Festival de Cannes 2023 : Alex Lutz et Karin Viard passent "Une nuit" ardente et bavarde
Tout commence par une rame de métro. Une femme attend sur le quai et se précipite dans un wagon bondé. Elle bouscule violemment un passager qui lui fait bien comprendre qu’elle aurait pu s’excuser. S'ensuit une longue joute verbale entre les deux individus. "Vous êtes de la police du ton ?", lui lance la femme pressée devant les autres passagers. Une scène presque banale qui aurait pu s’arrêter là. Sauf que la suite va se poursuivre dans une cabine de photomaton où on les retrouve en train de faire l’amour. Drôle d’endroit pour une rencontre qui va durer toute Une nuit.
Présenté hors compétition en clôture d'Un certain Regard, le troisième long-métrage d'Alex Lutz co-écrit avec Karin Viard a provoqué une grande émotion au festival de Cannes. À la fin de la projection, de longs applaudissements ont acclamé l'équipe du film présente dans la salle. "C'est fou où ils arrivent à nous emmener" confie un spectateur.
Une fugue
Lui, c’est Aymeric (Alex Lutz). Elle, c’est Nathalie (Karine Viard). En apparence, tous les oppose. Elle n’est pas vraiment son "type" et elle lui dit assez vite que ça va s’arrêter là. Elle a une famille, lui aussi. Mais finalement, leur déambulation nocturne va les amener à se connaître et faire ressurgir la candeur de leurs 20 ans.
Construit comme un mille-feuille grâce à une très belle réalisation (malgré 14 jours de tournage seulement), le film oscille entre la comédie et le drame. "Nous voulions absolument tourner sur un temps court, créer un film en danger dans sa fabrication, je voulais que l’urgence soit perceptible à l’écran", indique Alex Lutz.
Karin Viard et Alex Lutz, lumineux de justesse et de complicité, offrent de beaux moments de grâce, de rires et de tendresse. Il y a des regards émus, des silences, des sourires fragiles, des envies assumées et des confessions intimes. Durant cette nuit, tout est permis. Une parenthèse trop rare qui laisse place aux choses que l'on n'ose pas dire, aux choses que l'on n'ose pas faire. "On est bien là, tous les deux, une petite récréation, une petite fugue", lance Aymeric.
Le jeu de l’amour et du hasard
Au milieu de plusieurs scènes très enlevées, d'autres, plus lentes et plus bavardes, pourraient décourager les spectateurs avides d'action ou de comédie. Assis sur un banc au bord de la Seine, Nathalie et Aymeric parlent, théorisent sur le désir, l’amour, l’alchimie, la disponibilité, la nostalgie des premières fois, et se livrent comme on ne peut le faire qu’avec un inconnu ou un très proche. "Être bien, c’est être en paix, être complet", affirme Aymeric.
Dans ce troisième film, Alex Lutz, n'hésite pas à intégrer des passages oniriques et poétiques. Il y a du jeu, de la fantaisie, mais aussi beaucoup de mélancolie. "Le couple est avant tout une expérience humaine. C’est un chantier en danger permanent, et c’est ce qui le rend passionnant et beau", explique Alex Lutz. Parsemée d'indices tout au long du récit, cette rencontre éphémère va révéler de lourds secrets que portent les personnages. Si la rencontre amoureuse a été maintes fois narrée au cinéma, on ressort d'Une Nuit comme dans un rêve, cherchant à recoller chaque morceau.
La fiche
Genre : comédie dramatique
Réalisateur : Alex Lutz
Acteurs : Alex Lutz, Karin Viard, Jérôme Pouly
Pays : France
Distributeur : Studiocanal
Durée : 1h30
Sortie : 5 juillet 2023
Synopsis : Paris, métro bondé, un soir comme les autres.
Une femme bouscule un homme, ils se disputent. Très vite, le courant électrique se transforme… en désir brûlant. Les deux inconnus sortent de la rame et font l’amour dans la cabine d’un photomaton.
La nuit, désormais, leur appartient.
Dans ce Paris aux rues désertées, aux heures étirées, faudra-t-il se dire au revoir ?
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