Festival de Cannes 2024 : "La plus précieuse des marchandises", Michel Hazanavicius raconte les horreurs de la guerre dans un conte animé poignant

Le réalisateur concourt pour la Palme d'Or avec un film d'animation très personnel sur la Shoah. Une adaptation très émouvante sur la déportation du roman éponyme de Jean-Claude Grumberg.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
"Le Plus précieuse des marchandises" de Michel Hazanavicius (2024). (STUDIOCANAL)

Projeté en compétition officielle du festival de Cannes, La plus précieuse des marchandises, est le premier film d'animation du réalisateur Michel Hazanavicius. L'auteur de The Artist et d'OSS 117 laisse un temps la comédie et la légèreté et s'empare du roman de Jean-Claude Grumberg pour raconter une histoire au milieu des pires périodes de l'humanité.

Un film impressionnant et lourd qui laisse entrer la lumière et l'espoir d'un monde meilleur. 

Les codes du conte

"Il était une fois..." comme dans tous les contes, c'est ainsi que s'ouvre La plus précieuse des marchandises. Porté par la très belle voix de Jean-Louis Trintignant, le narrateur explique que personne ne peut croire au Petit Poucet car aucun parent n'abandonne ses enfants quand il n'y a plus de quoi manger. "Mais alors, pourquoi abandonne-t-on ses enfants ? Parfois, justement, car on les aime. C'est tout".

Dans ce conte paru en 2019, une "pauvre bûcheronne" sans enfant recueille un bébé jeté d’un train de déportés qui traverse la campagne polonaise. Le nourrisson en question désigné comme un "sans cœur", car issu de "la race maudite" (terme utilisé par les nazis pour qualifier les juifs), va pourtant être sauvé grâce à la générosité de cette femme, de son mari, et d’un soldat à la gueule cassée. Comme dans tous les contes, il y a des méchants et des gentils, des trahisons et du dévouement, des drames et de l'espoir.

Sur fond de Seconde Guerre mondiale, de déportation et d'horreur, le récit de Michel Hazanavicius prend de la distance par rapport à l'Histoire et se concentre sur la solidarité, l'entraide, et la résistance de cette famille de Justes. Il n’y a aucune morale à tirer de cette fable, juste le vœu de ne pas laisser tomber dans l'oubli l'une les pires horreurs de l'humanité.

Dessin, musique et voix

Passionné par le dessin depuis l'âge de 10 ans, Michel Hazanavicius a lui-même esquissé les personnages et les paysages. Son récit graphique traverse les saisons et les décors et s'inspire de la peinture de Gustave Courbet ou des esquisses japonaises. Au paroxysme de l'horreur on y décèle même une référence au Cri d'Edvard Munch. Le trait, plutôt lourd au début, s'affine au fur et à mesure de la progression de l'histoire. L'animation s'épure et laisse place à de sobres illustrations, notamment pour figurer les camps de concentration.

Pour donner vie aux personnages, le réalisateur a fait appel aux grandes voix du théâtre. Celle de Jean-Louis Trintignant d'abord. Le comédien décédé en 2022, joue ici son dernier rôle au cinéma. Alors qu'il était très malade, il a accepté d'enregistrer sa partition. "Cette histoire a réveillé en lui des moments de son enfance et de sa vie. L’enregistrement a été une étape très émouvante du film", confie Michel Hazanavicius. Dominique Blanc, Grégory Gadebois et Denis Podalydès complètent le casting  et donnent encore plus d'épaisseur au propos. Si les dialogues sont rares, la musique d'Alexandre Desplat prend beaucoup de place dans la narration et appuie, souvent inutilement, la dramaturgie.

La fiche

Genre : Animation / Drame historique
Réalisateurs : Michel Hazanavicius
Acteurs (voix) : Jean-Louis Trintignant, Dominique Blanc, Denis Podalydès, Grégory Gadebois
Pays : France / Belgique
Durée : 1h21
Sortie : 20 novembre 2024
Distributeur : StudioCanal
Synopsis :  Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Le froid, la faim, la misère, et partout autour d´eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile. Un jour, la pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur forêt. Cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme, de son mari, et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui a jeté le bébé du train. Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.

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