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Festival de Cannes 2023 : "L'Enlèvement" de Marco Bellocchio, en compétition, parle du catholicisme sous un jour peu connu

Palme d'honneur au Festival de Cannes 2021, on ne présente plus Marco Bellocchio, qui participe à la compétition au côté de deux autres compatriotes, Nanni Moretti et Alice Rohrwacher
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Enea Sala joue le petit Edgardo dans "L'Enlèvement" de Marco Bellocchio (2023). (IBC MOVIE / KAVAC FILM / AD VITAM PRODUCTION / THE MATCH FACTORY / ARTE FRANCE CINEMA)

Après une sélection en compétition 2019 avec Le Traître et avoir reçu une Palme d'honneur en 2021, Marco Bellocchio est en compétition avec L'Enlèvement, l'étrange histoire d’enlèvement d’un jeune garçon juif par l’Eglise catholique dans les années 1850-60 à Bologne, une pratique relativement courante à l’époque.

Couleur politique

A Bologne en 1858, les autorités interviennent sous l’ordre du cardinal chez la famille Mortara pour prendre leur fils Edgardo, au prétexte qu’il a été baptisé encore bébé à leur insu. La loi pontificale est péremptoire : il doit être éduqué dans l’Eglise catholique. Bouleversée, la famille contre-attaque en vain face à un Pape intransigeant, occupé à renforcer son pouvoir vacillant face à une opinion publique de plus en plus libérale.

Inspiré d’une histoire vraie, L'Enlèvement a le mérite de révéler auprès du plus grand nombre des pratiques de l’Eglise catholique peu connues, encore en cours au XIXe siècle. Scandaleux et abusifs, les enlèvements d’enfants arrachés à leur famille, convertis de force et parfois enrôlés dans le clergé, est révoltant. Marco Bellocchio s’empare de cette histoire incroyable en y mettant toute sa "foi", l’affaire Edgardo Mortara prenant une couleur politique, dans une Italie fin de siècle qui s’éloigne progressivement de l’emprise pontificale.

Précipitation

Marco Bellocchio choisit une caméra nerveuse et baigne de ténèbres cette histoire traumatisante, en prenant le point de vue de la famille Mortara. Il privilégie toutefois un peu trop l’émotion en la surlignant à répétition. L’on ne capte pas également tout à fait l’acharnement de l’Eglise à s’accaparer cet enfant, sans envergure particulière, hormis celle d’être le cadet d’une riche famille juive. L’image du Pape (Enea Sala), très présent dans la seconde partie, est aussi un peu trop diabolisée.

Aussi, le développement s’éternise trop en longueur, et l’issue inattendue du récit, une fois Edgardo devenu adulte, est moins maîtrisé dans sa mise en scène, un peu précipité. L'Enlèvement vaut donc principalement pour son sujet, la réalisation ne convaincant pas totalement, au regard de l’avis partagé de nombre de festivaliers.

La fiche

Genre : Drame historique
Réalisateur : Marco Bellocchio
Acteurs : Paolo Pierobon, Enea Sala, Leonardo Maltese, Fausto Russo Alesi, Barbara Ronchi, Fabrizio Gifuni
Pays : Italie / France / Allemagne
Durée : 2h15
Sortie : 25 octobre 2023
Distributeur : Ad Vitam

Synopsis : En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l'enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant...

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