Festival de Cannes 2021 : la Croisette peut enfin faire son cinéma
A Cannes, les vacanciers croisent les festivaliers qui peu à peu occupent la Croisette. Le cinéma a pris possession de la ville, à quelques heures de la cérémonie d'ouverture de la 74e édition du festival.
Décalé, mais maintenu. Le Festival comme une promesse de bonheur faite au monde du cinéma, au grand public et à la ville de Cannes, qui attend fébrilement son rendez-vous après l'annulation l'année dernière pour cause de pandémie. Ce soir 6 juillet 2021 aura donc lieu la cérémonie d'ouverture de la 74e édition et les préparatifs s'accélèrent sur la Croisette, sous un soleil de plomb.
Drôle de saison pour un festival de Cannes
Car l'été s'est installé pour de bon sur la Côte d'Azur même si les températures sont encore somme toute clémentes. Drôle de saison pour un festival de cinéma qui généralement offre un rayon de soleil et de rêverie dans l'année (scolaire) encore en cours. Cette fois le festival coïncide avec les vacances, et donc l'insouciance est déjà de mise. Les estivants promènent leurs draps de plage et leurs planches aux abords du Palais des festivals comme sur la Croisette.
En maillot, en paréo ou même torse nu, ils partagent la promenade avec les festivaliers – comme les journalistes ou les professionnels du marché du film reconnaissables à leur badge autour du cou - sous l'œil amusé d'un responsable de restaurant de plage qui, du haut de ses "vingt ans de festival" n'avait jamais vu un tel mélange de populations. Plages bondées et animations de rue n'empêchent pourtant pas la fébrilité d'un festival qui prend possession de la ville.
Le cinéma avant toute chose
Devant le Palais, les photographes ont planté leurs traditionnels escabeaux avant même que le tapis rouge n'ait été installé sur les marches. Plus loin, l'affiche du festival arborant le regard malicieux de Spike Lee - sous les traits du personnage qu'il avait joué dans Nola Darling n'en fait qu'à sa tête - est partout entre les palmiers de la Croisette.
Le visage du président du jury du festival surprend également le passant en plein cadre d'une publicité pour des stylos de luxe (étonnant) et plus loin encore sur l'avenue, sur un mur de photographies exposées par l'Hôtel Carlton sur l'histoire du Festival. Ici Spike Lee, là Sean Penn, Cate Blanchett, Pedro Almodovar ou encore Quentin Tarantino.
Même trottoir, le palais de la Malmaison qui accueille la Quinzaine des Réalisateurs s'offre sous des atours d'une grande beauté. L'affiche de la sélection parallèle cannoise est signée par le photographe et vidéaste Daniel Mercadante : une flamboyance de couleurs obtenue grâce à un savant procédé d'exposition et juxtaposition. La Quinzaine fait son ouverture mercredi 7 avec le très attendu Ouistreham d'Emmanuel Carrère.
Au Martinez, le personnel fait son festival
Autre lieu emblématique, l'Hôtel Martinez est en première ligne du festival. Mais dans une salle reculée du rez-de-chaussée, on nous invite, lundi 5 juillet, à une réunion d'un type particulier. Le directeur Yann Gillet accueille en grande pompe son renfort de personnels pour la quinzaine. Eux aussi font leur Festival de Cannes : une petite vingtaine d'employés du groupe Hyatt - auquel appartient le palace cannois -, d'une moyenne d'âge de 24 ans, venus de Paris ou de l'étranger (l'une vient de Dubaï) pour être de la partie.
Ghita, qui travaille habituellement dans un hôtel parisien dans la restauration (service et accueil des clients et VIP), en est à son troisième séjour à Cannes et a hâte de revivre l'euphorie du festival. "C'est au-dessus de tout ce que je pensais. C'est comme assister à une sorte de téléréalité avec des stars de partout", se souvient-elle. "Un jour on est sur un événement L'Oréal, le lendemain sur une soirée Chopard, ici c'est le contraire d'une routine", poursuit-elle. Garaba est, lui, dans l'attente de la découverte. "J'aurais aimé être acteur. Peut-être que je vais en rencontrer, des acteurs", lance-t-il à voix basse. Aujourd'hui employé en CDI, Garaba est issu, comme certains autres des jeunes venus à Cannes, de la promotion "RiseHY" du groupe hôtelier, un programme monté avec l'association "Les Déterminés" à l'adresse de jeunes décrocheurs. Une fierté aujourd'hui pour le palace cannois qui estime ainsi faire écho aux valeurs de mixité portées par le président du jury Spike Lee.
Tahar Rahim se prête au jeu des photographes
Retour sur le perron de l'hôtel où une foule de photographes guette les membres du jury du festival attendus pour le traditionnel dîner du jury à "La Palme d'or", restaurant étoilé de l'hôtel. Arrivé le premier, Spike Lee affiche sa coolitude dans les couloirs du palace. Apparaissent ensuite Song Kang-Ho (Parasite), sourire aux lèvres, et Tahar Rahim, très acclamé, qui prend le temps de poser et signer des autographes. D'une grande élégance, la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop traverse lentement l'entrée, à l'inverse de Mylène Farmer, furtive.
L'électricité a conquis la Croisette. Sur la promenade, les badauds observent les paparazzis regroupés en face du restaurant pour tenter de dérober quelques images des stars sur la terrasse. "C'est qui ?", demande-t-on en l'air. Des stars, Cannes en attend et la 74e édition du Festival en promet. A commencer par la "reine" Catherine Deneuve, mais aussi Charlotte Gainsbourg, Sean Penn, Matt Damon. Et surtout Jodie Foster, vedette du jour, invitée d'honneur de la cérémonie d'ouverture qui recevra la Palme d'or d'honneur.
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