, on y était !
Sylvester Stallone est au festival pour présenter ce vendredi 24 mai en exclusivité des images de "Rambo V : Last Blood". Il en a profité pour offrir aux festivaliers une master-class où il se raconte avec humour et sincérité, devant une salle entièrement acquise.
Il fallait s’armer de patience (plus d’une heure d’attente devant le Palais de festivals pour les détenteurs d’un badge ou d’une invitation) pour assister à la master-class (sobrement appelée "Conversation") avec Sylvester Stallone. L’homme est arrivé dans la grande salle Bazin sous une pluie de bravos et de "Sylvester on t’aime", une véritable ovation. L’acteur de Rocky et de Rambo est visiblement touché par l’accueil et la reconnaissance.
Celle-ci se renouvelle un peu plus tard avec le message de Jean-Paul Belmondo transmis par l’animateur Didier Allouch. Grand fan de Stallone, "Bebel" a dédicacé une célèbre photo de lui en boxeur. Grand moment d’émotion. Interrogé par Allouch, Sylvester Stallone s’est livré presque deux heures durant, toujours simple, sincère, avec humour et une touchante autodérision.
La résilience
Il y a quelque chose qui est dans la nature de l’homme et qui est la résilience. Je suis très heureux de présenter cette attitude humaine qui consiste à se battre. Je ne me considère pas comme différent des autres. Nous connaissons tous l’échec, la défaite. Et on peut tous en parler. Mon témoignage en tant qu’homme normal peut toucher tout le monde. Si j’étais au-dessus des autres, ça n’intéressait personne. C’est une bataille constante. Rambo traite de l’aspect sombre de la nature humaine, Rocky cultive l’optimisme.
Une voix si grave
Mes débuts ont été très difficiles. Des doutes ? J’avais des problèmes physiques dans la bouche qui m’empêchaient de parler avec une locution normale. D’où cette voix très grave qui posait problème quand j’ai enregistré mes premières publicités. Comment faites-vous, me demandait-on ? Le plus drôle est qu’Arnold Schwarzenegger m’a demandé à l’époque si j’avais un accent (rires) ! On devrait avec Arnold ouvrir une école de diction (rires).
Le phénomène Rocky
Rocky est un phénomène des temps modernes. Sur le papier, c’était un échec annoncé : un acteur inconnu, un sujet – la boxe – qui n’intéressait personne. Seulement, il se basait sur l’idée qu’un homme est dans un parcours difficile et solitaire jusqu’à ce qu’il rencontre une femme et il renaît grâce à elle. La vie peut être un rêve, mais c’est aussi une lutte. On était en 1976, c’était l’année du bicentenaire des Etats-Unis, tout était très politisé à l’époque. Moi j’étais naïf, j’avais juste fait avec Rocky un film optimiste !
Rocky et Rambo, des films en séries…
J’ai été parfois critiqué pour avoir fait des suites à Rocky et c’est vrai que certains films étaient moins bons. Mais quand j’ai écrit Rocky, je l’ai conçu comme une série en trois parties ! Même chose pour Rambo. Qu’est-ce que ce personnage ? C’était une sorte de sauvage qui tuait tout le monde, enfants et femmes compris. Et si ce n’était pas un monstre mais un homme qui, revenant aux Etats-Unis, n’est aimé par personne ? Quand on rencontre ce personnage, il doit aller de l’avant. Certes, logiquement, Rambo aurait dû mourir. Mais on est en dehors de la logique. Je ne crois pas à la réalité unique, je crois qu’on peut créer sa propre réalité.
Un acteur limité à certains rôles
J’ai toujours su que j’étais limité comme acteur pour des raisons physiques. En cours de comédie, on apprend à être versatile, ce que je ne pouvais pas être. Aurions-nous pu par exemple échanger nos rôles, avec Dustin Hoffman ? Moi interpréter Tootsie et lui Rambo ? Je ne crois pas (rires) ! Je me suis simplement dit que j’allais mettre l’accent sur quelque chose qui me plaît. Que j’allais essayer de ne pas sortir de ce que j’aime faire… La mythologie par exemple me plaît. (…) Plus tard, j’ai fait Cop Land avec Harvey Keitel et Robert De Niro. C’était aussi pour montrer que je pouvais faire les deux types de rôles. Mais cela dit, ce n’est pas grave d’être identifié à certains rôles…
L’inspiration est partout
Il ne risque pas de manquer de sources d’inspiration autour de nous ! Tout le monde a des problèmes, des questions qui se posent ! Rien qu’en lisant le journal, il y a quatre idées de films qui me viennent par jour. Non, pas d’excuses, on peut toujours trouver !
Rambo et la politique
Rambo à l’origine, c’est une histoire intéressante sur l’aliénation. Puis j’ai fait des recherches et me suis rendu compte que les vétérans du Vietnam étaient dans une situation incroyable, que les suicides étaient nombreux parmi eux. Les gens peuvent s’identifier à cette situation de solitude. Après il y a une interprétation politique du thème de Rambo, mais moi-même je n’avais presque jamais voté à l’époque ! Je ne suis pas un homme politique, j’aime simplement les bonnes histoires. Un jour Ronald Reagan a dit qu’il aimait Rambo, et je me suis dit : mais il est républicain ! Je me suis rendu compte que je ne maîtrisais plus du tout la situation…
Le rapport au corps
J’ai l’impression que quand on commence à changer son corps parce qu’on l’a travaillé, ça change aussi votre personnalité. On devient narcissique ! C’est ainsi que j’ai abordé mon travail. Par exemple dans Cop Land, on me modifiant l’oreille, en la bouchant, je perdais mes repères, ça transformais mon jeu à l’intérieur. Ou dans le dernier Rambo, je devenais une véritable bête, un animal sauvage.
Rambo V : Last Blood, quelques anticipations
Rambo revient à la maison à la fin du dernier film. Il essaie de sauver le plus de gens possibles parce qu’il culpabilise d’être un survivant, il souffre donc d’un stress post-traumatique. Rambo a un beau ranch mais il vit littéralement sous terre. Il s’attache à une fille dont il va être un père de substitution. Que va-t-il faire ? S’il quitte sa propriété, il craint de perdre le contrôle…
Un héritage de Stallone ?
Je ne me suis jamais demandé s’il peut y avoir un héritage derrière moi. C’est au public de décider. Ou on laisse de bonnes choses ou bien non. Peut-être certains films resteront. Mais il ne faut jamais cesser d’avancer. J’ai encore des choses à prouver !
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