Festival de Cannes 2024 : Isabelle Huppert et Hafsia Herzi à l'affiche de "La prisonnière de Bordeaux", un duo puissant d'épouses de détenus
La longueur de la file derrière l'Hotel Mariott, à Cannes, pour accéder au Théâtre Croisette où est projeté le film La prisonnière de Bordeaux à la Quinzaine des cinéastes, samedi 18 mai, donne une idée de l'attente qu'il suscite. D'autant qu'une rencontre avec la réalisatrice Patricia Mazuy et l'une des comédiennes, Isabelle Huppert, est prévue à l'issue de la projection.
Alma est une femme au bord du vide. Dans son hôtel particulier bordelais, elle s'ennuie ferme, si ce n'est sa visite hebdomadaire à la prison. Mina, elle, court entre ses parloirs à trois heures et demie de train, ses deux enfants et son travail de blanchisseuse dans un pressing de Narbonne. C'est dans la maison d'accueil du centre pénitentiaire que les deux femmes se rencontrent. L'une s'est trompée de jour pour sa visite et simule un malaise pour amadouer les gardiens, l'autre semble séduite par l'audace de sa voisine de parloir.
Deux milieux que tout oppose
Deux épouses, deux milieux sociaux que tout oppose. Elles ont beau fréquenter la même prison, l'une visite un braqueur de bijouterie, l'autre un neurologue réputé. Du rapprochement de ces deux contraires va naître une énergie libératrice.
L'amitié est d'emblée totale, sans demi-mesure. Très vite Alma invite Mina dans son immense maison, elle lui trouve un job de blanchisseuse dans la clinique de son mari et s'occupe de ses deux enfants. Les trois nouveaux venus sont loin de ce monde bourgeois et fortuné et on devine d'emblée les failles à venir. Le décalage est trop grand pour imaginer un avenir commun. Mais la rencontre fulgurante va pourtant modifier en profondeur les deux femmes.
Un formidable film d'actrices
Si la fracture sociale est parfois trop démonstrative, Patricia Mazuy, plus encline à explorer le cœur des hommes dans ses précédents longs métrages, signe un formidable film d'actrices. Un portrait de deux femmes de parloir, deux codétenues aiment-elles à dire tant la vie de celles qui attendent, relève aussi de la prison. Isabelle Huppert et Hafsia Herzi incarnent ces amies improbables avec une facilité déconcertante. La douceur qui s'en dégage irradie.
Sur sa partenaire à l'écran, Isabelle Huppert a peu de mots mais ils disent tout. "C'est comme en musique, c'est l'accord parfait, indique-t-elle au public de l'avant-première cannoise. Hafsia c'est less is more, c’est-à-dire que moins elle en dit, plus on pressent des choses et plus on les comprend."
Le casting n'avait pourtant rien d'évident. Quand elle a su qu'André Téchiné avait déjà tourné quelques mois plus tôt le film Les gens d'à côté avec le même duo d'actrices, Patricia Mazuy ne décolère pas : "J'avais vraiment les boules, raconte la réalisatrice connue pour son franc-parler. Je voulais virer Hafsia, poursuit-elle en riant. Finalement elle a monté ses cheveux, elle a grossi un peu, ça a fait autre chose."
À travers Alma et Mina, c'est le quotidien de ces femmes, ces mères, ces épouses, ces sœurs qui fréquentent les parloirs que Patricia Mazuy met en lumière. Si le titre du film parle d'une prisonnière au singulier c'est pour mieux s'ouvrir vers le conte et évoquer ainsi toutes celles qui sont condamnées à programmer leur vie sur celle d'un détenu.
La fiche
Genre : Drame
Réalisateur : Patricia Mazuy
Acteurs : Isabelle Huppert, Hafsia Herzi
Pays : France
Durée : 1h48
Sortie : Mercredi 28 août 2024
Alma, seule dans sa grande maison en ville, et Mina, jeune mère dans une lointaine banlieue, ont organisé leur vie autour de l’absence de leurs deux maris détenus au même endroit. À l’occasion d’un parloir, les deux femmes se rencontrent et s’engagent dans une amitié aussi improbable que tumultueuse.
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