Cannes 2019 : "The Dead Don't Die" de Jim Jarmusch a ouvert le festival avec des zombies en or
Jim Jarmusch ouvre le 72e Festival de Cannes mardi avec "The Dead Don't Die", où Bill Murray, Adam Driver et Tilda Swinton affrontent des zombies dans un film au second degré et subversif.
The Dead Don't Die a ouvert le Festival de Cannes mardi, et est sorti en même temps dans 550 salles de cinéma en France. Le réalisateur Jim Jarmusch, habitué de la Croisette, met à l’honneur le cinéma de genre dans un film de zombies politique.
Politique et pop culture
Tout est calme à Centerville, bourgade de l’Amérique profonde. Jusqu’au jour où d’étranges phénomènes se produisent. Le soleil se couche à des heures incongrues, la Lune diffuse une étrange luminescence, les animaux disparaissent… Alors que la presse parle d’un changement de l’axe terrestre, les morts sortent de leur tombe et agressent les vivants pour s’en repaître, les transformant ainsi en zombies. Cliff (Bill Murray) et son adjoint Ronnie (Adam Driver) prennent la tête de la riposte avec l’aide d’une mystérieuse directrice des pompes funèbres (Tilda Swinton) aux pouvoirs subjuguants.
Jim Jarmusch connaît son cinéma de films de zombies sur le bout des ongles. A l’heure où la série Walking Dead fait un tabac, il revient aux sources du genre, La Nuit des morts-vivants de George A. Romero, qui, en 1968, avait fait l’effet d’une bombe.
Il emprunte à Romero un discours politique qu'il met en abîme dans son propre film. C’était les droits civiques et la guerre du Vietnam dans le film de 1968, c’est la crise climatique et le sur-consumérisme dans The Dead Don't Die. Ce dernier point était d’ailleurs tout le sujet de Zombie (1978) du même Romero. Que le réalisateur de Stranger than Paradise soit sensible à une telle approche n’est pas étonnant, au regard de son indépendance créatrice. Sa fascination pour la pop culture, auquel le cinéma d’horreur participe amplement, est à son tour cohérente avec son image de cinéaste "rock".
Donald Trump dans les coulisses
The Dead Don't Die n’est pas un grand film. Il se voit comme on prendrait le train fantôme : pour rire à se faire peur. A se faire peur, moins avec les zombies qu’avec la crise climatique, l’épuisement de la planète, la consommation à outrance, les nationalismes… que le film dénonce en creux. Le message passe, grâce à la mise en scène et la pléiade d’acteurs prestigieux qui se prêtent au jeu. Avec la caution de dénoncer une politique américaine, où se profile la figure omniprésente de Donald Trump en arrière-plan.
Conjointement à ses références à Romero et à la politique, Jarmusch parle aussi de cinéma. Dans son film il s'amuse avec son propre scénario, quand les personnages disent le connaître par avance ou non. Cet aspect du film fait écho au récent Convoi exceptionnel de Bertrand Tavernier, dont c’etait tout le sujet. Avec The Dead Don't Die, Jim Jarmusch joue des codes du cinéma de genre en égratignant au passage une politique américaine, voire une idéologie mondiale, qui met en danger la planète. Apocalyptique, mais certainement pas au palmarès attendu le 25 mai à Cannes.
La fiche
Genre : Fantastique
Réalisateur : Jim Jarmusch
Acteurs : Bill Muray, Adam Driver, Chloë Sevigny, Tilda Swinton, Danny Glover, Steve Buscemi, Tom Waits, Selena Gomez, Iggy Pop
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h43
Sortie : 14 mai 2019
Distributeur : Universal Pictures
Interdit aux moins de 12 ans
Synopsis : Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose cloche. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à avoir des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques sont inquiets. Mais personne ne pouvait prévoir l’évènement le plus étrange et dangereux qui allait s’abattre sur Centerville : les morts sortent de leurs tombes et s’attaquent sauvagement aux vivants pour s’en nourrir. La bataille pour la survie commence pour les habitants de la ville.
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