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Festival de Cannes 2023 : "Asteroid City" de Wes Anderson, en compétition, déroute jusqu'à l'exaspération

Wes Anderson réunit un casting incroyable dans un film sans queue ni tête revendiqué, qui a mis à bout plus d'un festivalier.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Scarlett Johansson dans "Asteroïd City" de Wes Anderson (2023). (POP. 87 PRODUCTIONS LLC)

"L'important n'est pas de comprendre mais que cela soit beau", disait Godard. D’accord. Si Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel) nous a habitués aux scénarios les plus tordus dans des mises en scène stylisées avec des castings cinq étoiles, il pousse le bouchon un peu loin dans Asteroid City qui brigue la Palme d'or.

Jusqu’ici tout va bien

En 1955, Asteroid City, ville champignon minuscule située au milieu d’un désert du sud-ouest des États-Unis, est célèbre pour son gigantesque cratère de météorite. Le temps d’un week-end, cinq enfants surdoués sont invités pour présenter leurs inventions, alors que nombre d’autres personnes se croisent dans la plus grande confusion. Quand arrive un vaisseau spatial avec un extraterrestre qui subtilise les restes du météore antédiluvien, tout ce beau monde est mis en quarantaine.

Wes Anderson plante son décor en partant d’une scène de théâtre où l’auteur de la pièce lance le récit en plusieur actes. Du noir et blanc et format carré de l’image, l’on passe à la couleur et au style graphique coutumier du réalisateur, sur fond de musique country qui ne quittera pratiquement plus le film. Jusqu’ici tout va bien. Quand les nombreux protagonistes débarquent, l’action devient de plus en plus confuse et volontairement incohérente, entre loufoquerie et exaspération. 

Clivant


Si l’on peut considérer le non-sens comme un des Beaux-Arts, celui d’Asteroid City peut irriter. Wes Anderson joue de cette provocation narrative pour bousculer les conventions et les spectateurs qui attendent des nombreuses stars du film de les faire rêver. Mais ils risquent de cauchemarder en subissant ce que répète à loisir un des personnages du film : "je ne comprends toujours pas la pièce".

Si l’on peut aimer ce genre subtil, il a aussi ses limites, et frôle ici le nombrilisme, voire le cynisme d’un entre soi clivant. On reconnaîtra la mise en images sophistiquée et chatoyante d’Asteroid City, nostalgique et caricaturale de l’âge d’or des années 50 américaines. Le glamour de la distribution et l’humour décalé qui le traverse charment tout autant. Mais le film risque de provoquer ce qu’un spectateur irrité a lancé en fin de projection : "je n’irai plus jamais voir un film de Wes Anderson".

L'affiche de "Asteroïd City" de Wes Anderson (2023). (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)

La fiche

Genre : Comédie
Réalisateur : Wes Anderson
Acteurs : Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Tilda Swinton, Adrian Brody, Margot Robbie, Ruper Friend, Matt Dillon
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h45
Sortie : 21 juin 2023
Distributeur : Universal Pictures International France

Synopsis : Asteroid City est une ville minuscule, en plein désert, dans le sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique à proximité. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions. À quelques kilomètres de là, par-delà les collines, on aperçoit des champignons atomiques provoqués par des essais nucléaires.

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