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Festival de cannes 2021 : "Un héros" de Asghar Farhadi joue sur un air des frères Coen à l'iranienne

Pour la quatrième fois en compétition à Cannes, le réalisateur iranien est fidèle à sa thématique de la famille, dans un imbroglio proche du thriller.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Amir Jadidi dans "Un héros" de Asghar Farhadi (2021). (AMIRTOSSEN SHOJAEI)

Le Passé (2013), Le Client (2016), Everybody knows (2018), et aujourd'hui Un héros, autant de films de l'Iranien Asghar Farhadi passés par la compétition du Festival de Cannes. S'il est à chaque fois reparti bredouille, son cinéma est toujours accueilli avec enthousiasme par le public et la critique. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

La Valise

Rahim a une permission de sortie de prison, où il est enfermé pour une dette qu’il n’a pas honorée. Divorcé, sa nouvelle compagne a trouvé par hasard un sac bourré de pièces d’or qui pourraient lui permettre de rembourser son arriéré. Il décide toutefois de rendre la somme à sa propriétaire. Ce geste lui vaut une reconnaissance nationale, passage à la télé à la clé. Mais l’enquête autour de cette restitution, et son créancier qui flaire la manipulation, font apparaître des zones d’ombre sur le geste et la sincérité de Rahim.

Les histoires de valise bourrée d’argent qui gâche la vie d'un quidam sont un classique du cinéma. Une des plus réussies est No Country for Old men des frères Coen, Prix du Meilleur scénario à Cannes en 2008. Sans s’en inspirer, Asghar Farhadi s’empare du sujet dans Un héros, pour faire le portrait d’un homme veule qui s’engouffre dans une brèche, apparemment salvatrice, mais à la source de tous ses ennuis. L’auteur-réalisateur en profite pour écorner au passage l’administration iranienne, son sujet de prédilection, même si elle déjoue ici les manigances de ce "héros".

Les pieds dans le tapis

Une des réussites majeures du film est de ne pas faire de Rahim un personnage sympathique, sans toutefois trop le charger. Très justement campé par Amir Jadidi, sa prestation le met en bonne place pour le Prix d’interprétation. Il arbore pendant tout le film un sourire niais, symptôme extérieur de sa fausseté. Rahim s’enferre dans ses mensonges, l’un en entraînant un autre dans un cercle vicieux implacable. Il compromet une organisation caritative, oblige les journalistes qui l’ont sollicité à faire des démentis, et se met à dos sa famille, désormais compromise.

"Un héros" de Asghar Farhadi (2021). (AMIRTOSSEN SHOJAEI)

Les médias et la télévision en particulier sont aussi visés comme objet d’instrumentalisation, l'Etat profitant de l’histoire de ce "héros" sympathique, pour montrer comment doit se comporter un bon iranien. Mais eux aussi se prennent les pieds dans le tapis. Avec Un Héros, Asghar Farhadi renouvelle encore son talent de conteur, puisqu’il écrit ses scénarios et les filme. Très bien accueilli en projection, son film est en très bonne place pour figurer au palmarès.

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur :Asghar Farhadi 
Acteurs : Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Fereshteh Sadre Orafaee
Pays : Iran / France
Durée : 2h07
Sortie : 22 décembre 2021
Distributeur : Momento Distribution

Synopsis : Rahim est en prison à cause d'une dette qu'il n'a pas pu rembourser. Lors d'une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d'une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…

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