Festival de Cannes 2024 : "Ma vie ma gueule", autoportrait fantaisiste et décalé de la réalisatrice Sophie Fillières

Comédie douce-amère sur le chemin d'une femme pour retrouver sa place et le goût de la vie, le 7e long-métrage de Sophie Fillières a ouvert la Quinzaine des Cinéastes du festival de Cannes. Une avant-première d'autant plus bouleversante que la réalisatrice est décédée à la fin du tournage laissant à ses proches le soin de terminer le film.
Article rédigé par Ariane Combes-Savary
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Katerine Philippe (Philippe Katerine) et Barberie Bichette  (Agnès Jaoui) dans "Ma vie ma gueule" de Sophie Fillières (Christmas in July)

Une standing ovation et les larmes d'Agnès Jaoui, de Valérie Donzelli et de toute l'équipe du film. Rarement l'ouverture de la Quinzaine des cinéastes à Cannes aura provoqué autant d'émotion. Parce que le dernier film de Sophie Fillières touche au cœur mais aussi parce que la réalisatrice manque à l'appel.

Disparue en juillet 2023, juste après le tournage du film, elle a confié à ses deux enfants Agathe et Adam Bonitzer et à son monteur François Quiperé le soin d'assurer le montage du film et la postproduction.

Le chemin d'une femme pour retrouver son désir

Ma vie ma gueule n'est en rien un hommage ou un film testamentaire, Sophie Fillières n'était pas au courant de sa maladie lorsqu'elle a écrit le scénario. L'ultime long-métrage de la cinéaste trace le chemin d'une femme pour retrouver son désir. Une voie sinueuse entre ses errements, sa peur de la mort et son goût de la joie.

Cet autoportrait est découpé en trois actes : une comédie douce-amère (Pif) sur la crise de la cinquantaine d'une mère de famille, la tragédie (Paf) lorsque la vie bascule et enfin la résurrection (Youkou) de celle qui a trouvé son lieu. 

Dans la peau de Barbie Bichette alias Sophie Fillières, Agnès Jaoui incarne avec subtilité cette héroïne fantaisiste qui se demande le matin combien il lui reste de douches avant la mort, brille la nuit avec son gilet jaune et engueule le jour son psychanalyste lorsqu'il refuse de prendre part à une conversation anodine.

La vie comme elle va et les situations cocasses

Sophie Filllières n'a pas son pareil pour raconter la vie comme elle va et les situations cocasses. Passée maître dans l'art de l'autodérision, elle offre à la poésie une place centrale dans son récit. Comme une réponse à l'absurdité de la vie. 

"Je découvre le film ce soir, témoigne Valérie Donzelli qui incarne dans le film la sœur de Barberie Bichette. Je trouve que c'est d'une grâce absolue. Vraiment c'est bouleversant. Sophie Fillières est partie mais Agnès Jaoui à l'écran, on a l'impression que c'est elle."

Fantasque et maladroit, Ma vie ma gueule bouleverse et surprend par sa lumière malgré tout. À l'image de cette scène où Barberie laisse ses enfants, Rose (Angelina Woreth) et Junior (Edouard Sulpice) sur le quai, pour s'échapper dans les Highlands écossais. Un au revoir joyeux et confiant. Une scène troublante tant elle se révèle aujourd'hui prémonitoire.

La fiche

Affiche du film "Ma vie ma gueule" de Sophie Fillières (Christmas in July)

La fiche

Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Sophie Fillières
Acteurs : Agnès Jaoui, Valérie Doznzelli, Philippe Katherine, Angelina Woreth, Edouard Sulpice
Pays : France
Durée : 1h39
Sortie : 18 septembre 2024

Synopsis : Barberie Bichette, qu'on appelle à son grand dam Barbie, a peut-être été belle, peut-être été aimée, peut-être été une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amoureuse, oui peut-être… Aujourd'hui, c'est noir, c'est violent, c'est absurde et ça la terrifie : elle a 55 ans (autant dire 60 et bientôt plus !). C'était fatal mais comment faire avec soi-même, avec la mort, avec la vie en somme.

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