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Festival de Cannes 2022 : Benoît Magimel surnage dans "Pacifiction", un thriller en eaux trop calmes

En compétition au Festival de Cannes, "Pacifiction" d'Albert Serra est un thriller politique qui se déroule sur l'île de Tahiti en Polynésie française. Benoît Magimel y campe le haut-commissaire de l'archipel qui mène son enquête autour d'une éventuelle reprise d'essais nucléaires. 

Article rédigé par Camille Belsoeur
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Dans "Pacifiction", Benoît Magimel (à gauche) joue le haut-commissaire de Polynésie française.  (FESTIVAL DE CANNES)

Il y a quelque chose du Rivage des Syrtes, le roman de Julien Gracq, dans le film Pacifiction en compétition au Festival de Cannes. Dans l'œuvre littéraire, le royaume d'Orsenna s'inquiète de rumeurs naissantes autour d'une reprise de la guerre après plusieurs siècles de paix avec le Farghestan, contrée sur l'autre rive d'une mer inconnue. Dans le thriller tropical d'Albert Serra (La Mort de Louis XIV), c'est Benoît Magimel, le haut-commissaire de Polynésie (l'équivalent du préfet) qui enquête pendant 2h45 autour d'indicibles rumeurs sur une reprise d'essais nucléaires dans les eaux du Pacifique. 

Benoît Magimel brille dans son costume blanc crème

Le film avait tous les ingrédients pour être un succès. L'idée de faire planer sur les lagons paradisiaques la menace d'une reprise dans le plus grand secret d'essais nucléaires est séduisante. La population polynésienne a été traumatisée par les tirs atomiques qui ont été réalisés sur des îlots de l'archipel entre 1966 et 1996. Dans ce dossier, la moindre maladresse politique ravive les blessures encore vives que portent les Polynésiens. 

Et puis, Benoît Magimel tient son rôle du haut-commissaire De Roller, à la fois lunaire et chaleureux, à la perfection. Dans son costume blanc crème, il déambule à la rencontre des habitants pour chercher à démêler le vrai du faux concernant la rumeur qui enfle. Il côtoie une femme transsexuelle, son informatrice, un amiral qui ne tient pas l'alcool, un gérant de discothèque assommé par des années de travail de nuit. 

Beaucoup trop long 

Les dialogues hachés de silence (sur le tournage Albert Serra a l'habiitude de souffler les répliques à l'oreillette des comédiens) semblent être filmés en caméra cachée tant le réalisme est poussé à son paroxysme. Mais Albert Serra fait beaucoup trop long en étirant jusqu'à l'ennui les discussions autour des tables des restaurants et du bar d'une discothèque. Le réalisateur espagnol veut montrer le versant glauque de la politique locale sans rien raconter. Il finit par nous perdre. 

Les temps morts empêchent Pacifiction de monter en tension. Il y a du génie dans la manière qu'a Albert Serra de filmer la Polynésie. Quand Benoît Magimel part en jet-ski observer une compétition de surf, la puissance des vagues fige le spectateur. Mais à force de ne déboucher sur rien, les dialogues font tourner ce thriller en rond. 

Un extrait du film "Pacifiction".  (FESTIVAL DE CANNES)

La fiche 

Genre : thriller
Réalisateur : Albert Serra
Acteurs : Benoît Magimel, Pahoa Mahagafanau, Marc Susini
Pays : France, Espagne, Portugal
Durée : 2h45
Sortie : prochainement
Distributeur : Les Films du Losange

Synopsis : Sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le haut-commissaire de la République De Roller, représentant de l’État Français, est un homme de calcul aux manières parfaites. Dans les réceptions officielles comme les établissements interlopes, il prend constamment le pouls d’une population locale d’où la colère peut émerger à tout moment. D’autant plus qu’une rumeur se fait insistante : on aurait aperçu un sous-marin dont la présence fantomatique annoncerait une reprise des essais nucléaires français.

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